Insurrection populaire au Burkina : 24 morts, 625 blessés
L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et les manifestations qui s’en sont suivies jusqu’au 2 novembre ont laissé des traces profondes d’atteintes aux droits humains au Burkina. Des pertes en vies humaines, des pillages et des destructions de biens publics et privés ont été constatés dans plusieurs localités du pays. Le comité ad hoc mis sur pied au lendemain des évènements vient de déposer son bilan sur le bureau du Premier ministre. Puis, il a tenu une conférence de presse le 25 novembre pour présenter les résultats de ses travaux.
Le comité ad hoc a soumis l’avant-projet de son rapport au Premier ministre le 20 novembre 2014. Le document sera finalisé avec l’ensemble des acteurs de la vie politique : Organisations de la société civile, partis politiques, médias…
En attendant, les données disponibles font état de 24 morts dont 19 sont liées aux manifestations insurrectionnelles. Les cinq autres sont décédés à la Maison d’arrêt de correction de Ouagadougou le 30 octobre suite à une tentative d’évasion. Sur les 19 décès liés à l’insurrection, 14 ont perdu la vie dans les structures sanitaires et 5 ont fait l’objet de constat par les services de santé dans les domiciles. Les causes de ces décès sont liées aux complications des blessures par balles, à une noyade, à des asphyxies, aux complications de traumatismes et de brûlures graves.
Aussi, 625 blessés présentant des lésions de toutes natures (plaies pénétrantes par balles ou objets tranchants, brûlures à plusieurs degrés, traumatismes….) ont été reçus dans les formations sanitaires du pays. 88% de ces cas ont été enregistrés à Ouagadougou. Il est évident que le nombre est largement au-delà de ces chiffres car certains blessés ne se sont pas rendus dans les centres de santé, précise le rapport.
14 cas d’atteintes aux biens publics et 260 pour les biens privés
A côté de ces morts et blessés, il y a eu des pillages, saccages et incendies de biens publics et privés. On compte 14 cas d’atteintes à des biens publics. Les destructions et pillages se sont étendus à des biens privés. Des personnalités politiques ont vu leurs domiciles incendiés et pillés. Même de simples citoyens ont été victimes d’atteintes à leurs biens, notamment des commerces. Ainsi, au total, le comité ad hoc a pu enregistrer plus de 260 cas d’atteintes aux biens privés de diverses natures.
Le comité ad hoc est composé de représentants de plusieurs ministères (droits humains et promotion civique, sécurité, défense, santé, justice et affaires étrangères). Il dit avoir travaillé en étroite collaboration avec les services de police et de gendarmerie, ainsi que l’ensemble des structures sanitaires par région.
Des recommandations
Le comité a également formulé des recommandations dont :
– l’organisation d’une journée d’hommage aux morts de l’insurrection populaire ;
– la poursuite et intensification des actions de sensibilisation des populations pour l’instauration d’une culture de civisme et de respect des droits humains ;
– la prise en compte du rapport du comité ad hoc par la commission Vérité, justice et réconciliation prévue par la charte de la transition ;
– etc.
Moussa Diallo
Lefaso.net