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Proverbe du Jour : “Ce sont nos choix qui montrent qui nous sommes, bien plus que nos capacités.” Joanne K.Rowling

PAUL PUT (ENTRAÎNEUR ETALONS) : “Je suis plus burkinabè que Duarte”

Publié le vendredi 22 juin 2012 à 01h05min

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Après ses deux matchs officiels livrés à la tête des Etalons, le sélectionneur national, Paul Put, qui a bien accepté nous accorder l’interview, dresse le bilan de ces rencontres et les perspectives à venir. Il n’oublie pas non plus de répondre, au passage, à son prédécesseur Paulo Duarte qui dit avoir été perturbé par sa présence, alors qu’il préparait les Etalons pour la CAN.

Vous venez de livrer vos deux premiers matchs officiels à la tête des Etalons. Comment aviez-vous vécu ces deux rencontres ?

Le premier sentiment qui m’anime c’est que je suis satisfait au niveau de ce que l’on a pu montrer sur le terrain. Mais au plan des résultats, je suis nettement déçu. Mais comme vous le saviez, ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui gagne en football. Beaucoup de critiques ont afflué sur les Etalons après leur retour de la CAN 2012 et leur match amical livré au Maroc. Nous avons pris le temps d’analyser le problème pour voir les raisons qui faisaient que les joueurs ne voulaient pas jouer pour leur pays en ne se donnant pas à fond et pourquoi l’organisation du jeu ne leur permettait pas de se créer des occasions.

Après les deux matchs, on peut constater que c’est vraiment une équipe avec une très bonne harmonie et beaucoup de solidarité dans le groupe. C’est pour cela que j’avais commencé à travailler psychologiquement sur le groupe et cela s’est ressenti sur le terrain car les joueurs se sont donné à plus de 200% et prouvé qu’ils sont fiers de porter le maillot national. Au niveau du jeu, on n’a pas à se plaindre. C’était bien contre le Congo et encore davantage face au Gabon. A chaque match, on s’est toujours créé des occasions et cela veut dire que nous sommes sur le bon chemin mais il nous manque juste un brin de chance. Si on peut poursuivre comme cela, on va y arriver car je sens en ce groupe qu’il est vraiment motivé. Tout le monde se sent bien dans le nouveau système que j’ai mis en place et cela se ressent au cours des entraînements. Vous avez vous-même été témoin et vous avez vu l’ambiance qui y règne.

Ce sont de bons signaux. On pêche au niveau de la finition mais comme vous le savez, ce sont les grands joueurs qui ratent les véritables occasions. C’est un petit manque de confiance et c’est pour cela que j’étais un peu déçu des critiques acerbes faites à l’encontre de Dagano après le match contre le Congo. C’est un grand joueur et il est toujours le meilleur buteur, donc il reste encore important. C’est dommage que le public ne l’aide pas à retrouver la confiance. Car à force de vouloir bien faire pour ne pas décevoir le public, il se met une pression et finit par rater les choses les plus élémentaires. Je demande que tout le monde soit derrière le groupe, particulièrement le public, car c’est une équipe qui a envie de jouer. Au Gabon, on nous a félicités pour notre bonne organisation du jeu car ils n’ont jamais vu une équipe jouer de la sorte à l’extérieur.

Ce sont de bons signaux et c’est maintenant à nous : le peuple, les médias et tout le monde, de nous unir derrière le groupe pour lui redonner davantage de confiance. C’est difficile à l’admettre mais il y a des joueurs qui ne se sentent pas bien dans leur tête quand ils viennent jouer au Burkina. Et cela n’est pas une bonne chose. On doit tout mettre en œuvre afin que tout le monde soit à l’aise. Je suis convaincu que nous allons y arriver avec la discipline de groupe.

Quelles leçons pouvez-vous tirer après les deux matchs officiels que vous venez de vivre à la tête des Etalons ?

Nous en sommes, au plan comptable , à un point sur six. Mais en analysant bien les matchs, le nul contre le Congo n’était pas mérité ni même la défaite au Gabon, mais il faut toujours positiver et regarder vers le futur. Si on peut poursuivre avec ce bon état d’esprit et ce moral dont les joueurs ont fait preuve, je suis sûr que la chance viendra de notre côté. Il suffit d’un but et tu es parti. J’ai aussi déploré l’arbitrage scandaleux au Gabon ; c’est à peine si on ne jouait pas contre 13 joueurs. Les avantages étaient pour le Gabon et les fautes sur nous. Cela a contribué à casser régulièrement notre rythme de jeu. La prochaine fois qu’on jouera à domicile, on espère avoir la chance de tomber sur un bon arbitre. Si nous parvenons à marquer un but, je suis sûr qu’on est parti.

Les éliminatoires de la coupe restent-elles encore une priorité pour vous ?

Il faut être réaliste car j’ai hérité d’un groupe qui sortait de quatre défaites de rang ; donc la confiance s’était effritée et le doute avait pris place. Donc il faut compter avec cela. Nous avons travaillé à y remédier et cela m’a rapporté beaucoup de choses et je suis content. Si on peut faire de bons résultats dans les éliminatoires de la coupe du monde on va le faire. Mais j’y crois réellement qu’on peut bien faire quelque chose. Au niveau de la CAN, c’est une priorité de se qualifier. Maintenant, on va voir ce que le tirage va nous réserver, puisqu’il aura lieu en juillet. C’est dommage, je n’ai pas eu assez de temps pour travailler avec les gens. Le match contre le Bénin n’était pas programmé sur une date FIFA. On a commencé à s’exercer avec la moitié du groupe. Contre le Congo, j’ai eu mon groupe au complet deux jours avant la rencontre.

Et l’opposition face au Gabon m’a simplement donné une semaine de travail. Et là encore, il y a beaucoup de joueurs qui n’étaient pas là comme Mamadou Tall, Bakary Koné, Wilfried Sanou ou Salif Dianda. Il y a encore des joueurs que je dois voir au niveau des attaquants et des latéraux. Mais cela prend du temps et c’est un peu dommage. On a été retardé avant de commencer le travail et on attend des matchs amicaux. Normalement, il est prévu un match amical en août mais maintenant ce n’est pas une date FIFA, c’est difficile de rassembler les joueurs parce que les équipes ne vont pas accepter les libérer. Mais nous restons dans une bonne dynamique.

Après ces deux matchs, avez-vous des indices qui puissent vous permettre de faire un bon résultat dans les éliminatoires de la CAN qui vont se préciser d’ici peu ?

Si nous n’avions pas un match amical d’ici là, c’est difficile pour moi de pouvoir faire quelque chose. Je serai obligé d’aller voir quelques joueurs qui sont dans ma tête afin de me faire une idée sur leur capacité à renforcer l’équipe. Mais comme vous le savez, nous serons en pleine préparation des équipes et ce serait peut-être la ligue Europa qui aura démarré. Car en Europe, la préparation commence en juillet et la compétition débute à la mi-août. Cela veut dire que pour voir des joueurs en compétition, il faut attendre vers le mois d’août et le temps compte énormément car en septembre, il y a déjà les éliminatoires de la CAN. Je ne cherche pas d’excuse mais ce n’est pas un avantage. Le seul avantage qui peut sortir de cette situation c’est qu’on a le temps de faire une bonne analyse de notre équipe et notamment si on a l’opportunité, d’aller voir quelques joueurs. Sinon il serait difficile de disposer d’un match amical.

Votre groupe a-t-il les qualités nécessaires pour aller chercher une qualification à la CAN ?

Regardez par exemple Charles Kaboré, a-t-il déjà joué sur ce niveau avant pour le Burkina ? Il a montré quelque chose d’extraordinaire. On a fait revenir Abdoulaye Soulama dans les buts et il a fait d’excellents matchs. Aly Rabo ne fait, lui, que confirmer tout le bien dont on pense de lui. Beaucoup de joueurs se sont libérés et ils montent en puissance plus qu’avant. Cela veut dire que c’est de bon augure et je suis très confiant. Mais on doit attendre le tirage, voir sur qui nous allons tomber et en ce moment, on fera tout pour analyser l’adversaire et avoir le plus de renseignements pour informer aux joueurs. Mais malheureusement, nous risquons de ne pas avoir un match pour se préparer. Mais comme on sait que la qualification est importante pour le Burkina, on va se préparer psychologiquement pour la gagne. Pour avoir vu mes joueurs, ils m’inspirent une grande confiance.

Duarte a signalé que votre présence au Faso pendant qu’il préparait la CAN l’a énormément perturbé. Quelle analyse faites-vous de cette déclaration ?

Il faut être honnête, j’ai été nommé en avril après que Duarte eut épuisé son contrat. Il essaie de jouer à un jeu psychologique avec les gens. Il peut affirmer qu’il est Burkinabè. Mais ce qui m’est revenu, c’est qu’il a passé quatre ans ici mais il n’est jamais venu avec sa famille ici. Il n’a jamais dépassé une semaine de séjour sur le territoire, il est tout le temps au Portugal. Juste vous dire que c’est un jeu psychologique pour gagner la confiance du public. Mais les burkinabè sont assez intelligents pour vite comprendre sa démarche et ne pas l’accepter. Moi je suis assez fort pour supporter ces choses. Il peut faire ce qu’il veut, il est libre, mais je sais simplement qu’il se livre à un jeu psychologique pour divertir les gens. Pour nous, c’est aussi un avantage car je peux aussi utiliser les petites phrases qu’il a dites dans les journaux pour motiver mes joueurs. Je suis à l’aise, je suis calme et je veux préparer l’équipe le mieux possible et on va y arriver.

Vos joueurs seront en vacances et d’ici-là plusieurs d’entre eux vont rejoindre leur club. Que feriez-vous en ce moment ? Donner un coup de pouce aux juniors par exemple ?

Je suis tout le temps au terrain pour suivre l’entraînement des juniors. J’ai même pris cinq d’entre eux que j’ai pu remarquer pour participer au match de gala. Je suis en étroite collaboration avec l’entraîneur des juniors pour mettre en place le programme de préparation qui doit nous amener au Sénégal pour préparer le match contre la Guinée. Je suis très impliqué, car cela fait partie de mes prérogatives. Duarte dit qu’il est Burkinabè mais je suis plus burkinabè que lui parce que je suis sur place et je vais aider les juniors et les cadets autant que nécessaire.

Une tournée en Europe ou en Afrique est-elle inscrite dans votre programme pour aller voir à nouveau des joueurs dans leur club ?

Oui. Mais il faut savoir que les équipes commencent la préparation en fin juin avec des matchs amicaux et dans ces matchs amicaux, c’est souvent tout le monde qui jouent au début et il faut attendre jusqu’à la mi-juillet ou début août. En France comme les équipes sont composées d’internationaux comme Marseille par exemple, les clubs débutent en général vers le 15 juillet. On a quelques joueurs pour voir de plus près au niveau de l’Egypte, de l’Algérie, du Ghana et en Norvège. Je suis en train de préparer un programme mais je dois attendre un tout petit peu parce que si le calendrier n’est pas connu, c’est difficile. J’ai fait mon rapport que j’ai transmis au président de la Fédération et au ministre des Sports et ils sont tous d’accord qu’on doit essayer de faire quelque chose pour visionner les joueurs et voir s’ils peuvent venir renforcer l’équipe.

Quel message fort avez-vous à lancer au public afin que sa forte pression n’influe pas négativement sur votre équipe ?

Les joueurs ont prouvé qu’ils veulent jouer en se montrant combatifs et en donnant tout. Au niveau du jeu, ils ont haussé d’un cran leur niveau c’est un peu la chance qui nous manque. Avec le soutien du public et des médias, nous allons y arriver. Si tout le monde y croit comme je crois en cette équipe à 500%, nous allons parvenir à nos objectifs.

Interview réalisée par Béranger ILBOUDO

Sidwaya Sport

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