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Prévention et gestion des conflits fonciers : La Fondation Konrad Adenauer sensibilise dans la Tapoa

Publié le jeudi 9 mai 2019 à 17h40min

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Prévention et gestion des conflits fonciers : La Fondation Konrad Adenauer sensibilise dans la Tapoa

La Fondation Konrad Adenauer (KAS), à travers son projet « Un seul monde sans faim - Les droits fonciers des femmes en Afrique de l’Ouest », a organisé une session de formation des membres des Comités de gestion (COGES) et de surveillance des zones de pâture inter-villageoises, les 7 et 8 mai 2019 à Diapaga, dans la province de la Tapoa.

Au Burkina Faso, comme dans plusieurs autres pays africains, les femmes n’ont pas un accès égal à la terre par rapport aux hommes. Elles ont majoritairement des droits restreints et provisoires alors qu’elles constituent la principale main-d’œuvre dans le monde agricole. Aussi, les femmes constituent plus de la moitié de la population du Burkina Faso en général et de la population rurale en particulier.

Pour faire face à cette problématique du foncier rural, le Burkina Faso a adopté, en 2007, la Politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural (PNSFMR), la loi n°034-2004/AN portant régime foncier rural et ses décrets d’application prioritaires, respectivement en 2009 et 2010.

Dans cette même dynamique, la Fondation Konrad Adenauer (KAS), à travers son projet « Un seul monde sans faim - Les droits fonciers des femmes en Afrique de l’Ouest », s’est engagée, par les activités de formation et de dialogue, à améliorer les droits fonciers des femmes dans les pays bénéficiaires qui sont le Bénin, le Burkina Faso et le Togo. C’est ainsi que les membres des Comités de gestion (COGES) et de surveillance des zones de pâture inter-villageoises de la province de la Tapoa, ont vu leurs capacités renforcées les 7 et 8 mai 2019. Les comités sont issus des villages Bagali, Fouambonli et Tapoa-Gourma.

Selon le coordonnateur national du projet, Dramani Ouédraogo, il s’est agi d’aider les acteurs à mieux cerner la politique menée par le Burkina en matière de sécurisation foncière et d’analyser les mécanismes de prévention et de gestion des conflits fonciers en milieu rural. Au cours de cette formation, il a été aussi question de connaître la politique sur le pastoralisme, la gestion de la ressource eau au Burkina et maîtriser les dispositions relatives à la gestion de la zone de pâture.

De la charte foncière locale inter-villageoise

« Cet atelier de formation est un important rendez-vous du donner et du recevoir », a déclaré le premier adjoint au maire de la commune de Diapaga, Elie Coulidiaty, avant d’ajouter : « Nous sommes également convaincus que le respect par tous du genre constitue le meilleur moyen de construire un monde libre, juste et pacifique ».

Dans un premier temps, le formateur, Kélguingalé Illy, a donné une communication sur la « Charte foncière locale inter-villageois régissant la zone de pâture inter-villageoise de Bagali, Fouambonli et Tapoa-Gourma ». Ce document juridique, dans son article 1 alinéa 2, stipule que la « Charte foncière locale (CFL) favorise la responsabilisation des populations locales dans la gestion des ressources naturelles de la zone de pâture ».
À en croire Kélguingalé Illy, cette charte est la résultante d’un besoin de solution à la crise foncière répétitive au Burkina Faso. Entre 2013 et 2014, ce sont 675 conflits qui ont été recensés, a-t-il précisé.

En ce qui concerne les origines de ces conflits fonciers, Kélguingalé Illy a cité entre autres la dégradation continue des conditions climatiques, la forte croissance de la demande de terres, la migration des populations et la non-sécurisation des terres rurales.

Ainsi, les participants ont appris les mécanismes de prévention des conflits fonciers en milieu rural. Pour éviter les récurrents problèmes de vente d’une terre d’une famille par un individu, Kélguingalé Illy a conseillé aux participants de se procurer une Attestation de possession foncière rurale (APFR), qui contrecarre toute fraude.

En cas de conflit, comment faut-il le gérer ? Avant de répondre à cette interrogation, le formateur a donné la typologie des conflits puis leur mode de gestion. « Si la conciliation est faite par un comité de gestion foncière ou un individu, il faut établir un procès-verbal de conciliation signé par les protagonistes », a suggéré Kélguingalé Illy.

« Aujourd’hui, nous avons appris beaucoup de choses… »

Au regard du contexte de la localité, le haut-commissaire de la province de Tapoa, Félix Daboné, a indiqué que cette session est la bienvenue. Ainsi, il a invité les participants à être disposés et disponibles. Assimiler les communications de cette formation pourrait éviter beaucoup de crises foncières dans cette localité, a-t-il espéré.

Du côté des participants, cette formation a apporté un plus. « Ce qui a plus retenu mon attention au cours de cette formation, c’est la gestion des conflits fonciers. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, c’est un casse-tête dans cette localité. La procédure à suivre pour traiter cette question qui a été donnée par le formateur est très édifiante », a indiqué Emmanuel Nikiema, chef de zone de Diapaga.

Pour Jeanne Coulidiaty, coordonnatrice provinciale des femmes de la Tapoa, « aujourd’hui, nous avons appris beaucoup de choses sur le foncier rural, surtout au niveau des femmes. Je suis satisfaite parce qu’on nous a dit qu’il va avoir désormais un bureau à la mairie qui va délivrer les documents pour les femmes qui ont des terrains afin de les exploiter ».

Chacune des quatre communications a été suivie d’échanges au cours desquels le formateur et le premier adjoint au maire ont répondu aux préoccupations des participants.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

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