“Investir dans les femmes et les filles pour un développement humain durable, priorités et stratégies régionales”. C’est sous ce thème que le Burkina Faso a célébré le 8 mars 2009, Journée internationale de la femme. Dori, chef-lieu de la région du Sahel et de la province du Séno a abrité la cérémonie officielle présidée par l’épouse du chef de l’Etat, Chantal Compaoré. “Le thème traduit la volonté politique d’adopter une approche innovante de lutte qui se traduira par la prise en compte plus forte de la femme et de la petite fille dans les stratégies de développement à la base”, a déclaré Mme Compaoré devant les délégations venues des 13 régions du Burkina Faso à cette occasion. Cela, a-t-elle poursuivi, à la faveur de la décentralisation et de la communalisation intégrale dans lesquelles s’est engagé le Burkina Faso. Mme Compaoré a indiqué que les programmes d’émancipation de la femme s’inscrivent dans cette dynamique de développement. Et de son point de vue, aucune politique locale dans ce sens ne devrait contourner les préoccupations fondamentales des femmes et des filles, notamment celles liées à la santé, l’éducation.

La première Dame a lancé un appel aux autorités du pays à intégrer l’approche genre dans leurs actions de développement. Elle a invité particulièrement les décideurs régionaux à relayer les politiques initiées par le pouvoir central dans le cadre du bien-être et de l’épanouissement des femmes. Chantal Compaoré a également exhorté les partenaires techniques et financiers du Burkina Faso à s’impliquer dans le combat pour le développement socio-économique de cette frange de la population. “Mobilisons nos énergies et ressources pour relever les défis du développement durable au Burkina Faso et dans le reste du monde”, a-t-elle dit aux populations qui ont répondu massivement à la célébration de la Journée de la femme à Dori. Pour sa part, la ministre de la Promotion de la femme, Céline Yoda a expliqué le sens de cette journée en ces termes : “Journée symbole de notre solidarité et de notre détermination à lutter contre les inégalités liées au genre...”.

Des stratégies novatrices pour l’émancipation

Construire un monde de paix plus juste et équilibré, à travers la réduction des violences et des inégalités liées au genre, telles sont les motifs de l’engagement du pays des Hommes intègres dans la lutte pour l’émancipation des femmes. “Bien que majoritaires en nombre et actives dans tous les secteurs d’activités, les femmes continuent cependant d’être les plus défavorisées”, a-t-elle déploré.

Faible taux de scolarisation et l’analphabétisme, difficile accès aux soins de santé sont entre autres, des indicateurs caractérisant l’autre moitié du ciel. 2,3% du taux de prévalance chez les femmes enceintes de 15 à 49 ans, contre 1,6% dans la population (indicateurs 2007). Cette situation, a soutenu Mme Yoda s’explique entre autres, par le manque de pouvoir de décision, les pesanteurs socioculturelles et les pratiques traditionnelles néfastes. Elle préconise, pour résoudre ces problèmes, l’élaboration de stratégies novatrices en vue de valoriser les ressources humaines féminines. Son département a entamé des réflexions dans cette optique.

Similitude des difficultés

Le forum des femmes, organisé en novembre 2008 sous le même thème que la présente journée participe, de cette volonté. “La restitution des travaux de la région du Sahel nous conforte quant à la pertinence de l’initiative des réflexions menée cette année sur le thème et la qualité des résultats qui en découleront à travers toutes les régions du Burkina Faso”, a estimé la ministre Céline Yoda. Celle-ci a salué l’action des Partenaires techniques et financiers (PTF) et de toutes les personnes physiques ou morales dans la promotion de la femme.

Les PTF, par la voix de leur représentant, Philippe Fayet, après avoir salué les efforts du gouvernement en faveur du développement, ont réitéré leur disponibilité à l’accompagner.
Le gouverneur de la région du Sahel, Eloi Bambara, a souhaité la bienvenue aux personnalités ainsi qu’à toutes les personnes qui ont fait le déplacement de Dori.

Il s’agit notamment des membres du gouvernement, des chefs de missions diplomatiques, présidents d’institutions, représentants d’ONG ou d’associations féminines. Faibles taux de scolarisation, mariage précoce ou forcé, faible fréquentation des centres de santé, accès difficile à l’eau potable, sont quelques problèmes que connaît la région, particulièrement sa frange la plus vulnérable, c’est-à-dire les femmes et les enfants. M. Bambara a saisi l’occasion de la fête du 8-Mars pour lancer un cri du cœur pour l’appui technique ou financier nécessaire à l’amélioration des conditions de vie des Sahéliennes. Cri qui a reçu un écho favorable auprès des autorités du Burkina Faso et de ses partenaires au développement.

En effet, Mme Chantal Compaoré, l’opérateur de téléphonie Zain, le ministère de la Promotion de la femme et les Grands moulins de la Côte d’Ivoire ont remis un lot de matériel pour les activités génératrices de revenus des femmes de cette région, ainsi que des sacs de farine. 18 personnes engagées dans la lutte pour le développement des femmes ont reçu des distinctions dans l’Ordre national et l’Ordre du mérite burkinabè. La célébration du 8-Mars à Dori, marquée par les prestations musicales d’artistes de musique traditionnelle et moderne s’est achevée par un défilé des femmes issues de tous les domaines socioprofessionnels, une exposition des produits des activités de celles-ci et des réjouissances populaires. La région du Sahel regroupe les provinces du Séno, du Soum, du Yagha et de l’Oudalan.

Séraphine SOME

Aimée Florentine KABORE

sidwaya