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Site d’or de Doré : « Le respect de la vie humaine et la prudence avant tout »

Publié le jeudi 5 février 2009 à 02h28min

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Suite au décès de quatre (4) orpailleurs sur le site d’or de Doré, village de la commune rurale de Kain à une cinquantaine de km de Ouahigouya dans la nuit du lundi 02 au mardi o3 février 2009, le haut- commissaire de la province du Yatenga, Jean-baptiste Zongo, a été sur les lieux pour assister à l’enterrement des cadavres et en même temps s’enquérir des circonstances du drame.

Savadogo Noufou, 37 ans, et Savadogo Issa, 35 ans, tous deux du village de Kibilo dans la province du Zondoma ; Kirakoya Daouda du village de Tanvoussé(commune rurale de Koumbri) ; Tiendrébeogo Gilbert du village de Soaba (province du Kadiogo) ; voici l’identité des quatre personnes extraites des trous après l’éboulement sur le site d’or de Doré tout dernièrement. Informé du drame, c’est le mardi 03 février dans l’après-midi aux environs de 15h que le haut- commissaire de la province du Yatenga, Jean-Baptiste Zongo, s’est rendu sur les lieux.

Premier point de chute, l’endroit où on creusait les tombes pour enterrer les corps. Y l’attendait, le préfet du département de Kain, Mamoudou Belem, qui avait auparavant procédé à l’identification des corps. Une victime avait été enterrée avant l’arrivée du haut-commissaire. Les trois (03) autres corps couverts de vieux sacs et de seccos étaient gardés sous l’ombre d’un arbre juste à côté.

Avant l’ensevelissement des trois corps, les autorités sont allées sur le site. Deux agents de police chargés de la sécurité sur les lieux et les responsables des deux sociétés minières autorisées par l’Etat à acheter l’or sur ce site ont rapidement rejoint le groupe. La partie où s’est produit le drame était bien circonscrite. Rien n’indiquait un danger aux alentours de la zone. Le principal trou d’où sont sortis les corps communiquerait avec trois trous distants l’un de l’autre d’environ 4 à 5m.

Ces trous auraient été abandonnés par leurs propriétaires qui avaient fini de les exploiter ou qui les jugeaient dangereux. Dans des cas pareils, on entoure les trous de branches d’arbres épineux pour signifier leur dangerosité. Des précautions qui ne dissuaderaient pas du tout certains esprits téméraires qui se cacheraient la nuit pour s’y infiltrer à la recherche des pépites d’or.

Appelés « Top Men » dans le jargon du milieu, ces esprits malins voulant s’enrichir très rapidement s’exposent à tous les dangers, malgré les mises en garde et les interpellations des forces de l’ordre. Les quatre victimes de la nuit du lundi 2 au mardi 3 février 2009 feraient parties de ces imprudents. Reconnue par l’Etat, l’exploitation du site d’or de Doré a été confiée à la Société Minière Métal Or Burkina, et à la Société Minière Kindo Adama (SOMIKA).

Invité par le haut-commissaire à expliquer les dispositions mises en place, Kiemdé Saïdou, coordonnateur de la société Métal Or Burkina, a relaté toutes leurs difficultés à faire respecter les règles élémentaires de sécurité sur les lieux. Les orpailleurs n’auraient d’yeux que pour le métal précieux. Preuve de leur insouciance.

Pendant que le conseiller du village de Doré et quelques individus suaient à grosses gouttes pour trouver les dernières demeures aux corps, une bonne partie des orpailleurs vaquait tranquillement à ses occupations. Un comportement qui a intrigué le haut-commissaire, qui a vite fait de leur rappeler que le respect des morts a une valeur sacrée sous nos cieux et que rien ne vaut la vie humaine. Après l’enterrement, le patron de la province du Yatenga a invité l’ensemble des acteurs à cultiver l’humanisme et le sens de la responsabilité.

Cette catastrophe servira-t-elle de leçons aux autres ? Vu l’indifférence de la majorité des orpailleurs devant les cadavres, on ne finira pas de pleurer les morts sur ce site si des mesures énergiques ne sont pas prises. En attendant, une crise couve au sein des deux sociétés, qui se disputent la gestion des espaces sur le site. Les autorités gagneraient à s’y pencher sérieusement pour éviter un affrontement sanglant.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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