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Insalubrité dans les quartiers périphériques de Ouaga : La municipalité fustige l’incivisme

Publié le vendredi 22 juillet 2005 à 07h14min

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Vendredi dernier, nous faisions le constat de l’insalubrité dans les quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou. Aujourd’hui, nous vous proposons la réaction de la municipalité ainsi que les dispositions qui sont prises pour remédier à la situation.

C’est à la direction de la propreté de la ville que nous avons recueilli nos informations. Nous aurions voulu avoir la réaction d’un maire, mais pour des raisons de calendrier, nous n’avons pas pu joindre ceux qui étaient concernés par les interpellations sur le terrain. Le constat animé par Jean-Noël Ilboudo ne manque pas d’intérêt. Bien au contraire !

"Le constat paru la semaine dernière est juste" nous dira Jean-Noël Ilboudo. Il rappelle d’ailleurs ce qu’il a toujours professé : "Ouagadougou n’est pas encore propre." Et pourtant relève-t-il, bien d’efforts sont faits pour y parvenir. Un nouveau plan de propreté a même été conçu. "On a mis une dizaine d’années à le mettre en place" , se plaît-t-il à dire. Un plan qui a démarré en avril 2005 et qui devrait permettre d’améliorer de façon sensible la salubrité dans les quartiers périphériques.

Ce plan qui consacre l’implication du privé dans le secteur et met un accent particulier dans le traitement des déchets et la protection de l’environnement. "Nous pouvons en effet, grâce au centre de traitement de déchets, réalisé avec l’aide de la Banque Mondiale, traiter les déchets aux normes internationales en préservant l’environnement et surtout la nappe phréatique. Le système permettant un contrôle de la pollution et une récupération du biogaz issu de la fermentation des déchets", rapporte Jean-Noël Ilboudo.

Déjà des résultats encourageants !

Le nouveau plan a commencé à faire ses preuves de l’avis de la direction de la propreté. Le volume de déchets collectés est ainsi passé de 30 tonnes le premier jour de son exécution à 300 tonnes le jour de notre entretien (20/07/05). Un résultat jugé encourageant puisque le plan n’est mis en œuvre que depuis trois mois seulement.

Cela est dû sans doute à la plus grande organisation du secteur avec le découpage de la ville en 12 zones. 12 groupements d’entreprises ou d’associations épaulent en outre la municipalité dans la traque et l’enlèvement des déchets. Ces privés opèrent surtout dans les arrondissements de Sig-Noghin et Nongr-Massom.

Les nouveaux acteurs ne sont pas les seuls à intégrer l’action de salubrité de la ville. Le rôle des associations de collecte des déchets au sein des ménages a été renforcé et 35 centres de précolette ont été réalisés dans les secteurs pour recueillir les déchets collectés directement des ménages. "C’est là la base de la réussite", estime Jean-Noël Ilboudo. Les groupements d’entreprises ou d’associations se chargent d’enlever les ordures dans les centres de précollecte et de les acheminer au centre de traitement.

"Avec ce schéma, nous espérons passer d’un taux de collecte estimé à 50% aujourd’hui à un taux de 70% voire plus au bout d’un an d’exécution," avance Jean-Noël Ilboudo. Il a, en tout cas, des raisons de le croire, d’autant plus que l’obligation de résultat est encore plus renforcée. En effet, l’entreprise qui a en charge les zones de l’arrondissement de Sig-Noghin est payée sur la base des volumes transportés au centre de traitement des déchets.

Elle a donc intérêt à faire beaucoup de volume. "Ce dispositif est vraiment incitatif", soutient Jean-Noël Ilboudo. Il précise également que pour le reste de la ville, le conseil municipal a décidé de renforcer les moyens logistiques de la direction de la propreté qui sont actuellement une vingtaine de camions, et trois (3) engins de travaux publics.

Une vingtaine de containers de 10 m3 viennent ainsi d’arriver à la direction. Un camion lève-containers est attendu.

Le manque de civisme des populations

Des efforts viennent en sus des 700 millions de F CFA consacrés annuellement à l’assainissement et la propreté de la capitale. "Les moyens restent insuffisants au regard de la population de la ville de Ouagadougou estimé à 1,2 millions d’habitants, mais tout est fonction du budget communal (6,5 milliards de F CFA) et surtout du civisme fiscal des citoyens. Si les Ouagalais payaient mieux leurs taxes, on aurait pu consacrer plus de moyens à la propreté", insiste Jean-Noël Ilboudo.

Il fustige en outre le comportement de certains usagers de la route qui jettent des ordures sur la voie publique alors que les 1200 femmes de la Brigade Verte s’échinent chaque jour pour rendre le centre-ville propre. Il n’oublie pas certains producteurs de déchets qui déposent de nuit leurs ordures dans les espaces vides ou dans les rues.

Il en appelle à une prise de conscience de tous les Ouagalais sur la nécessité de contribuer à une meilleure salubrité de la ville. Il inscrit du reste les cas de la ZACA dans l’incivisme de certains producteurs de déchets du centre-ville. Il dit que la concertation est engagée avec les responsables du Projet qui devrait appuyer la Direction en moyens financiers en vue de rendre les lieux à nouveau propre. Mais le plus important pour lui, "c’est la prise de conscience des populations par rapport à la question".

C’est pourquoi, il accueille favorablement ce numéro de constat qui contribue de son avis à sensibiliser davantage les Ouagalais. S’agissant de l’idée de comités de riverains pour la salubrité, il la trouve séduisante, même s’il pense que cette prérogative de police relève des maires et des élus. Il serait très heureux de voir les conseillers municipaux de la ville, épauler sa structure à la base dans son action de promotion de la propreté. "En matière d’hygiène, l’implication de tous les membres de la communauté est indispensable" conclut-t-il. En attendant, il assure que les 50 agents permanents de la direction, les 1200 balayeuses et les 200 cantonniers positionnés au niveau des carrefours sensibles iront encore plus aux déchets, pardon au charbon.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Sidwaya

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