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Journée mondiale de la liberté de la presse : Les déclarations de Ouagadougou

Publié le mardi 3 mai 2005 à 08h13min

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L’ONAP (Observatoire national de la presse, et le Comité de pilotage de la Maison de presse Nobert Zongo (La SEP, L’AJB et le SYNATIC) nous ont fait parvenir des déclarations prenant le pools de la profession de journaliste au Burkina et dans le monde... Nous vous invitons à les lire.

Centre national de presse Norbert Zongo

Déclaration du 3 Mai 2005

En ce jour 3 mai 2005, le monde entier commémore la journée mondiale de la liberté de la presse. Instituée par l’UNESCO, la journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion de réaffirmer ce principe cardinal souvent relégué aux oubliettes à savoir que l’information fait partie des droits fondamentaux des peuples.

C’est aussi un moment d’invite à une meilleure perception de l’importance de l’information dans la vie sociale. Si l’on reconnaît que le monde aujourd’hui est un "village planétaire" c’est grâce au développement prodigieux des moyens de communication et des capacités prodigieuses de circulation de l’information d’un point du globe à un autre.

Enfin la journée du 3 mai est une opportunité inouïe pour rappeler à l’opinion internationale les conditions périlleuses de hommes de médias.

En effet, "tout le monde s’accorde pour reconnaître que la liberté de la presse fait partie des droits fondamentaux des hommes, son exercice et son application sont les choses les moins partagées" .

Cette année l’UNESCO a placé la célébration de la journée du 3 mai sous le thème : "Médias et bonne gouvernance". La pertinence de ce thème est d’une évidence criarde. Aujourd’hui en Afrique, le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit est un sujet d’actualité parce qu’elle recouvre les préoccupations majeures des populations.

La réalisation de cette aspiration légitime des populations n’est pas possible sans la transparence dans la gestion de la chose publique, ni sans une lutte conséquente contre la corruption. Les médias y jouent un grand rôle ; ils se sentent donc interpellés par le thème de cette année.

Malheureusement, les réalités que vivent les hommes de médias sur le terrain dans la recherche et la collecte de l’information sont toutes autres.

L’un des premiers obstacles au libre exercice de leur métier est la difficulté d’accès aux sources d’information. Nombreux sont les journalistes qui ont été menacés, tabassés, séquestrés ou jetés en prison dans l’exercice de leur métier. Nous avons encore en mémoire ces quelques faits non exhaustifs qui ont marqué la presse burkinabè dans son souci de satisfaire le droit du public à une information juste et fiable.

Le 12 février 2004, une assemblée générale des commerçants de Rood Woko a été dispersée à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre. Les journalistes qui couvraient la manifestation reçurent, sans ménagement, des volées de coups de matraques, le matériel de certains d’entre eux fut confisqué par les forces de l’ordre.

- En février 2004, un journaliste du journal "Le Pays" qui couvrait la saisie de biens d’un citoyen par un huissier a été incarcéré au commissariat central de police de Ouagadougou sur ordre de l’huissier en question.

- Toujours en 2004, le directeur de publication du journal l’Indépendant a été séquestré toute une nuit dans les locaux du journal par un inconnu.

- le 06 novembre 2004, le directeur général de l’hebdomadaire "San Finna" de retour d’un reportage en Côte d’Ivoire a été interpellé

- Courant février 2005, le journaliste du quotidien Sidwaya à Bobo-Dioulasso a été molesté par six policiers à l’aéroport de Bobo-Dioulasso alors qu’il s’y trouvait pour couvrir le retour des pèlerins de La Mecque.

Ces faits loin d’être exhaustifs illustrent les difficultés que rencontrent les journalistes dans la collecte des informations.

Plus que tout autre métier civil, Ies journalistes paient de leur vie Ia recherche et Ia diffusion de l’information. L’assassinat de notre confrère Norbert Zongo à ce jour non encore élucidé témoigne de ce lourd prix à payer, surtout quand les informations cherchées sont dites "sensibles".

En Côte d’Ivoire, le journaliste Jean Helène correspondant de RFI a été assassiné en 2004 ; un autre confrère Guy André Kieffer est porté disparu jusqu’à nos jours. Il enquêtait sur la filière cacao dans ce pays.

En Irak, les enlèvements de journalistes se succèdent, parfois suivis de liquidation physique. Aujourd’hui ce sont trois journalistes roumains et un français qui sont détenus par les preneurs d’otages.

En ce jour mémorable de la liberté de la presse nos pensées de solidarité et de confraternité vont d’abord à ces derniers ainsi qu’à tous les confrères qui sont privés de leur liberté ou qui vivent des conditions de répressions diverses.

Nous exprimons notre solidarité envers leur famille et exigeons leur mise en liberté.

Que justice soit faite aux confrères assassinés et singulièrement à notre confrère Norbert Zongo.

Que la liberté d’expression et de presse ne soit plus un vain mot pour tous !

Fait à Ouagadougou, le 3 mai 2005

L’AJB
Jean-Claude Méda

La SEP
Chérif SY

Le SYNATIC
Justin COULIBALY


Message de l’ONAP à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de presse

Aujourd’hui 3 mai, le monde célèbre la Journée internationale de la presse. A l’occasion, l’Observatoire National de la Presse (ONAP) souhaite « bonne fête » à tous les journalistes. Cette journée solennelle vient encore nous rappeler qu’il existe encore, çà et là, des prédateurs de la presse. Les pays et les régions en conflit sont le théâtre non seulement de violations massives des droits humains mais aussi et surtout d’agressions diverses contre la liberté de presse. Le Burkina Faso enregistre une certaine accalmie depuis un certain temps sur le vaste et laborieux chantier de la liberté de presse.

Outre quelques tracasseries policières enregistrées épisodiquement à l’encontre de journalistes, on peut se réjouir de la quiétude dans laquelle les journalistes burkinabè exercent leur métier.

Toutefois, il nous apparaît nécessaire de rester vigilant d’autant plus que, bientôt, des consultations électorales seront organisées. 13 novembre 2005 pour les présidentielles et février 2006 pour les élections locales. La responsabilité des journalistes burkinabè sera plus que jamais interpellée sur le terrain de l’équilibre et de l’équité.

Autant des élections mal organisées débouchent sur des crises parfois sanglantes, autant une presse partisane et braquée est un poison pour le processus démocratique. L’ONAP appelle donc tous les journalistes du Burkina Faso à cultiver la morale et le fair-play, particulièrement en cette période charnière de l’histoire de notre pays. L’ONAP exprime également sa solidarité avec les journalistes en détresse à travers le monde entier.

Ses pensées vont plus particulièrement à Florence Aubenas et son guide Hussein Hanoun, aux trois journalistes d’une télévision roumaine, tous détenus comme otages en Irak Il en va de même pour nos quatre (4) confrères congolais pris en otage au Katanga.

L’ONAP marque enfin sa solidarité avec les organes et les pays d’origine de tous ces confères et consoeurs Puissent les jours ou les semaines à venir voir l’élargissement de tous les journalistes détenus et enregistrer zéro journaliste assassiné. Avec la libéralisation de l’économie mondiale, les temps sont durs mais les agressions contre la liberté de presse doivent cesser d’avoir la peau dure.

Ouagadougou, le 2/05/2005

Pour le Président
P.O le Vice-président,
DABlRE Ferdinand

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