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Coupe du monde : Un champion dans ses petits sabots

Publié le mardi 28 juin 2011 à 02h11min

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Les dieux du foot avaient donné aux champions d’Afrique, mais l’Equateur a tout repris. Les Etalons cadets ont été incapables de gagner leur dernier match pour se qualifier. Ils quittent le Mexique la queue entre les jambes, avec au compteur un zéro pointé. Les raisons d’une débâcle inattendue.

Comment ces champions d’Afrique, ces Etalons si aimés et tant célébrés pour leur bravoure, à travers le pays par un peuple entier, ont-ils pu ainsi dégringoler ? Nous n’allons pas croire avec Séraphin Dargani, coach adjoint, que Bertrand Traoré a manqué aux Etalons et tout a été dépeuplé ! « Nous avions été obligés de nous passer de notre meneur de jeu, Bertrand Traoré, disqualifié par le règlement FIFA. Le remplaçant qu’on lui a trouvé, Patrice Zoungrana, a été blessé pendant la phase préparatoire. Il a été difficile de faire sans eux », a avancé le coach adjoint en conférence de presse d’après-match, pour tenter d’expliquer le fiasco de Mexique.

La situation est que les Etalons cadets sont renvoyés à Ouagadougou, avec des faits de guerre tristement rares. Le champion d’Afrique n’a marqué aucun point. Il compte zéro but marqué ! Jamais dans cette catégorie et à ce niveau de la compétition, le Burkina n’a été autant inexistant. En 3 participations préalables, les Etalons n’avaient pas été stoppés de la sorte. Il est vrai qu’en plus des réaménagements de l’effectif, les joueurs burkinabè ont été victimes d’un arbitrage qui frôle l’injustice. C’est d’ailleurs suite à des décisions iniques de l’arbitre dans l’opposition contre l’Allemagne que les Etalons ont perdu leurs deux milieux de terrain, Aziz Kaboré et Yaya Bamba, leur attaquant « secours », Ben Issa Zerbo et leur coach titulaire suspendu. L’équipe qui était déjà très moyenne, s’est d’avantage affaiblie face à l’Equateur. Peut-être que l’apport aurait pu changer la donne.

Mais, nous n’allons pas verser dans la facilité. Après tout, c’est des champions d’Afrique dont il s’agit. En plus, après deux défaites, les Etalons gardaient intacte leur change de se qualifier. Les dieux du foot ne pouvaient pas être plus gentils ! Il fallait battre l’Equateur et la qualification était dans la poche. Mais comme à son habitude dans cette compétition, c’est une équipe sans imagination offensive qui a été vaincue (2-0). Il sied de considérer aussi ce soutien total du public de Querétaro qui devait redonner des ailes à l’équipe. Et une fois à Guadalajara, c’était comme si un mot de passe « tu ne supporteras que les Etalons et ton pays » avait été donné.

Que fallait-il de plus ? Un buteur a manqué aux Etalons et rien ne pouvait marcher. L’attaquant attitré, Zaniou Sana, meilleur buteur de la CAN des cadets que le Burkina a remportée, était face un passage à vide. Et cela se vivait pendant les entraînements de l’équipe. Il courait et courait encore sur le terrain, mais rien. Même entre eux, il ne marquait pas. Il ne faillait pas s’attendre au miracle, le jour du match. L’autre raison est que l’encadrement technique a fait une confusion entre les compétitions. Le coach Rui Viera n’a-t-il pas refusé un match amical à Querétaro au motif que pour aller gagner la CAN, il n’en avait pas eu besoin ?

Les sessions d’entraînements ont permis de constater que les cadets ont des méthodes d’entraînement un tout petit pour dépassées. Après la phase de l’échauffement, il y a la phase de jeu en deux camps ! Le travail en atelier qui permet d’instaurer des mécanismes, tant en attaque qu’en défense, n’avait pas sa place. Juste le coach arrête sa partie de tant à autre, pour la reprise d’un corner, d’un coup franc ou pour replacer un joueur. Sans être un technicien, nous restons convaincu que ce sont les ateliers qui permettent à une équipe d’avoir une stratégie de jeu. En plus, le staff technique a été miné par des querelles d’égo. Le dialogue entre le coach et son adjoint n’était pas de mise.

A preuve, suite à l’expulsion de Rui Viera lors du match contre l’Allemagne, c’est Pedro, le préparateur physique qui a pris les commandes de l’équipe. De plus, quand le titulaire s’enferme dans les vestiaires sans son adjoint pour des tête-à-tête avec les joueurs dans le seul but d’éviter l’adjoint, il y a un problème. Par ailleurs, les encadreurs ont manqué de logique dans certains choix. L’exemple de Assim Traoré en est la preuve tangible. Ce garçon n’a pas été retenu dans la liste des 21. Mais suite à la blessure de Patrice Zoungrana, il obtient une seconde chance et revient dans le groupe. Contre toute attente, il est appelé pour remplacer un titulaire lors du match contre le Panama.

Quelle logique, ce joueur qui n’était pas jugé digne d’être parmi les 21, se retrouve ainsi parmi les 14 devançant sur le terrain, 7 autres ! Il est dit que les premiers seront les derniers mais là, il y a à ne rien comprendre. Surtout que le gamin, du temps où il était non retenu, n’avait pas droit aux entraînements et donc, faisait des tours de terrain quand le reste de l’équipe jouait. Enfin, la responsabilité de cet échec incombe aussi à la Fédération burkinabè de football (FBF). Pour avoir mal géré administrativement le voyage des Etalons cadets, l’équipe a été obligée de se passer, la veille du match contre le Panama, de son défenseur central, Romaric Banama et de Romaric Pitroïpa. Des erreurs administratives ont compromis leurs documents d’identité.

Utiliser ces joueurs exposait l’équipe à une réserve. Alors, les deux joueurs ont été mis au repos, le temps que les erreurs soient corrigées. Inacceptable à ce niveau ! La somme de ces manquements a conduit les Etalons cadets à l’échec du Mexique. La maigre consolation est qu’il ne faisait pas bon être champion de son continent dans cette coupe du monde. La Hollande, champion d’Europe en titre de la catégorie aussi, a plié bagages. Mais insuffisant face à l’espoir qu’incarnait cette équipe des Etalons.

Jérémie NION : Envoyé spécial au Mexique

Sidwaya

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