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Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

Publié le vendredi 17 avril 2009 à 03h35min

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Les cas sociaux devront, désormais, aller voir ailleurs. C’en est désormais fini de ces bienfaisants logements sociaux ou à loyers modérés, qui ont permis à bon nombre de fonctionnaires et de salariés du secteur privé de bénéficier d’un toit décent, à la portée de leurs bourses et de vivre sans trop d’angoisse. C’est même grâce aux conditions particulièrement avantageuses qui étaient celles des cités du 4-Août, An II, III, IV et autres, que la plupart de ces locataires sociaux d’antan sont devenus aujourd’hui propriétaires de leurs maisons. Des nantis ont même amélioré leurs cadres de vie au point de les transformer en véritables bunkers ou en immeubles.

Avec l’apparition du phénomène de sous-location, les loyers initiaux ont été multipliés par 2 deux, voire par 4 ; certains proprios sociaux d’hier sont devenus aujourd’hui des marchands de sommeil au point qu’il n’est plus permis à n’importe qui d’habiter dans ces cités autrefois réservées aux travailleurs de la classe moyenne. Les temps ont vite changé.
Le besoin de logements véritablement à loyers supportables par la plus grande majorité est toujours aussi fort.

L’engouement suscité par le projet des « 10 000 logements sociaux » lancé en 2008 par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme a été sans pareil. L’appel à inscription ouvert entre le 18 janvier et le 24 avril 2008 a enregistré 28 189 demandes. C’est à partir de cette base de données que seulement 144 heureux attributaires ont été tirés au sort par un logiciel conçu à cet effet. L’opération a eu l’avantage de montrer l’abondance de besoin en matière de logements sociaux. Mais seulement une infime partie a été satisfaite. Et là encore...

En effet, si le nom « Cité de l’Espérance » donné à ce nouveau type de logements porte une charge symbolique certaine, sa réalisation a été largement en deçà des attentes des bénéficiaires. Tous - ou presque - s’attendaient probablement à des villas clés en main et habitables avec des commodités minimales telles que l’eau, l’électricité, le téléphone,... Mais plus d’un a été désagréablement surpris de constater qu’il n’y avait même pas une bonne voie d’accès à leur habitation. Comme on devrait s’y attendre, ils ont logiquement levé les boucliers et ont protesté contre ce qu’ils considèrent comme de l’« arnaque » du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Une réaction somme toute légitime, quand on sait que certains ont dû contracter un crédit à la Banque de l’habitat sur une période de 20 ans - à un taux préférentiel certes -, mais qu’ils ont dû caracoler d’autres crédits à gauche et à droite pour faire face aux frais de constitution de dossier d’assurance et des frais d’actes notariés.

Tout cela a dû être salé et très salé pour des travailleurs qui tiraient déjà le diable par la queue, surtout par ces temps où la « vie chère » s’en est terriblement mêlée. Qu’à cela ne tienne. Les « citadins de l’Espérance » ont tout donné pour réaliser, enfin, le rêve d’avoir un chez-soi à Simonville. Mais le rêve s’est vite transformé en cauchemar pour plus d’un. Ils ont hypothéqué pratiquement deux décennies d’économie pour aller finalement habiter dans une zone non viabilisée, pour ne pas dire “non-lotie”, au secteur 19 (Nonsin).
Blessés dans leur amour-propre, ils ont cru nécessaire d’inonder les colonnes des journaux pour ameuter l’opinion. Mais cela n’a visiblement pas plu au ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme qui, dans une colère noire, n’est pas allé par quatre chemins pour taper du poing sur la table comme l’a relevé un de nos confrères qui a rapporté le contenu de la rencontre entre lui et les représentants de l’Amicale des résidants de la Cité de l’Espérance le 23 mars dernier. Le discours était franchement hautain, pour des gens qu’on a embarqués dans une galère :

« Vous n’êtes pas plus Burkinabè que ceux que vous avez trouvés dans le quartier », avait martelé Vincent Dabilgou, comme pour signifier à ses interlocuteurs que s’ils n’étaient pas contents de ce qui leur a été fait, ils pouvaient aller voir ailleurs. Le sinistre de l’Habitat estimait ainsi que la plainte des « espérantistes » n’était nullement justifiée et qu’ils devraient plutôt se contenter de logements jugés « inachevés ». C’était à prendre en l’état ou à laisser. Sans blague !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce discours musclé semble avoir eu des effets. Du moins, le délégué des attributaires avait apparemment encaissé le coup. Il est apparu très fair-play dans ses propos. « Il (le ministre) nous a expliqué la philosophie du programme (des 10 000 logements). Nous avons noté que des efforts sont faits dans le sens des préoccupations que nous avons posées. C’est maintenant une question de délai », avait indiqué Madou Zaré.

Comme on peut le voir, le pauvre coordonnateur des résidants a dû se rendre compte que leurs complaintes ne changeront pas grand-chose à leur sort. Ils n’avaient qu’à se fier à l’agenda du ministère et laisser les choses se faire comme elles doivent se faire.
Ce qui est au moins clair, c’est que les nouveaux logements sociaux ne sont pas des habitats clés en main comme on pouvait le croire au départ. Les acquéreurs devront même faire bon cœur contre mauvaise fortune. Inutile de dire que certains ont dû regretter de s’être embarqués dans une galère pareille.

Plusieurs années après la Révolution, les logements sociaux ont bien eu le temps de changer de philosophie et aussi de coût. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des anciens bailleurs tels que la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) ont tenté, entre-temps, de revoir leurs loyers à la hausse. Il y a quelques jours, c’est la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (Sonatur) qui est entrée dans la danse, en informant ses locataires que les loyers vont passer de 75 000 à 150 000 F à compter du 1er avril. À ce rythme où « tout augmente sauf le salaire des travailleurs », on se demande si, finalement, les seuls logements sociaux dignes de ce nom ne sont pas ceux qu’offrent les quartiers non lotis au grand dam d’une extension sauvage de Simonville ?!

F. Quophy

Le Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 17 avril 2009 à 11:29 En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    Je crois savoir que cet article n’est pas du journal l’évenemenent, mais de JJ.

    Le webmaster devrait rectifier cela.

  • Le 17 avril 2009 à 12:41, par Libre penseur En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    Nous n’avons encore rien vu. SANKARA était une bénédiction divine pour le BURKINA FASO. Préparons -nous à souffrir davantage dans notre chair et dans notre âme.

  • Le 17 avril 2009 à 16:15, par N’dabi En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    Ceci dit, on peut regréter les cités que la révolution d’août avait créé pour son peuple. Ainsi, dans le souci d’offrir aux burkinabés des logements sociaux dignes du nom.
    Enfin, si le peuple ne peut plus faire confiance à ses institutions d’état, cela va de soit que l’on soit plus que inquiet.
    Vive la révolution !

    • Le 17 avril 2009 à 19:06, par Paul En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

      Le logement social au Burkina Faso signifie tout simplement exclusion du pauvre de la cite et attribution de logements construits sur le dos du pauvre au profit des classes moyenne et superieure. C’est ce que le logement social veut dire. Meme sous la revolution, des classes moyenne et superieure ont beneficie de differentes cites. Les pauvres n’ont plus droit a la cite. Simon Compaore ne disait-il pas tantot que ceux qui ne peuvent pas vivre en ville n’ont qu’a retourner au village ? Et bien, la politique du logement social, c’est de decourager le pauvre et de le chasser de la ville. Exemple le plus frappant : le projet ZACA. Que l’on me corrige si je me trompe.

      • Le 18 avril 2009 à 16:47, par wend waoga En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

        Bonjour,Paul !Je crains que vous ne risquiez de vous inscrire en faux en comparant le cas de la révolution à celui-ci !Ce qu’on a constaté sous la révolution a été le résultat d’un processus qui n’a duré que 4 ans !Ce dont parle l’article est le résultat d’un processus qui a duré 18 ans,pour compter seulement à partir de la première année républicaine !On peut alors considérer les logements réalisés pendant la révolution,comme relevant des travaux d’HERCULES,surtout quand on sait que le Burkina dans le temps,n’était pas du genre à courir après le FINANCEMENT COUTE QUE COUTE !Les financements de nature à ANÉMIER le pays au profit de l’investisseur,étaient écartés sans autre forme de procès !Vous conviendrez avec moi que le Burkina ne pouvait pas etre le chouchou du FMI !Et comme tout pays sans le financement,le Burkina devait se débrouiller pour vivre afin de jouir du choix de sa dignité et pour celà,il fallait cibler les investissements:en premier,les cadres de toutes classes qui sont sensés réfléchir à comment ne plus tomber dans la mandicité d’où,le logement en premier lieu qui était le minimum à avoir !Si vous connaissez chez Sankara à Bilbalogho,allez voir sa maison en tant que président,et comparez-la aux logements réalisés,il n’y a pas grand différence ! Aujourd’hui,on est meme pret à nous aculturer pour faire les yeux doux aux financiers,et les investisseurs viennent de tous les poles et ce,depuis 18 ans !Faites la comparaison ! Fraternellement !

  • Le 18 avril 2009 à 12:36, par DANTOULOGO En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    Je pense que dans toutes chose il faut savoir raison garder quoi ; comparaison pour comparaison même les cites du temps de la révolution en tout cas ceux dont on disait logement sociaux c’est à dire les AN 4 B et autres n’étais pas achéveés (électricité, eau, téléphone,rue )clés en main comme certains le pensent ;il y’avait les branchements électrique mais l’installation interieur n’existait pas ; les villas n’étaient pas plafonnés, sans peinture intérieur, les murs extérieurs inachévés , pas de portail, sans eau,routes d’accès compliquées ; ect ....
    Mais personnes ne discutait, on se sentait heureux tout simplement parce que tout le monde était convaincu de l’honneteté dans tout ça. Le cout d’acquisition de la maison était honnetement en déça de son prix réel à ce stade ; on sentait la main de l’état venir en aide à cette catégorie de citoyens sans grands moyens ;on ne demandait pas des avances aux bénéficiaires pour les obligers à s’endetter comme cela se passe aujourd’hui ; En matière de logement et de santé je pense que nos autorités doivent faire recour à nos valeurs traditionnelles dont l’honneteté ; prendre des frais de dossiers à 28199 demandeurs pour n’attribuer que 144 de surcroit avec des avances, ce n’est pas sérieux ; le projet ne semble pas muri dans un sens social ; quand les sociétés privés commerciales dans ce dommaine demandent des avances, elles remettent les clés maison terminés. revenons à nos sources ; L’HONNETETE SOUVENT ET NON TOUT POLITISER

  • Le 18 avril 2009 à 18:39 En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    A quand la fin du pillage ? Logements, Corruption à tous les niveaux... le pauvre burkinabe est toujours au premier plan. Trop, c’est trop.

  • Le 18 avril 2009 à 18:50, par RODRIGUE En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    SI VOUS FAITENT UN CALCUL RAPIDE VOUS VOUS RENDREZ COMPTE QUE CEUX QUI ONT SOUSCRIT A CETTE OPERATION ONT PAYE LA SOMME TOTALE DE CINQUANTE SIX MILLIONS TROIS CENT SOIXANTE DIX HUIT MILLE ( 56 378 000 ) FRANCS. ON VOUS DIRA JAMAIS A QUOI CETTE SOMME A SERVI ET AU PROFIT DE QUI ELLE L’A ETE. NOS AUTORITES POLITIQUES SE FOUTENT PAS MAL DE NOTRE MISERE. C’EST DU CHACUN POUR SOI. JAI COMMENCE A FAIRE DES BRIQUES DANS MON VILLAGE POUR Y RETOURNER APRES MON SERVICE RENDU A LA NATION. VOUS AUREZ BEAU CRIER PERSONNE NE VOUS ECOUTERAS ET SI VOUS NE CROYEZ PAS VOUS POUVEZ ESSAYER. VOUS POURREZ MARCHER ET REMARCHER MAIS RIEN NE BOUGERA. C’EST LE SYSTEME.

  • Le 19 avril 2009 à 19:51, par DJOSER En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    Alors, après tout ce qui a été dit, arretons les jérémiades et retroussons nos manches...chaque peuple mérite ses dirigeants, surtout quand ils sont élus au suffrage universel...s’en plaindre est faire preuve d’enfantillage, surtout qu’à de prochaines élections,on adoubera les mêmes pour recommencer à se plaindre de plus belle. MAY GOD SAVE OUR FASO !

  • Le 22 avril 2009 à 21:42, par GARWA En réponse à : Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

    En tou k, je m’était di q pour une foi ce regim prenai conscience d’un vrai problèm des burkinabés puisqu depui 20 ans Blaise n’a pas osé initier un projet d’1 tèl envergure ; mais malheureusemen j’ai encore eu tor d’esperer de se régim car pour 10.000 logemen,avec 100 foi plu de moyen en une année ce regim a construi moins de logemen qu’à l’an un de la Révolution.cè lamentable mais cè la réalité. 10.000 logemen 1 an aprè,144 burkinbés logés ;donc calcul rapide 10.000:144 égal 69 ans si le projet ne s’arètte pas pour mauvaise gestion qui restera suremen impuni com d’hab. Hééeee !!!!! ¨Pauvres de nous , qu’avon nou fai pour mériter ce régim et pour suremen encor longtemps . Dieu nou preserve des fins classiquement tragiques de ces genre de régimes ; Amen !!!!!!!!!!!!

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