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Télécentres : des notes salées pour les gérants

Publié le mercredi 10 août 2005 à 08h00min

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Les télécentres poussent comme des champignons dans la ville de Ouagadougou. Ils sont gérés en majorité par des filles. Celles-ci sont confrontées à d’énormes difficultés avec la clientèle : accusations de vol, escroquerie, vol de cartes de recharges, insécurité.

Ils ont un salaire mensuel situé entre 10 000 et 15 000 FCFA pour une demi-journée de travail ; ils, ce sont les gérants des télécentres. Les horaires de travail sont généralement de 7h à 15h ou de 15h à 22h. Souvent plus. Gérer un télécentre n’est pas chose aisée de nos jours avec les mutations de nos sociétés.

Les gérants des télécentres ont de ce fait souvent maille à partir avec la clientèle. Les incompréhensions, les bagarres sont légion entre les gérants et les clients. Yvette Ouédraogo, gérante de télécentre, témoigne : "J’ai souvent des ennuis avec les clients. Ils ne sont pas souvent d’accord avec les montants que le taxeplus affiche. Certains pensent que j’ai manipulé l’appareil.

Par exemple, une dame est venue la dernière fois faire un appel. Elle me devait 2 100 FCFA mais elle n’a remis que 1 000 FCFA. Elle a tempêté comme quoi le prix était trop élevé". Le problème de facturation des appels est un point d’achoppement entre les clients et les gérants des télécentres. Beaucoup de gérants en effet affirment avoir de sérieux problèmes avec les clients. Pour Marius Faho, gérant, "Les clients pensent qu’on les vole. Ils ne sont jamais d’accord avec les prix des communications".

Ce sentiment est partagé par Hamidou Ouédraogo du télécentre Bureautique : "Cela fait cinq ans que je travaille dans ce télécentre ; certains clients n’acceptent pas les prix affichés par le taxeplus. Souvent aussi, nos taxeplus connaissent de fréquentes pannes ou affichent des sommes qui ne sont pas exactes. Dans ce cas, nous utilisons une calculatrice. Mais certains doutent toujours."

Les conséquences de ces malentendus se répercutent au niveau des comptes du télécentre. Les gérants sont parfois obligés de combler les sommes manquantes. La note est souvent salée pour certains gérants. "Souvent, il arrive que les sommes manquantes s’élèvent de 2 000 à 3000 FCFA. Nous sommes obligés de rembourser les frais car les patrons ne veulent pas nous comprendre", déplore Yvette Ouédraogo.
Pour Roukiatou Sawadogo, les crédits sont aussi un problème dans les télécentres : "Certains clients font des appels et promettent de régler. Pour recouvrer notre argent, c’est la croix et la bannière. Alors que chaque semaine nous avons des comptes à rendre".

Vols de cartes de recharge : un nouveau casse-tête

D’autres difficultés et non des moindres viennent se greffer à cette situation. Il s’agit des vols fréquents de cartes de recharges et des vols d’argent de la caisse. Des cartes prépayées varient entre 1 000 FCFA et 50 000 FCFA. "Au moindre moment d’inattention, certains clients animés de mauvaises intentions profitent pour vous les subtiliser. Le dernier cas de vol était chiffré à 125 000 FCFA", raconte Hamidou Ouédraogo .

Pour Yvette Ouédraogo, on ne se rend pas souvent compte du moment du vol. "Un client m’a subtilisé des cartes d’une valeur de 16 000 FCFA lorsque je me suis levée pour le servir". Pour Adissa Zouré du télécentre Trait-d’union, la recherche de la monnaie est un moment opportun pour certains clients de voler. "Lorsqu’un client te doit 75FCFA et te tend un billet de 5 000 FCFA, tu es obligée de rechercher la monnaie. Pendant ce temps, certains profitent pour vous subtiliser votre taxeplus ou vos cartes de recharge."

Mais que faire quand un client refuse de payer ? Pour Marius Faho, "après des explications, s’il refuse, moi je n’y peux rien, je n’ai aucun moyen de le contraindre".

Quant à Hamidou Ouédraogo, la régle est d’éviter les disputes : "Nous sommes soucieux de notre image auprès de la clientèle. De ce fait on évite les bagarres avec les clients. Nous laissons tomber les discussions".
Selon Yvette Ouédraogo, il faut user de stratégies pour convaincre le client : "Je parle, j’explique et souvent je discute pour que le client comprenne. S’il ne s’exécute pas, je suis impuissante".

Pour Serge Nanan, client, "les taxeplus connaissent de fréquentes pannes. Ce qui cause de fréquents malentendus entre les clients et les gérantes. Mais il y a des gérants qui augmentent les montants des frais de communication ; j’ai même été victime de cette situation"

Par Minata COULIBALY (Stagiaire)

Le Pays

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