« Raffermissement de la vocation militaire au service d’une Armée républicaine ». C’est sous ce thème évocateur qu’a été placé le 55ème anniversaire de la création des Forces armées nationales (FAN). Une halte qui s’est voulue des plus sobres en éléments festifs. Contexte national oblige. Annoncé pour 9h00, c’est avec dix minutes d’avance que le Président du Faso a foulé le tapis rouge de la « Place de la Nation » où s’est déroulée la cérémonie. Accueilli à son arrivée par le Premier ministre, Isaac Yacouba Zida et le Président du Conseil national de la Transition, Moumina Chériff Sy, Michel Kafando a ensuite reçu les honneurs militaires avant de faire la revue des troupes, composées de 960 militaires et paramilitaires. La cérémonie qui a duré environ 1h 30 avait pour principaux axes, le discours du Président du Faso suivi du cérémonial de décoration des récipiendaires. Le tout, sur fond de commentaires du capitaine Guy Hervé Yé et du lieutenant Abdoul Aziz Ouédraogo.

« La commémoration de cette année, se déroule dans un contexte où notre pays se trouve dans un processus de transition politique, maintes fois éprouvé par des crises successives et, disons-le franchement, où l’armée n’était pas exempte de reproches. Au reste, depuis que l’Armée s’est immiscée dans la vie politique en 1966, son unité et sa cohésion en ont largement pâti, allant même quelques fois jusqu’à mettre en cause son honorabilité », a, une fois de plus, déploré le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Michel Kafando. Des propos dilués plus loin par des félicitations aux FAN « pour le comportement républicain contre le putsch du 16 septembre, aux côtés des forces vives de la Nation ».

Campant sur le thème de l’édition, le Président du Faso a souligné que son choix marque la volonté des autorités de la Transition de faire désormais de la grande muette, une Armée respectueuse des lois et des Institutions de la République et soumise à l’autorité politique légale. Il a rappelé dans cette dynamique que les FAN n’ont pas pour vocation de faire de la politique, mais plutôt d’être au service de la nation par la défense de l’intégrité du territoire, des institutions de la République, le maintien de la sécurité et la protection de tous les citoyens. « A cet égard, la Gendarmerie Nationale, associée aux autres Forces de Sécurité publique, assure au quotidien la sécurisation des personnes et des biens, la surveillance des frontières et le maintien de l’ordre. Dans le domaine de la protection civile, les Sapeurs-Pompiers, œuvrent chaque jour dans les différentes localités, à sauver des vies humaines, en portant secours aux populations lors des incendies, des accidents de la circulation et des catastrophes de tous genres. Aux activités spécifiques de ces deux structures, il convient d’ajouter, les services rendus aux populations par les différents corps militaires, basés dans les régions, le Génie Militaire, l’Armée de l’Air et le Service de Santé des Armées dont plus de 80% des patients sont des civils », illustre le ministre de la Défense et des Anciens combattants.
L’actuel locataire du Palais présidentiel, Kosyam, a également expliqué qu’à l’occasion de cet anniversaire, il a été décidé de changer des noms de baptêmes de certaines casernes. « Ainsi, six casernes portent désormais, des noms de personnalités civiles et militaires dont la vie et les œuvres nous enseignent l’attachement aux valeurs de la République, l’amour pour la Nation, le patriotisme, le sens du sacrifice et le don de soi dans le service de la Nation », a-t-il relevé.

« N’eussent été les malheureux événements que le pays vient de traverser, nous aurions fêté cet anniversaire avec moins d’austérité. Mais il y a des moments où la méditation est plus éloquente et plus propice que les festivités. C’est notre cas et c’est bien mieux ainsi », a rappelé Michel Kafando avant de relever que cet anniversaire se tient également dans un contexte sous-régional marqué par des menaces réelles à la paix et à la sécurité, notamment dans la région sahélo-saharienne avec la situation sécuritaire au Mali et la menace terroriste.

« Tenant compte de cette situation, les Forces Armées Nationales ont pris des dispositions appropriées, pour faire face aux menaces, afin d’assurer la sécurité et la paix au profit des populations. De même, l’élimination du grand banditisme, constitue pour les Forces de défense et de sécurité, un défi majeur à relever », a rassuré le chef suprême des Armées, Michel Kafando, affirmant que le développement dans la sécurité du pays, est fortement tributaire de la stabilité régionale et des bonnes relations avec les pays voisins. « C’est pourquoi, fidèle à sa volonté affirmée de promouvoir la culture de la tolérance et de la paix, ainsi que le règlement pacifique des différends entre les États, notre pays a engagé depuis 1993 des hommes et des femmes dans les opérations de soutien à la paix. A titre illustratif, à la date du 31 Octobre 2015, les Forces Armées Nationales sont présentes dans huit missions dont sept de l’ONU et une de la CEDEAO avec un effectif total de 2780 hommes », confie le Président du Faso, saluant en cette occasion, la mémoire des hommes de tenue burkinabè tombés sur les opérations de maintien de paix, notamment au Mali et au Soudan.

A en croire Michel Kafando, le 1er novembre est une tradition qui offre, chaque année, l’opportunité d’examiner le chemin parcouru, mesurer les acquis et les attentes, en vue de faire face aux défis de l’avenir.

L’autre axe majeur de cette journée du 1er novembre a été le cérémonial de décoration de 70 récipiendaires répartis dans les catégories de la « médaille d’honneur militaire », celle de la « médaille militaire », la « médaille commémorative » (qui décore les personnes ayant contribué aux opérations de maintien de paix, avec agrafe de leur pays d’accueil) et la catégorie « médaille d’honneur des sapeurs-pompiers ».

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net