Arthur Kafando (président du comité exécutif de l’EFO) : “Le président Zico pourrait revenir”
Voilà maintenant presque deux saisons que le directeur général de la SONAPOST, Arthur Kafando, a été porté à la tête du comité exécutif de l’Etoile filante de Ouagadougou. Depuis, l’homme est resté silencieux et discret. Natif de Koulouba, quartier réputé comme étant le fief du club “Bleu-blanc”, M. Kafando avec des aînés et des amis veulent relever ensemble un défi : faire de l’EFO un grand club d’Afrique. Dans cet entretien, il nous parle de ses ambitions pour l’EFO et de tout ce qui entoure la vie du club, de la démission de Zico, de sa nouvelle organisation etc.
Sidwaya : M. le président, dites-nous comment êtes-vous arrivé à la tête du comité exécutif de l’EFO ?
Arthur Kafando (A.K.) : Je suis Etoile filante de Ouagadougou de naissance. Je suis un enfant du quartier Koulouba. C’est là-bas que j’ai connu l’EFO et je l’ai supportée depuis mon plus jeune âge. Des aînés, des amis ont bien voulu que nous puissions ensemble animer ce club qui fait l’honneur de notre pays. Ce que j’ai accepté avec honneur et plaisir.
S : On dit que tous ceux qui dirigent l’EFO sont des hommes de main de François Compaoré. Est-ce votre cas ?
A.K. : Je ne voudrais pas que vous fassiez de la fixation sur le conseiller économique François Compaoré. C’est un aîné que je respecte bien et que j’admire pour son engagement dans plusieurs secteurs d’activités de ce pays et notamment dans le sport. Je voudrais souhaiter que ce soit cela qui puisse être notre point d’attraction et non d’autres questions que les uns et les autres voudraient évoquer.
S. : Vous êtes, en plus de vos responsabilités à l’EFO, directeur général de la SONAPOST. Comment conciliez-vous les deux fonctions ?
A.K. : Il est vrai que parfois, il vient dans l’esprit des uns et des autres que cette lourde responsabilité dans la gestion des entreprises laisse peu de temps pour s’occuper d’une activité aussi prenante que le sport. Je pense que cela demande une bonne organisation. A l’EFO, nous nous sommes mis dans une dynamique d’organisation du club, de telle sorte que les charges ne reposent pas uniquement sur les épaules d’une personne. Nous pourrions ainsi nous donner un peu de temps pour que cette activité puisse être menée à bien et ne vienne pas influencer négativement notre responsabilité au niveau de la SONAPOST. Je pense que les deux sont conciliables et nous le faisons avec bonheur.
S. : Au niveau du comité exécutif, des changements ont été opérés. Nous voulons parler de la responsabilité des vice-présidents. A quel souci répond cette nouvelle façon de faire ?
A.K. : Lorsque nous sommes arrivés (le président du conseil d’administration, Lazare Banssé et moi), l’assemblée générale nous a confié un mandat. Il s’agissait d’organiser et de réorganiser l’EFO. De lui donner une bonne structuration afin que ce grand club puisse le demeurer. Ce à quoi le président Banssé et moi nous nous sommes attelés. Aujourd’hui, au sein du conseil d’administration, un travail se fait. Les organes se réunissent régulièrement. Au niveau du comité exécutif, nous avons pu étoffer les différents postes. Il y a eu des innovations significatives. Nous avons par exemple les postes de vice-présidents avec des responsabilités qui sont les leurs.
Le premier vice-président aura la charge des sports de main, afin de pouvoir dynamiser ces disciplines au sein du club. Le président Yamba Harouna Ouibiga, directeur général de l’ONEA, a cette charge. Nous avons un deuxième vice-président qui aura en charge la réforme du club. Nous avons jugé qu’il est bien que chaque discipline puisse avoir des textes et que chacun sache quel est son domaine de compétence et son domaine d’activités.
Nous avons confié cette responsabilité au directeur général du FONER, Me Mathieu Somé. Le troisième vice-président, Etienne Zongo, a la responsabilité des petites catégories et de l’athlétisme.
Au niveau de chaque section, nous avons souhaité que chacune d’elle, en plus de son président puisse avoir un adjoint, afin que nous ne soyons pas dans un vide de fonctionnement à un moment donné.
Il y a une particularité que nous avons créé au niveau de la section football. Au lieu d’un vice-président dans cette section, nous allons nommer un directeur technique qui secondera le président de la section. Ce sont-là quelques innovations que nous avons apportées au niveau de l’organisation de notre club.
S. : Votre première année aux affaires à l’EFO a été un franc succès : championnat-coupe du Faso. Cet exploit peut-il être réédité cette saison ?
A.K. : A l’EFO, nous avons attendu assez longtemps cette performance. Je voulais féliciter pour l’occasion toute la famille stelliste. Ce doublé a fait du bien au club et à l’ensemble du football burkinabè. Et l’ambition de l’EFO cette saison est de demeurer leader du football burkinabè. Nous n’avons pas pu remporter la coupe AJSB pour réaliser le triplé mais, ce n’est que partie remise.
S. : Depuis l’entame de la présente saison, le constat est que votre équipe tâtonne. Y a-t-il des solutions à apporter ?
A.K. : Je tiens d’abord à féliciter l’encadrement technique, les joueurs, les supporters pour leur mobilisation. Je n’oublierai pas la Fédération burkinabè de football, le ministère des Sports et des Loisirs et tous les acteurs du football burkinabè pour avoir pu faire démarrer le championnat.
Nous avons eu une période prolongée de repos et cela peut avoir des effets sur les mécanismes de nos joueurs. Aussi, l’EFO a eu quelques insuffisances constatées en attaque la saison dernière. C’est pourquoi nous nous sommes investis à combler cette lacune, même si pour le moment, ce n’est pas à la hauteur de ce que nous souhaitons totalement. Un travail a été fait au niveau de l’équipe dirigeante, afin de recruter quelques éléments pour renforcer l’attaque, notamment dans la perspective de la champions league.
S. : Parlant justement de la champions league. C’est déjà dans quelques jours pour les préliminaires. Quel sera l’objectif de l’EFO dans cette compétition ?
A.K. : Comme l’avait précisé le président Banssé, notre ambition est de réaliser une bonne compagne dans cette compétition. Nous n’allons pas faire de grandes promesses. Nous allons nous mobiliser afin d’avoir une participation honorable, d’abord en franchissant le premier tour. Je voudrais d’ailleurs inviter les joueurs et l’encadrement technique à mener un travail sérieux, afin que nous abordions cette compétition avec beaucoup de réussite.
S. : Vous confirmez que l’objectif de l’EFO dans cette compétition est de parvenir aux matchs de poule ?
A.K. : Effectivement, c’est de parvenir à ce niveau. Tous les moyens seront mis en œuvre pour cela.
S. : Quelle est la vision du président Kafando pour son équipe ?
A.K. : Le comité exécutif met en œuvre la politique et la vision du conseil d’administration. Ce que je peux dire, est que le conseil d’administration entend bâtir une grande équipe de l’EFO qui puisse faire la fierté du Burkina Faso sur le plan continental, afin d’être citée parmi les grandes équipes d’Afrique. Cela passe d’abord par une bonne organisation.
Offrir de bonnes conditions de travail à nos joueurs pour qu’ils se sentent bien dans le club, créer toutes les conditions d’organisation pour que les joueurs puissent s’épanouir, Créer également une organisation nécessaire pour que les acteurs de notre club omnisports puissent avoir la transparence et la bonne gouvernance pour répondre à l’ambition que nous souhaitons.
S. : L’actualité dans un passé récent a été la démission de Kassoum Ouédraogo Zico, alors président de la section football. Démission forcée, démission volontaire etc. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Votre version des faits M. le président ?
A.K. : Je crois qu’il faut dépassionner les débats. Le président Zico est toujours aux côtés du club et des joueurs. Il est “Bleu-blanc” et il le restera dans l’âme. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup pour son grand apport au football burkinabè et à l’EFO où il a été le porteur pour le doublé. Comme avait précisé le président Banssé à l’époque et je tiens à le préciser de nouveau aujourd’hui, le président Zico a simplement demandé à prendre un peu de recul par rapport à l’activité quotidienne de la gestion du club. Je crois qu’il faut lui reconnaître cette liberté. Comme il a déposé une demande de démission et que cela a été accepté, je ne pense pas qu’il faut polémiquer sur cette question.
Je n’ai pas d’autre version. C’est lui qui a souhaité pour plusieurs raisons, notamment pour mieux s’occuper de ses activités professionnelles. Je lui souhaite bon vent. Je souhaite qu’il reste assez proche du club parce qu’il restera un grand soutien pour le club. C’est ce que je peux dire au jeune frère Zico, que j’aime bien et je lui souhaite beaucoup de courage.
S. : Cette démission ne va-t-elle pas entraver un tout petit peu la bonne marche de l’EFO ?
A.K. : Je ne vois pas cela dans ce sens. Nous sommes tous appelés à des tâches données. C’est pourquoi nous voulons organiser le club, créer des conditions d’un management qui ne rende pas indispensable les hommes. Si la structure est bien organisée, si les responsabilités sont bien fixées, aucun homme n’est indispensable. Si vous reposez la structure sur la seule compétence d’un homme, vous vous rendrez compte qu’elle ne survivra pas au-delà de l’homme. Je souhaite que l’EFO ait une organisation pérenne. Le président Zico pourrait revenir, comme bien d’autres. La porte reste ouverte. Je souhaite qu’il puisse encore nous accompagner. Je l’admire beaucoup et je suis toujours en contact avec lui.
S. : Il a été remplacé par Boukary Sawadogo. Pensez-vous qu’il sera à la hauteur de la mission à lui confiée ?
A.K. : Je pense que le président Boukary Sawadogo que nous avons porté au poste de président de la section est un homme averti des questions footballistiques. Il anime depuis longtemps des activités sportives. Il a même soutenu l’EFO en nous donnant des joueurs à un moment donné. Je pense aussi qu’il a cette capacité de compréhension, d’analyse et surtout d’organisation. Et comme nous envisageons la mise en place d’un directeur technique, celui-ci sera en relation avec le président Sawadogo et avec l’encadrement technique. Ce qui donnera suffisamment d’expertise afin que nous ne soyons plus dans un semblant de vide au cas où il y aura une indisponibilité dans la prise en charge des questions de notre club.
S. : Un mot sur les autres sections de votre club. Comment se comportent-elles ?
A.K. : Nous avons effectivement le volley-ball, le basket-ball et l’athlétisme. Ce sont des disciplines qui se comportent assez bien. C’est vrai que le football prend beaucoup plus de place et de ressources. Mais, au cours de la saison écoulée, d’autres disciplines se sont assez bien comportées. Elles ont été très bien animées par des présidents de section qui ont de l’amour pour ce qu’ils font. Je voudrais ici les féliciter et les encourager pour le niveau d’organisation. A ce jour, au sein du comité exécutif, nous n’avons pas à redire au niveau de la prise en charge de questions d’organisation et de fonctionnement de ces disciplines.
Cela est un avantage. La contribution du comité exécutif est maintenant une question d’accompagnement. Il est vrai que pour le moment, nous ne sommes pas leaders dans ces trois disciplines mais nous avons fait de bonnes prestations tant au niveau national qu’au niveau du championnat d’Afrique. Je voudrais surtout féliciter le doyen Abass Seck qui, malgré son âge très avancé, continue de prendre en charge les questions de l’athlétisme. Au handball le président Ibrahim Cissé le gère mieux qu’une entreprise. C’est un bel exemple et nous l’avons sollicité pour qu’il puisse nous appuyer à la mise en place de ce modèle d’organisation, de son concept de parrainage : un parrain, un joueur. Pour la saison qui commence, l’ambition de l’EFO pour ces autres disciplines est de tenir les meilleures places.
S. : Les vœux du président Arthur Kafando à l’endroit du monde sportif ?
A.K. : Je voudrais formuler des vœux d’une bonne et heureuse année à l’ensemble des autres acteurs du monde sportif pour que cette année sportive qui commence soit celle de la santé. Je souhaite que tous ceux qui soutiennent le monde sportif puissent le faire avec des moyens conséquents. Que 2009 soit meilleure à celle que nous avons connue, en terme de résultats au niveau national et africain. Je voudrais souhaiter particulièrement pour mon club de réaliser le triplé en football sur le plan national et de donner du bonheur à l’ensemble des Burkinabè en champions league. Que le Seigneur notre Dieu garde le Burkina Faso et ses autorités dans la paix.
Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO
Sidwaya