Les victimes sont toutes des femmes âgées chacune de la cinquantaine environ. Comme de coutume, munies de pioches et de récipients, elles s’étaient rendues tôt le matin dans la carrière pour se procurer de la précieuse terre pour leurs activités de poterie. C’est là qu’elles ont été surprises par l’éboulement. Le site n’étant pas loin de l’école, le directeur de l’école M. Adama Noukoubri est l’un des premiers à être alerté. : « C’est de ma douche aux environs de 6h15 que j’ai entendu les cris des femmes.

J’ai accouru et arrivé, j’y ai vu trois femmes englouties ». Selon lui, les secours ont été prompts mais cela n’a pas suffi pour sauver toutes les victimes. Les corps de Alizéta Ouédraogo et de Mariam Sandwidi coépouses d’un même mari sont retirés des décombres sans vie. Elles ont été tuées sur le coup. Kayaba Poko Ouédraogo, la troisième victime, elle, rendra l’âme au centre de santé de Gounghin. Fracture au tibia pour la seule femme rescapée.
Trois morts en moins de quelques heures.

Cruel destin pour des femmes qui, au-delà de perpétuer une tradition de potières, cherchaient juste à gagner leur pain par le travail. Douloureux choc aussi pour le petit village de Bonéssin. Vive émotion chez les autorités administratives et politiques locales. Aussitôt informés, le haut-commissaire et son secrétaire général ont fait le déplacement sur les lieux pour partager la douleur des familles des victimes. Mais disons-le, ce n’est pas la première fois que la carrière de Bonéssin engloutit des vies. Il y a deux ans, une femme y a perdu la vie suite à un éboulement. La saison hivernale écoulée, un enfant de dix ans s’est noyé dans les eaux des galeries de la carrière.

La carrière ne sera pas fermée mais réglementée…

Suite à ces événements, le responsable coutumier du village avait déconseillé la fréquentation de la carrière. « Malgré cela, les femmes continuaient à venir creuser », raconte le directeur de l’école. Vieille de plusieurs décennies, la carrière de poterie du village Bonéssin est réputée pour la qualité de sa terre pour le métier de poterie. Aux temps où le métier de poterie nourrissait son homme, cette carrière faisait la fierté du village. Hommes et femmes s’y retrouvaient pour creuser. Mais depuis quelques années, les hommes, eux, ont changé d’activités.

Seules les femmes continuent de fréquenter la carrière. Celles-ci, sans se soucier de rien, creusent comme elles peuvent faisant des galeries de plus 1m50 avec les conséquences que l’on connaît, nous confiera plus tard le responsable coutumier de Bonéssin. A côté de ce site, s’est aussi développé un autre type de carrière. Celui de la confection de briques avec des fosses qui atteignent par endroit 3m de profondeur. Le directeur de l’école ne cache pas ses soucis : « A l’approche des pluies, je crains les noyades des enfants. Le site est pratiquement dans le domaine scolaire ».

Quel sort sera réservé à la carrière de poterie de Bonéssin, après ce drame ? C’est la question que nous avons posée au chef coutumier du village et au maire de la commune de Gounghin. Très éprouvé, le chef coutumier de Bonéssin, le Naaba Sanem Guindré a déclaré être favorable à la fermeture de la carrière. Pour lui, il faudra même sensibiliser les femmes à changer d’activités car le métier de potier ne donne plus rien. Le maire de la commune, Henry Ouango, entend soumettre incessamment un projet de délibération au conseil municipal qui va réglementer les carrières de poterie ainsi que tous les autres types d’enlèvement d’agrégats sur l’étendue de la commune. Selon le maire, dans chaque village, il sera mis en place un comité de gestion qui rendra compte à la municipalité.

Onésime Aké Loba LANKOANDE

Sidwaya