Hristo Stoichkov, ancien international bulgare : « Je n’ai pas changé de caractère »
Après avoir fait rêver des millions de téléspectateurs et de fans du FC Barcelone, Hristo Stoichkov, ancien international de football bulgare, ballon d’or 1994, est aujourd’hui ambassadeur de bonne volonté de la FAO. En séjour au Burkina pour soutenir le projet d’aide aux petits producteurs, nous avons pu obtenir une interview avec lui. Celui dont on a pu admirer le talent sur les pelouses européennes ainsi que le tempérament exceptionnel tient toujours à retourner sur le banc de touche en tant que coach.
Vous avez joué au FC Barcelone de 1990-1995 avec pour coach le Néerlandais Johan Cruyff. Quand vous suivez le jeu aujourd’hui avec Pep Guardiola, quelle différence notez-vous ?
• Ma génération est la meilleure (rires).
Mais actuellement le jeu est très rapide avec des joueurs très vifs comme Messi, Villa, Pedro, Iniesta, Xavi…
• Ça dépend des contextes de jeu. Mais c’est vrai que c’est une très belle équipe. En 1990, quand j’évoluais au Barça, l’équipe était différente avec beaucoup de caractère, de personnalité. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de passer 8 saisons là-bas (90-95 et 96-98). Et je dois dire que les 5 premières années que j’ai passées au sein de la formation Blaugrana ont été déterminantes dans ma carrière, notamment avec l’entraîneur Cruyff. Du reste, j’étais entouré de grands joueurs tels que Txiki Begiristain, Andoni Zubizareta, Michael Laudrup, Jose Mari Bakero, Ronald Koeman, Pep Guardiola, Andoni Goicoechea. Pour moi, la première équipe du FC Barcelone qui a remporté la champion’s league en 92 est la meilleure.
On se rappelle encore que la même année les médias européens ont estimé qu’en dépit du succès si vous n’aviez pas eu le ballon d’or, c’était en raison de votre caractère bien trempé…
• J’ai donc changé de comportement en 1994 ? C’est ce que vous voulez dire ? Je trouve que la presse européenne racontait n’importe quoi. C’est stupide, ces arguments-là. Je n’ai jamais changé de caractère.
Que deviennent vos coéquipiers de la sélection bulgare ? Les Balakov, Kostadinov, Ivanov, Lechkov… ?
• Ah ! ce fut un bon groupe. Balakov est coach en Bulgarie, Michael Laudrup est président de fédération, Kostadinov est manager de CSKA Sofia, Sirakov est également manager… Chacun a pu se trouver un bon job et c’est l’essentiel.
A la fin de votre carrière vous avez tenté une aventure en tant qu’entraîneur en 2004, notamment avec la sélection bulgare, mais cela n’a pas marché…
• C’est simple. C’est parce qu’il n’y avait pas de bons joueurs. C’est comme en musique : s’il n’a pas de bons instruments, il n’y a pas de bonne mélodie.
Mais peut-être que vous n’avez pas pris le temps de préparer la reconversion ! Car vous arrêtez de jouer en 2003 et vous êtes sélectionneur un an plus tard.
• Oui, j’ai pris cette décision à mon âme et conscience et j’avais les capacités de coacher. Cela ne me posait aucun problème.
Seriez-vous encore prêt à entraîner une équipe ?
• Bien sûr, je suis apte. Le football est toujours le même : c’est toujours une équipe de 11 joueurs. Si vous avez de bons joueurs, un bon système, tout roule.
Après votre génération en 94 avec cette place de demi-finaliste à la coupe du monde, le football de la bulgare a connu un déclin. Que s’est-il passé ?
• L’équipe a vieilli et les jeunes n’ont pas réussi à prendre la relève. En plus, les clubs n’ont pas effectué de travail de relève, car il n’y a pas eu de formation véritable à la base. Aujourd’hui, la Bulgarie n’a que 3 joueurs : Dimitar Berbatov de Manchester United, Marin Petrov de Bolton Wanderers et Stilian Petrov d’Aston Villa. Les deux derniers sont out car ne jouant pas pour la sélection. Les jeunes qui sont là n’ont pas d’expérience et n’ont pas le talent pour tenir tête aux autres équipes. En plus, les clubs sont pauvres.
Vous ne voulez pas apporter votre expertise ?
• Non je ne repartirai plus en Bulgarie. Jamais.
Pourquoi ?
• C’est fini, ça !
Vous ne voulez pas qu’il y ait un autre Stoichkov après vous ?
• Non, ça ne m’intéresse pas. Il y a des gens qui sont là-bas qui doivent faire le boulot, pas moi. Que chacun s’assume.
Que comptez-vous faire maintenant ?
• J’ai fait un bref passage en tant que coach en Afrique du Sud au Mamelodi Sundowns, de 2009 jusqu’en mars 2010. Ce fut une aventure merveilleuse, avec de bons joueurs. Mais j’ai dû arrêter, car le président du club ne déliait pas le cordon de la bourse, alors que le foot nécessite beaucoup d’argent. Actuellement je suis en négociation avec d’autres clubs. Les choses pourront peut-être se conclure après le mois de juin ou en septembre.
Apparemment vous n’allez pas quitter le monde du foot, même si vous êtes ambassadeur de bonne volonté de la FAO ?
• Bien sûr que non. J’ai cinq académies de football à Barcelone et une en Bulgarie. J’essaie de former de jeunes joueurs. C’est un travail passionnant et mes gamins me font plaisir.
En 2010, certains médias espagnols vous voyaient comme l’adjoint à Pep Guardiola au FC Barcelone ?
• Non, ce sont des rumeurs. Il n’a jamais été question que j’aille au Barça.
Mais ça vous dit ?
• Ma vie est à Barcelone. Je suis fier du travail de Pep. Il est bon actuellement. Mais pour ce qui est du futur, je n’en sais rien. Cela dépend de beaucoup de choses.
Quels sont vos plus beaux souvenirs au football ?
• Beaucoup de choses : le soulier d’or en 90 avec le CSKA Sofia, le ballon d’or en 94, la champion’s league en 92, la coupe du monde 94…
Et les mauvais ?
• Ma bagarre avec Louis Van Gaal. Je pense que cet homme est stupide et ridicule. Il ne connaît rien et je n’ai rien appris avec lui.
Propos recueillis, traduit et retranscrits par Kader Traoré
L’Observateur Paalga