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8-Mars 2012 - Nestorine Sangaré, ministre de la Promotion de la femme : « La mortalité maternelle ne connaît pas de statut social ni de milieu de résidence »

Publié le mercredi 7 mars 2012 à 01h44min

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A quelques jours de la célébration de la Journée internationale de la femme, prévue pour le 8-Mars 2011 à Dédougou, Sidwaya (S) a rencontré le ministre de la Promotion de la femme, Nestorine Sangaré(NS). Elle justifie le choix du thème de cette édition, insiste sur le rôle des hommes dans la réduction de la mortalité maternelle et aborde l’épineuse question des pagnes.

Sidwaya (S.) : Le thème de cette édition ressemble fort bien à celui du 8-Mars 2011. Pourquoi ce choix ?

Nestorine Sangaré (N.S) : Dès mon arrivée à la tête du ministère, il avait été clairement décidé que le 8-Mars allait être célébré 2 fois sous le thème de la mortalité maternelle, étant donné qu’en une année on n’a pas pu épuiser la question. La preuve est que cette année nous avons pu ouvrir sur le rôle des hommes. Nous avons ainsi l’opportunité de mettre l’accent sur le rôle des hommes qui constitue un aspect déterminant à la fois pour l’aggravation du phénomène et aussi pour sa réduction.

S : Qu’est ce qu’un homme peut faire concrètement dans ce combat contre la mortalité maternelle ?

N.S : Une grossesse est une affaire de deux personnes, une femme et un homme. La conduite d’une grossesse incombe alors à tous les deux. Il est donc pertinent, quand on fait l’analyse de tous les problèmes rencontrés par les femmes pendant la grossesse et l’accouchement, de s’interroger sur le rôle des hommes. Leur contribution peut se faire de différentes manières : appui psychologique, appui dans la répartition des tâches domestiques. Dès les premiers jours de la grossesse jusqu’au dernier jour, l’homme doit être présent aux côtés de sa femme afin que la grossesse se passe dans les meilleures conditions psychologiques, physiques… Deux attitudes prédominent chez l’homme : celle qui consiste à disparaître, à se désolidariser de la femme et celle d’un homme responsable qui accompagne sa femme du début jusqu’à la fin du processus et qui attend avec impatience l’arrivée de l’enfant.

Nous avons une autre situation, ce sont les grossesses entre « jeunes ». Dans ce cas, ils ont besoin de l’appui des parents qui doivent être responsables, soucieux de l’avenir de leurs enfants. Les parents doivent accepter accompagner la jeune fille.

S. : A quel niveau les femmes rurales, fortement concernées sont impliquées dans les débats pendant cette célébration ?

L’activité se mène dans toutes les régions du Burkina Faso. Nous avons donné instruction aux directions régionales de faire de leur mieux pour mobiliser les femmes. Avec les médias locaux et notamment la radio, nous espérons atteindre le maximum d’auditeurs et d’auditrices. Nous comptons surtout sur l’effet cascade. Le 8-Mars est la date à partir de laquelle, nous nous engageons au niveau national pour travailler pendant 12 mois sur la responsabilité des hommes dans la lutte contre la mortalité maternelle. Au cours de l’année, il y aura la poursuite d’activités pour sensibiliser tous les hommes et femmes et cela, à l’échelle nationale.

S. : Depuis une décennie, le même sujet revient. Est-ce à dire que le message ne passe pas ?

N.S : Le thème est récurrent car c’est la 7e fois que nous l’abordons au cours de la décennie 2000. Cela est dû au fait que l’on voit toujours des femmes mourir en donnant la vie. Il y a donc nécessité de continuer la sensibilisation de sorte que d’ici à 2015, il y ait une réduction de la mortalité maternelle de 307 pour mille (statistique de 2006) à 101 ou même 50 pour mille en 2015.

S. : Du point de vue de l’organisation, qu’est ce qui fait la particularité du 8-Mars 2012 ?

N.S ? : L’édition de 2012 est particulière parce que nous voulons que les hommes soient plus impliqués dans la célébration de ce 8-Mars. Habituellement c’est une manifestation pour les femmes avec les femmes. Les hommes ne se sentent pas toujours concernés. Le thème de cette année est fédérateur. Nous voulons que les hommes soient associés à toutes les activités. Que les hommes parlent aux hommes pour les sensibiliser.

Les innovations majeures, c’est l’organisation du dépistage du cancer de sein, d’une campagne de collecte de sang. Les femmes présentant des lésions précancéreuses seront prises en charge. Il y aura également la pose de la première pierre d’une maternité moderne à Dédougou.

S. : Des femmes se sentent exclues de la fête parce que n’ayant pas pu acheter le pagne. Ce pagne serait-il indispensable à la fête ?

N.S : Le pagne de 8-Mars n’est pas indispensable à la célébration de la journée, mais ajoute quelque chose à la fête. Le pagne ne doit pas être un facteur de discrimination, de stigmatisation, de frustration pour celles qui n’ont pas les moyens. Pour nous, le pagne est un support de communication. Il porte des messages-clés qui aident à la sensibilisation du public pendant toute l’année.
Nous avons essayé cette année de contenir les discordes autour des pagnes, en optant pour une seule couleur et en faisant en sorte que les prix soient contenus. Mais la spéculation est le fait des commerçants. Nous déplorons ce fait. Mais c’est une situation dictée par le marché.

S. : Une subvention des pagnes est-il envisageable ?

N.S : Si nous essayons, les revendeurs trouveront des astuces pour s’en procurer et vendre plus cher.

S. : Pourquoi pas un pagne sans date qui pourrait servir pour plusieurs années ?

N.S : Quel sera l’utilité d’un pagne sans date ? Nous pouvons réfléchir sur le sujet, mais je ne vois pas d’emblée comment ce pagne se présenterait. Nous recevons beaucoup d’interpellations et nous sommes en train de mener des réflexions sur la meilleure façon de procéder.

S. : A quarante-huit heures du 8-Mars, quels sont les échos qui vous parviennent de Dédougou ?sur la mobilisation des populations ?

N.S ? : La mobilisation est en marche depuis le mois de décembre. Le comité local mis en place travaille d’arrache-pied pour que toute la population se mette dans la danse. Au départ, nous avons rencontré les coutumiers, les religieux, les associations féminines, les médias locaux qui se sont engagés à porter l’information dans toutes les régions. Surtout avec l’expérience manquée de l’année dernière, il y avait une attente. La mobilisation sera forte car la population de Dédougou a sollicité avec insistance la célébration du 8-Mars 2012.

S. : Quel message avez-vous à l’endroit des hommes et des femmes du Burkina à l’occasion ce 8-Mars ?

N.S : Une forte mobilisation pour combattre la mortalité interpelle chacun. C’est la 7e fois que nous abordons ce thème. Ce sera la dernière fois si nous remarquons une réduction significative et définitive de cette mortalité.
Nous lançons un appel aux hommes parce qu’ils ont le pouvoir social et économique de protéger les femmes contre la mortalité maternelle. La mortalité maternelle ne connaît pas de statut social ni de milieu de résidence. J’appelle à la mobilisation pour que le 8-Mars 2012 soit un succès et qu’à partir de cette date et pendant toute l’année, nous puissions sensibiliser les gens autour de nous sur la réduction de la mortalité maternelle.

Interview réalisée par Assetou Badoh & Abibata Wara

Sidwaya

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