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Trafic illicite des biens culturels : Une rencontre de réflexion pour freiner le fléau

Publié le vendredi 30 août 2019 à 12h00min

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Trafic illicite des biens culturels : Une rencontre de réflexion pour freiner le fléau

Le problème du trafic illicite des biens culturels au Burkina Faso a fait l’objet d’un atelier de réflexion, les 27 et 28 août 2019 à Ouagadougou. Au dernier jour de la rencontre, les acteurs ont eu droit à deux communications, avant de formuler des recommandations.

Occupant la troisième place dans le monde après le trafic de drogue et d’armes, le trafic illicite des biens culturels prend de plus en plus d’ampleur au Burkina Faso. Il a pour cause, le plus souvent, la méconnaissance de la valeur de ces biens. Les populations échangent souvent les objets culturels contre des sommes d’argent. La jeunesse ne s’intéresse plus à la valeur inestimable de nos biens culturels.

On n’occulte pas non plus le côté religieux qui pousse le plus souvent les populations à ne plus accorder d’importance à ces biens culturels taxés le plus souvent d’objets d’idolâtrie. Pour remédier à ce problème, il s’est tenu à Ouagadougou, du 27 au 28 août 2019, un atelier de réflexion sur la question. C’était sous la présidence de la Commission nationale pour l’UNESCO au Burkina Faso.

Cet atelier focalisé sur le trafic illicite des biens culturels a donné lieu à des communications. L’une a porté essentiellement sur la « contribution des forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le trafic illicite des biens culturels ». Elle a été donnée par Dr Nènè Amy Ouédraogo, commissaire principale de police. L’autre a concerné les « dynamiques communautaires et lutte contre le trafic illicite des biens culturels : rôle des institutions sous-régionales de l’Afrique de l’Ouest ». Elle a été présentée par le Dr Donikpo Koné, professionnel de l’action culturelle et chargé des affaires culturelles de la Direction de la culture et du tourisme de la commission de l’UEMOA.

Ces communications ont permis de mettre la lumière sur certaines pratiques afin de remédier à ce fléau qu’est le trafic des biens culturels du pays. La première a permis de comprendre que les pillages des sites archéologiques et le trafic illicite des biens culturels ont pour causes la mondialisation fulgurante du marché de l’art et l’avènement de l’Internet. Pour y remédier, il faut la participation de tous. Il faut la contribution des Forces de défense et de sécurité (FDS).

Il faut aussi un enseignement pour les FDS dès la formation, afin qu’elles aient une idée de l’importance de nos biens culturels. Tant qu’on n’a pas un esprit préparé pour la cause, il est difficile de lutter contre le trafic, selon les conférenciers. En plus de cela, Dr Dr Nènè Amy Ouédraogo a mis l’accent sur le nouveau code pénal concernant le vol des biens culturels.

Une manière de dire que le problème est pris au sérieux. « Les lois les plus pressantes sur le vol des biens culturels complètent et renforcent les anciennes lois. Avant, le vol d’un bien culturel était considéré comme un vol simple ; mais aujourd’hui, avec la nouvelle législation, c’est écrit noir sur blanc que quand vous volez un bien culturel, ça peut aller jusqu’à 21 ans de prison. On a donné plus de pouvoir aux enquêteurs, aux juges et aux procureurs de pouvoir mener des investigations en matière de trafic illicite des biens culturels. Avant, ce n’était pas le cas ; le vol d’une statuette était considéré au même titre que le vol d’une chaussure. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la même chose ; c’est un peu l’avancée en la matière », a expliqué la commissaire principale de police. Elle n’a pas oublié de mentionner qu’ils « travaillent aussi à briser la glace entre les populations et les porteurs d’uniforme, car depuis la nuit des temps, il y a une barrière. Il faut la casser sinon il sera difficile pour les FDS de s’impliquer dans la protection des biens culturels. Pour faciliter la tâche, les numéros vers tels que le 1010, 17… sont à la disposition des populations qui peuvent faire appel aux FDS pour déclarer toute forme de trafic illicite de biens culturels, sans éveiller les soupçons ».

Quant à la deuxième communication, elle a permis de mener la réflexion sur la manière de répertorier les biens culturels et comment les protéger. Elle a mis en exergue les initiatives mises en œuvre par l’UEMOA et la CEDEAO en matière de lutte contre le trafic illicite des biens culturels. Ce sont entre autres le projet de décision de la création de listes du patrimoine régional, la synergie d’actions autour des éléments du patrimoine qui transcendent les frontières nationales, le système d’information régionale sur la culture... Il faut aussi noter que parmi ces initiatives, la CEDEAO travaille avec l’UEMOA sur plusieurs questions dont le retour des biens culturels qui sont dans les musées européens.

Cet atelier s’est achevé par des recommandations qui sont de faire l’inventaire des biens culturels du patrimoine national, mettre en place des comités locaux de veille et de culte contre le pratique illicite des biens culturels, doter les musées de ressources à même de leur permettre de jouer le rôle de banques de biens culturels, accélérer la mise en œuvre de la stratégie de valorisation des arts et de la culture dans les ordres d’enseignement.

Korotoumou Djilla (stagiaire)
Lefaso.net

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