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Projet d’adaptation basée sur les écosystèmes : Des collectivités territoriales engagées pour la préservation des zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun

Publié le mardi 29 mai 2018 à 14h52min

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Projet d’adaptation basée sur les écosystèmes : Des collectivités territoriales engagées pour la préservation des zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun

La ville de Dédougou a abrité les 24 et 25 mai 2018, le forum des maires des zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun ». L’objectif global du forum était de créer une plateforme de concertation, de dialogue et de décision entre les collectivités territoriales, le secteur privé et les partenaires au développement afin de promouvoir la gestion durable des zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun. Plusieurs activités étaient inscrites au programme, notamment des conférences et panels, des expositions-ventes de produits issus des zones humides et une visite de terrain qui a concerné la zone de confluence Mouhoun-Sourou, site Ramsar N°2292, et des réalisations du projet EBA-FEM.

Le forum des maires des zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun a regroupé environ une centaine de personnes venant de l’administration publique, des projets et programmes, des collectivités locales et du secteur privé. Ce forum s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la journée internationale des zones humides sous le thème « Les zones humides pour un avenir urbain durable ». Il a été ainsi initié par le ministère de l’Environnement, de l’Économie verte et du Changement climatique, avec l’appui du projet d’Adaptation basée sur les écosystèmes (EBA-FEM). Un projet financé par le PNUD, dans le but de promouvoir et de conserver les zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun.

Les participants au forum

En effet, le Burkina Faso compte de nombreuses zones humides dont 20 sont inscrites sur la liste de Ramsar ou liste des zones humides d’importance internationale. Ces zones humides fournissent tout un éventail de services importants, aussi bien pour l’homme que pour l’environnement et sont parmi les milieux les plus productifs du pays. Réservoirs de la diversité biologique, elles fournissent l’eau et la productivité dont des espèces innombrables de plantes et d’animaux dépendent pour leur survie. Cependant, elles sont soumises à de fortes pressions et sujettes à de menaces multiformes surtout d’ordre anthropique. C’est le cas par exemple des zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun. Cette situation appelle à des réponses concertées et urgentes. Ces préoccupations sont largement partagées par les collectivités territoriales des régions de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Ouest qui ont déjà accompagné l’inscription de trois sites sur la liste de Ramsar à savoir la vallée du Sourou, le corridor forestier de la Boucle du Mouhoun, la zone de confluence Mouhoun-Sourou. Ces zones humides devraient être des écosystèmes viables, durablement gérées afin de fournir des biens et services nécessaires à la lutte contre la pauvreté.

C’est pourquoi le maire de la ville de Dédougou, Lomboza Kondé Karim, a salué l’initiative du forum ainsi que les acteurs qui œuvrent inlassablement pour le bien-être des populations burkinabè. « Notre région regorge de nombreuses zones humides dont trois sont actuellement inscrites sur la liste de Ramsar. Cette richesse naturelle suscite une forte pression anthropique sur les ressources naturelles de ces zones humides conduisant ainsi à leur dégradation accélérée. Celle-ci se traduit entre autres par le tarissement progressif de la ressource et de la baisse du niveau de la nappe phréatique, l’ensablement et l’effritement des berges des deux fleuves que sont le Mouhoun et le Sourou avec comme conséquence la baisse progressive de leurs capacités de stockage et la dégénérescence des ressources qu’ils contiennent, la réduction des ressources halieutiques qui constituent par ailleurs une importante source de revenus des populations, etc. », a rappelé le maire de Dédougou.

La photo de famille en compagnie des autorités

Selon lui, la gestion rationnelle de ces zones humides est d’une nécessité impérieuse pour l’amélioration de la résilience des populations aux effets néfastes des changements climatiques. C’est pourquoi il a indiqué que l’organisation du présent forum participe à la vision de son conseil municipal, qui est de « faire du bassin du Mouhoun et de la vallée du Sourou, le point d’appui de la souveraineté alimentaire nationale ».

Les travaux de ce forum ont permis aux participants, après s’être imprégnés de l’état des lieux des ressources des zones humides de la Boucle du Mouhoun, de proposer des solutions aux contraintes et faiblesses de ces écosystèmes. Aussi, au cours de ce forum, les maires, responsables de collectivités territoriales, se sont engagés sur des axes stratégiques du développement durable basés sur le dynamisme des collectivités locales, ce qui fera, selon le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Sou Sié Edgard, « des zones humides de notre région, des espaces conservés, viables et durablement gérés et fournissant des biens et services nécessaires à la lutte contre la pauvreté et contribuant à la conservation de la diversité biologique mondiale ».

L’un des puits grand diamètre réalisé par EBA-FEM

Par ailleurs, ces maires des communes urbaines et rurales autour du corridor de la Boucle du Mouhoun, ont affirmé leur engagement à fédérer leurs ressources physiques, techniques et financiers dans la conservation, la gestion durable et l’utilisation rationnelle du fleuve Mouhoun. Tout en prenant l’engagement de marquer leur refus de voir se dégrader les zones humides du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun, ils lancent un appel à l’ensemble des parties prenantes que sont l’Etat, les industriels, les collectivités territoriales, les organisations paysannes, les associations, les populations riveraines, à préserver le bassin du Mouhoun pour le bien-être des générations aussi bien présentes que futures.

Visite de la zone de confluence Sourou-Mouhoun et des réalisations du projet EBA-FEM par les autorités

Visite de la plantation de Mr Zerbo Yacouba

Au cours de ce forum, un voyage d’étude a été organisé sur les sites d’intervention du projet EBA-FEM dans le corridor forestier de la Boucle du Mouhoun afin de constater les réalités du terrain. Ce voyage d’étude était aussi une occasion pour permettre au projet, de présenter les pratiques et autres réalisations de terrain faites depuis son exécution. A cet effet, plusieurs points étaient concernés notamment le jardin maraîcher de Magnimasso (dans la zone de confluence du Mouhoun) que le projet EBA-FEM a réalisé au profit du groupement Panissé. Ce jardin est équipé de deux puits grand diamètre, deux grands bassins et quatre micro-bassins. La plantation de M. Zerbo Yacouba a également été visitée. Ce dernier bénéficie tout comme M. Nouho Tibi, de l’accompagnement du projet dans leurs activités. Ces derniers ont été sensibilisés sur les bonnes pratiques à adopter pour la préservation des zones humides. Les autorités ont aussi visité le campement de chasse express Safari du Sourou.

Toutefois, les responsables du projet demandent toujours l’accompagnement et le soutien de leur partenaire technique et financier qui est le PNUD, ainsi que l’appui des autorités nationales et locales.

Le directeur pays de PNUD, Corneille Agossou, pour sa part a affirmé sa volonté de toujours accompagner le projet EBA-FEM.

Le ministre Nestor Batio Bassière

Le projet Adapter les moyens de subsistance dépendant des ressources naturelles aux risques induits par le climat dans les paysages du corridor forestier de la Boucle du Mouhoun et des zones humides du bassin de la mare d’Oursi au Burkina Faso » (EBA-FEM) est né de la volonté commune du gouvernement du Burkina Faso, du PNUD et du FEM. Ledit projet basé sur les écosystèmes et ses zones d’intervention constituent le projet pilote de l’approche EBA. Son objectif général est d’aider à réduire la vulnérabilité des populations locales de ses zones d’intervention et renforcer leur résilience. Le projet s’exécute à travers quatre composantes.

La composante 3 intitulée « Intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans la planification et le financement du développement local et régional » vise à s’assurer que la gestion adaptative climatique des systèmes agro-écologiques et hydrologiques dans le corridor forestier de la boucle du Mouhoun et du bassin de la mare d’Oursi est intégrée dans les cadres de planification et d’investissement sectoriel essentiels avec un accent particulier sur les niveaux locaux et régionaux. Le projet a une approche basée sur les écosystèmes, qui constituent avec leurs ressources des éléments importants pour la survie de l’humanité d’où la nécessité de leur protection par de bonnes pratiques.

Signature de l’engagement des maires pour la protection des zones humides

Ce forum était placé sous le patronage du ministre de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique, Nestor Batio Bassière. « Ce forum des maires est unique en son genre. Ces acteurs ont décidé d’accompagner le gouvernement dans la gestion durable de ces ressources naturelles qui sont classées comme zones humides. Ils ont des engagements et le gouvernement a aussi son rôle à jouer. Au niveau de mon département, nous mettrons en œuvre toutes les compétences techniques, mais également la mobilisation des ressources liées au financement des zones humides pour les accompagner dans la mise en œuvre de leur engagement », a laissé entendre le ministre en charge de l’environnement.

Selon lui, il faut l’implication de tous les acteurs dans la gestion de ces ressources naturelles à travers surtout la sensibilisation des populations afin qu’elles puissent protéger ce patrimoine qu’est le corridor forestier du fleuve Mouhoun, qui est un patrimoine national.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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