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Arrondissement de Nongr-Maasom : Et si on parlait de ces yaars atypiques

Publié le vendredi 12 septembre 2008 à 08h32min

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Une fois tous les trois jours. C’est la périodicité de la quasi-totalité des marchés dans les villages burkinabè. Dans les quartiers périphériques de Ouagadougou, les marchés hebdomadaires sont en train de s’imposer comme des rendez-vous économiques incontournables. C’est le cas donc de l’arrondissement de Nongr-Maasom, où trois yaars ont lieu les mardis, les mercredis et les samedis. Il s’agit respectivement de Barrage yaar (secteur 24), de Arb yaar (secteur 23) et de Toukin yaar (secteur 25). Zoom sur ces trois cadres économiques.

Situés dans l’arrondissement de Nongr-Maasom, ces yaars sont tous hebdomadaires. Dans ces yaars, ont y trouve toute une variété de produits : des friperies, des pagnes, des ustensiles de cuisine, des produits cosmétiques, des œuvres artisanales, des chaussures, des produits de pharmacopées traditionnelles et bien d’autres choses. Des marchands de toutes les tranches d’âges, jeunes, vieux, vieilles et enfants, assis ou debout et même ambulants proposent aux clients leurs marchandises.

Difficile de se frayer un passage dans ces yaars, à cause de l’étalage anarchique des marchandises posées par endroits à même le sol. Ce qui n’est pas sans créer quelques heurts entre passants et marchands. Karim Sanfo, vendeur de friperies dit préférer ces yaars hebdomadaires, parce qu’il y a de l’affluence par rapport aux yaars ordinaires.

Même s’il reconnaît au passage, un léger ralentissement des affaires à cause de la saison des pluies. “C’est surtout dans ces yaars que je fais de bonnes affaires”, souligne-t-il. “Le mardi, je suis à Barrage yaar, le mercredi je suis à Arb yaar et le samedi, je suis à Toukin yaar. Les autres jours, je me repose”, nous confie Isabelle Kaboré, marchande ambulante de savon de toilette pour qui, seuls ces marchés atypiques comptent.

Aux nationaux, s’ajoutent les marchands d’autres nationalités qui fréquentent ces yaars. Opong Ben, un ghanéen d’à peine une trentaine d’années, malgré la distance qui sépare son domicile de ces yaars, affirme être régulier dans ces yaars. “Cela fait quatre ans que je fréquente ces yaars. Je vends des chaussures en cuir pour dames, que je fais venir du Ghana. J’habite au secteur 6, c’est à Kamsonghin”, précise-t-il.

« La réputation de ces yaars »

Moussa Garba est nigérien et est vendeur de plantes médicinales. Le visage charcuté de signes ethniques, il dit être un habitué de ces yaars. Venu du Niger, il y a environ deux ans, la réputation de ces yaars, a été le prétexte de son installation au Burkina. “C’est par l’intermédiaire d’un ami vendeur d’oignon que j’ai eu vent de ces yaars”, nous confie-t-il, en agitant une clochette, pour attirer l’attention des passants.

Quant à Yassia Olou, de nationalité nigérienne, elle est vendeuse de produits cosmétiques et préfère se limiter à Barrage yaar, à cause de son infirmité au niveau des membres inférieurs. Les autres jours, elle étale sa marchandise devant sa porte, non loin du yaar.

En ce qui concerne la rentabilité, les avis sont quelque peu divergents. “Les marchés hebdomadaires sont plus rentables que les marchés ordinaires”, affirme Arouna Soré, vendeur d’articles ménagers à Arb yaar. Même son de cloche chez Charles Kaboré, marchand à Toukin yaar.

Assis devant sa marchandise composée de chaussures pour hommes et femmes, des nattes et des sacs en plastique, il se prête à nos questions. Selon lui, les clients préfèrent attendre les jours de ces marchés pour faire leur achat. “Regardez l’affluence est grande, vous ne verrez nulle part cette affluence”, ajoute-t-il.

Pour Céline Kaboré par contre, le rythme des affaires a baissé. Elle se plaint de n’avoir pas pu écouler son stock de pagnes, qu’elle a pris à crédit chez son grossiste, il y a deux semaines de cela. “Avec la saison pluvieuse, le marché est mort”, marmonne-t-elle.

Du côté des acheteurs, on ne se plaint pas. Mélanie Boro et sa sœur cadette Nadège, toutes deux en vacances à Ouagadougou, n’ont pas eu du mal à s’acheter des produits cosmétiques à Barrage yaar. “Ç’aurait été à Tougan, on aurait déboursé plus de 500 F CFA pour acheter ce parfum”, dit la sœur cadette.

“J’ai acheté une chemise et un pantalon à 1 200 F CFA”, nous lance Victorien Kaboré l’air satisfait, en nous présentant ses achats. Si dans ces yaars, marchants et clients se rencontrent pour acheter ou vendre, c’est l’occasion pour certaines troupes théâtrales de sensibiliser le public sur les maux sociaux une fois l’attention rivée sur les acteurs sur scène.

C’est le moment propice pour certains individus sans scrupules de s’illustrer négativement. C’est ceux communément appelés les « pickpockets ». Entendez par là, les voleurs de porte-monnaie. Donc attention à nos bourses !
Histoire de Arb yaar

Contrairement à ce que pense l’opinion générale, Arb yaar existait bien avant l’incendie du marché Rood-Woko (survenu le 27 mai 2003). On raconte qu’un marchand du nom de Adama exposait ses articles ménagers tous les mercredis, dans l’espace jouxtant le marché du secteur 23 de Ouagadougou. Impressionnées par la qualité et le prix des articles, les femmes se seraient rendues régulièrement chez ce marchand, pour se procurer des articles de leur choix. Avec le temps, d’autres marchands auraient rejoint Adama. C’est de là qu’est né le marché de Arb yaar dans le courant de l’année 1999.

Paténéma Oumar Ouédraogo
(Stagiaire)

L’Observateur Paalga

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