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Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

Publié le vendredi 23 janvier 2009 à 16h14min

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“L’idée était originale, pour ne pas géniale, et le produit, on ne peut plus utile : sur son calendrier 2009, la Manufacture des Arts Graphiques (MAG) a en effet placé les photos des grands chefs du Burkina avec leur nom de guerre (voir illustration).

Original parce que, sauf erreur ou omission, on ne se souvient pas avoir déjà vu toutes ces têtes couronnées sur un même support ; utile dans la mesure où ça permet de mettre un visage derrière chaque autorité, ce qui n’est pas toujours évident.

On voit ainsi le Moogh Naaba Baongo côtoyer le Naaba Saaga, roi de Tenkodogo ; le Kupiendiéli du royaume du Gulmu et son parent à plaisanterie, le Naaba Kiiba du Yatenga, M’Pa Yacouba Sanon, le chef de canton de Bobo-Dioulasso au-dessus de son esclave (ou de son maître, c’est selon), l’Emir Nassourou Abdoulaye Dicko du Liptako ; ou encore le Naaba Sonré, Dima de Boussouma ; chacun flanqué de sa garde rapprochée ou, si vous préférez, de ses ministres.

Un précieux document donc que ce calendrier pour les enseignants, les étudiants et les élèves, les journalistes et même le grand public. Hélas, le coup eût été imparable si, tout en haut à gauche de l’affiche, ne figurait en médaillon une photo du président Blaise Compaoré.

Que vient faire donc le chef de l’Etat sur un calendrier dédié, pensons-nous, à la chefferie traditionnelle même si ces concepteurs ne l’ont pas expressément dit ? Est-ce pour allier tradition et modernité et mettre en exergue la nécessaire complémentarité les deux pôles de pouvoir ?

En tout cas, cette présence plutôt incongrue ressemble à un cheveu dans la soupe ou à un mélange des genres et pourrait, à coup sûr, être diversement interprétée.

Dans un pays où on fustige souvent la conception nabale du pouvoir qu’aurait les puissants du moment et où le palais présidentiel de Kosyam est surmonté de gros bonnets de chef traditionnel, cette petite lucarne de Blaise fait un peu tache noire sur une belle œuvre qui s’en serait bien passé.

Vraisemblablement, la MAG, pour reprendre son slogan fétiche, n’a pas fait preuve, ici, de « performance au quotidien ». L’objectif était pourtant louable.

Téegawendé Cédric Yanogo

L’observateur

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2009 à 17:33 En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    Tres belle analyse, Cedric. Le merite de ce calendrier est qu’au moins cette "presence incongrue" de BC sur les calendriers des rois du burkina dit tout sur la perception, tout au moins subconsciente,du role du regime Compaore dans les mentalites. C’est une erreure freudienne tres significative.ce n’est pas bon signe pour la democratie.

    • Le 23 janvier 2009 à 21:25, par Paris Rawa En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

      Bonne analyse et merci pour la vigilance de l’esprit critique nécessaire pour guérir la démocratie burkinabè malade de ses dérives insensiblement destructrices.

      Il faut aussi faire remarquer que traditionnellement, celui de Tenkodogo porte le titre de Moog-Naaba. Dans sa langue, il est appelé donc Tenkodog Moog-Naaba Saaga, c’est-à-dire le Moogo Naaba Saaga de Tenkodogo. Il n’est pas inutile pour l’identité culturelle et historique de nos peuples de ne pas continuer dans la lancée de l’administration coloniale dont l’intérêt était de simplifier les structures autochtones des nos sociétés précoloniales.

  • Le 23 janvier 2009 à 18:21, par Bigbabli En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    D’aucuns disent que les Burkinabè ont mal à leur conception des pouvoirs, qu’ils ne savent pas où commence l’un, où s’arrête l’autre. Puis ils ne savent même plus où ni quand s’arrêter dans leur confusion des pouvoirs. Moderne, traditionnel, exécutif, législatif...

    En passant : "Le Kupiendieli" est un non-sens : on tient absolument à mettre toutes les royautés dans le même moule de dénomination, et on aimerait bien avoir "Le Kupiendieli" comme on a "Le Moog Naaba". Seulement "Kupiendieli" est le nom de règne du Gulmbado (l’une des dénominations possibles). L’appeler "Le Kupiendieli" reviendrait à dire "Le Baongo", "Le Kugri", "Le Kiiba"...

  • Le 23 janvier 2009 à 20:06, par N’dabi En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    La MAG aurait pu s’en passer de polémique en ne faisant pas figurer la photo de Blaise sur ce calendrier, qui à mon avis n’en demande pas plus, et qui plus est aurait d’autres problèmes à résoudre pour le bien être des Burkinabés.
    A mon avis, il serait temps d’arrêter de faire les lèche-bottes du pouvoir pour s’attirer de quelcoques sympaties déplacées.

  • Le 24 janvier 2009 à 11:42 En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    Merci pour l’analyse que vous venez de porter sur ce poster. je pense que le MAG a bien voire très fait de faire figurer la photo du président son excellence monsieur Blaise Compaoré. cela témoigne de la maladie dont soufre notre soit disant Démocratie qui a l’allure d’une cheferie traditionnelle.

  • Le 24 janvier 2009 à 14:33, par Franck En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    Je trouve assez amusante la position de Blaise sur le calendrier. De son coin, en haut, le regard tourné vers l’intérieur du rectangle, il semble avoir tous les chefs traditionnels dans son champ de vision. Quelle interprétation faut-il donner à cette position ? L’artiste pourra peut être nous répondre. De façon plus générale, si je considère ce tableau comme une œuvre d’art, je pense qu’il serait difficile de porter un jugement de valeur sur son contenu car on ne sait pas ce qui a réellement inspiré le concepteur. Je me bornerai simplement à dire que c’est une belle œuvre à vu d’œil mais qui gagnerait à être expliquée pour qu’on en tire la signification profonde.

  • Le 24 janvier 2009 à 18:50, par Mechtilde Guirma En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    Quand Paris Rawa dit que « celui de tenkodogo porte le nom de Moog-Naba », absolument. Mieux et pour preuve, à Ouagadougou dire qu’on s’en va dans la cours du Moog-Naba, on utilise la formule « M’dabda Panguê » (je m’en vais chez la « Puissance ». Par contre à Tenkodogo, la même chose se dit de la façon suivante : « M’dabda Painsê » (je m’en vais chez les « Puissances »). Ce qui souligne bel et bien le caractère transcendant du Tenkodogo-Naba. Car n’oublions pas que c’est le Royaume-mère. Cela ne veut pas que le Tenkodogo-Naba revendique des autres royaumes notamment celui de Ouagadougou des droits de suzeraineté. Pas du tout, les royaumes mossé dans leur principe ne sont pas des royaumes absolus quand bien ils se disent de « droit divin ». Cela veut dire tout simplement que les héritiers l’ont de leur père qui eux-mêmes l’ont de leurs ancêtres par l’entremise de Dieu (on rencontre parfois la formule Wend la moog-Naba…). C’est pourquoi nous avons employé le mot « puissance » plutôt que force ou pouvoir (le mot Panga voulant signifier les trois : Puissance force et pouvoir). Force implique un concept souvent négatif : l’abus, la violence, un État d’exception. Ce qui suppose que le roi n’est pas intègre (a ka burkin yé). Il abuse donc du pouvoir (Panga). Tandis que le burkina celui qui est intègre et use bien du pouvoir pour son peuple lui-là il est burkina, car à côté de cette puissance, de ce pouvoir, de cette force de frappe, il y a le pardon, la miséricorde la mansuétude : Pang tara Sugri disent les Mossé. Et quiconque qui proclame sa force, sa puissance, son pouvoir doit savoir le démontrer dans sa façon de gouverner son peuple (Fo san tar Panga, bif taal Sugri). D’où les noms-programmes qui préfigurent cette gouvernance et qui donnent droit à tout sujet d’interpeller le roi en lui rappelant ses noms de guerre. Bref je ne prétends pas ici donner un cours magistral de moral ou d’Éthique ou de bonne gouvernance, mais seulement quelques points d’histoire tels que je les ai appris moi même par mes éducateurs et éducatrices. Pour finir, le roi du Yatenga ne se glorifie pas du titre de Moog-Naba, il n’en a que faire pour être roi à part entière. Il est tout simplement « Ouahigou-Naba ». Cependant à chaque fois que le besoin se fait sentir, il peut rappeler que « Naama bé Ouagdogo, la panga bé Ouahiougouyo... » (Le pouvoir est à Ouagadougou, mais la force se trouve à Ouahigouya). C’est clair que celui qui a des oreilles entende (cela de nos jours est également dit dans un cadre de parenté à plaisanterie). A côté de ces rois, il y a également des Dimdamba et des Dimbi. Ce sont des rois issus des cours des Moogh-Naba. En fait Moog-Naba veut dire empereur et Dima roi (les moog nanamsé portent également le titre de Dimdambdima ou roi des rois). Mais tous ces titres ont des connotations différentes de celles que l’Occident a l’habitude de nous servir. On devrait donc comprendre ici les graves erreurs quand on s’affuble de nom de Moog-naba. En tout ca merci beaucoup Cédric. Que Dieu (« Wendé » te garde et crois-moi : « Ed faân tééga La mé ».

  • Le 25 janvier 2009 à 19:14, par VENDEL En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    LES ROI C’EST A VIE ; ET CE QUI S’ASSEMBLE SE RESSEMBLE !

    MAG DEVRAIT CONTINUER AVEC LES PROCHAINS PRESIDENTS DU BF(APRES BLAISE) ET ON VERRA QUEL CHAOS CE AMALGAME PEUT ENGENDRER

    KUFOR OU ATTA MILLS L’AURAIT FAIT ON Y TROUVERAI PAS D’INCONVENIENTS !

    SARKOSY AUSSI PEUT CHERCHER LES ROIS BARONS ET AUTRES NOBLES DE FRANCE POUR FAIRE SON CALENDRIER SANS PROBLEME

    SEULEMENT QUE CHEZ NOUS CA NE CADRE PAS AVEC LE PAYSAGE POLITIQUE !

    • Le 26 janvier 2009 à 09:49, par madina En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

      Cher Vendel, ne le prenez pas à coeur, Blaise Compaoré est l’intrus dans ce "calendrier !?" il n’est pas le chef des chefs traditionnels,alors il n’a rien à faire là !
      Mais ça se comprend, c’est une attitude, une politique alimentaire, des "burkinattitudes" (expression prêtée à JJ) qui nous empêchent d’avancer !
      Messieurs de la MAG,demain vous serez jugez, considérez sur la base de ce que vous faites aujourd’hui !

  • Le 25 janvier 2009 à 22:02 En réponse à : Calendrier des rois du Burkina : Que vient faire Blaise ?

    Belles leçons d’histoire qui risquent de pousser loin la polémique. En tout état de cause, l’exercice d’un mandat présidentiel (soit-il peu Démocratique)n’est pas un "naam".
    Si le DG de la MAG n’a pas réalisé cela, il n’a autre chose à faire que de présenter sa démission.

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