Les problèmes de santé liés au manque d’hygiène et d’assainissement du milieu de vie menacent encore la majorité de la population burkinabè et particulièrement la frange la plus vulnérable que sont les enfants. En milieu rural, tout comme la consommation de l’eau potable, l’absence de toilettes appropriées ou de système d’évacuation des eaux usées domestiques sont des facteurs aggravant l’état sanitaire de la population. C’est ainsi que la construction, l’usage et l’entretien de latrines sont devenus des priorités pour l’ONG WaterAid dans le Grand Ouest du Burkina Faso. En effet, WaterAid met en œuvre, avec l’appui technique et financier de ses partenaires, notamment la Coopération danoise (Danida) via la Coopération suédoise (ASDI), le projet « Promotion de l’hygiène et de l’assainissement dans les régions de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et des Hauts-Bassins ».

Ce projet couvre 36 communes rurales de ces trois régions avec une durée de mise en œuvre de 30 mois. Il vise de façon globale à contribuer à améliorer durablement et équitablement l’accès aux services d’assainissement et d’eau potable des populations desdites régions du Burkina Faso. « Plus spécifiquement, le projet vise à assurer un accès durable aux services d’hygiène, d’assainissement et d’eau potable des populations des régions de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et des Hauts-Bassins, à favoriser l’émergence d’opérateurs locaux de fourniture des services d’assainissement des eaux usées et excrétas et à renforcer la gouvernance locale des services d’eau potable et d’assainissement des eaux usées et excrétas », a laissé entendre le directeur pays de WaterAid Burkina, Alidou Kouanda.

Le projet est mis en œuvre sous la coordination générale de WaterAid en collaboration avec l’Association pour le développement des adductions d’eau (ADAE), l’Association Munyu des femmes de la Comoé, l’Association pour la valorisation des ressources naturelles (VARENA ASSO), l’Ocades Banfora et Ocades Dédougou. Les activités du projet ont démarré depuis le 1er juillet 2018 avec plusieurs réalisations dont une situation de référence exhaustive en matière d’accès aux services AEPHA, de santé et de connaissance des droits d’accès dans l’ensemble des régions couvertes par le projet. Des rencontres d’information des acteurs et autorités et des élus ont été tenues dans les trois régions et un atelier de démarrage avec les acteurs a permis d’entamer les activités de terrain depuis janvier 2019.

Ainsi, les activités des 28 et 29 mai 2019 tenues à Bobo-Dioulasso et à Péni s’inscrivent dans le cadre du suivi du projet. En effet, une rencontre d’échanges s’est tenue le mardi 28 mai à Bobo-Dioulasso entre les ambassadeurs du Royaume du Danemark, de la Suède et les maires des communes bénéficiaires du projet. Cette rencontre a permis aux maires d’échanger avec les ambassadeurs sur tous les sujets entrant dans le cadre de l’appui financier du Royaume du Danemark et de la Suède à l’amélioration des conditions d’accès à l’eau et à l’assainissement dans les trois régions concernées.

« Cette visite rentre dans le cadre du suivi normal des activités de la part des partenaires suédois et danois. Elle a commencé le mardi 28 mai avec la restitution de la situation de référence que nous avons faite pour avoir une photographie de l’accès à l’eau et l’assainissement dans les 36 communes qui sont bénéficiaires du projet à travers les trois régions, à savoir la Boucle du Mouhoun, les Cascades et les Hauts-Bassins. C’est une étude qui est extrêmement importante non seulement pour planifier les investissements, mais aussi pour faire le plaidoyer », a expliqué Alidou Kouanda.

Alidou Kouanda, directeur pays de Water Aid Burkina

Les maires étant la cheville ouvrière dans l’exécution du projet, ils ont ainsi échangé avec les ambassadeurs. « Ce fut une discussion très ouverte. Cette rencontre a été non seulement une occasion pour les maires d’égrainer les doléances ou les préoccupations, mais aussi c’était l’occasion pour les ambassadeurs d’interagir avec les premiers responsables des communes qui sont bénéficiaires afin de savoir ce qui se passe exactement dans leurs communes et quel appui ils apportent aux équipes opérationnelles du projet pour permettre une mise en œuvre efficace et efficiente des activités du projet », a ajouté M. Kouanda.

À l’issue de cette rencontre, une visite de terrain a eu lieu le mercredi 29 mai dans la commune rurale de Péni. Cette sortie terrain a permis aux ambassadeurs et à l’équipe de WaterAid de visiter quelques réalisations de latrines dans le village de Péni et de Finlandé, mais aussi de discuter avec les bénéficiaires et les acteurs intervenants dans la mise en œuvre du projet. « Il s’agit d’une visite terrain que nous avons organisée au profit des deux ambassadeurs pour leur permettre d’être en contact avec la réalité. C’est un exercice de redevabilité qui nous permet de rendre compte de ce que nous faisons avec les ressources qui nous sont mises à disposition », a laissé entendre le directeur pays de WaterAid Burkina.

Les ambassadeurs se sont réjouis de la visite. Ulla Tawiah, ambassadrice du Danemark au Burkina, a salué et félicité tous les acteurs intervenant dans la mise en œuvre du projet. Selon elle, le projet a considérablement changé la vie des populations bénéficiaires. « Avant la construction des latrines, ces populations partaient se soulager dans la brousse avec tous les risques, surtout les nuits. Cela nuisait également à leur santé, car elles ne se lavaient pas les mains après les toilettes », a souligné la diplomate.

Ulla Tawiah, ambassadrice du Danemark au Burkina

Djouma Ouattara, une des bénéficiaires dans le village de Finlandé, s’est réjouie de la mise en œuvre du projet dans sa localité. « Aujourd’hui, grâce à WaterAid et ses partenaires, nous avons bénéficié de latrines et cela nous aide beaucoup », a-t-elle laissé entendre. Toutefois, elle sollicite toujours l’accompagnement de WaterAid et de ses partenaires pour plus de latrines au profit des populations et surtout pour résoudre le problème d’eau potable dans leur commune.

Djouma Ouattara bénéficiaire du projet

Embouchant la même trompette, le maire de la commune de Péni, Abdoulaye Ouattara, a exprimé sa satisfaction d’avoir bénéficié de ce projet qui a permis de construire des latrines au profit des populations. Pour le directeur général de l’assainissement au ministère de l’Eau et de l’Assainissement, André Patindé Nonguierma, « ce projet va permettre d’accroître le taux d’assainissement dans notre pays et de raccourcir le chemin pour l’atteinte des ODD ».

Afin de rendre les équipes plus opérationnelles sur le terrain et d’améliorer la pratique d’hygiène des familles, des équipements, notamment des véhicules, des motos, des postes d’eau potable et du matériel de construction de latrines, acquis sur ressources du projet, ont été mis à la disposition des ONG qui sont chargées de la mise en œuvre quotidienne des activités sur le terrain.

Romuald Dofini
Lefaso.net