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Jacques Sawadogo, ambassadeur du Burkina à Taïwan : “Je suis un témoin privilégié de l’excellente coopération entre Taïwan et le Burkina Faso”

Publié le jeudi 11 septembre 2008 à 08h46min

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La diplomatie burkinabè à Taïwan est dynamique. La preuve, il y a une quinzaine d’années, un homme a été chargé de conduire à bon port la coopération diplomatique, politique et économique du Burkina Faso sur l’Île. Jacques Sawadogo, aujourd’hui, doyen des ambassadeurs en poste à Taïpei est comme il l’affirme lui-même, “un acteur privilégié de cette coopération multidimensionnelle et bénéfique pour les deux pays”.

Sidwaya (S) : Excellence M. l’ambassadeur, faites-nous la genèse des relations diplomatiques entre la République de Chine (Taïwan) et le Burkina Faso

SEM Jacques Sawadogo(SEM J.S) : Les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et Taïwan ont été rétablies en 1994. Et l’ouverture de l’ambassade a été honorée par la visite de son Excellence le président du Faso en juillet 1994. J’ai eu depuis, l’honneur et le privilège de diriger cette représentation diplomatique jusqu’à ce jour. Pour faciliter le travail des diplomates, le gouvernement taïwanais a fait construire des locaux en remplacement des bureaux dont les coûts des loyers étaient très élevés. C’est ainsi qu’en 1999, nous avons aménagé dans le nouveau bâtiment dont le loyer est modéré. Dans ce bâtiment, il y a 18 ambassades dont les 4 africaines : la Gambie, le Swaziland, Sao Tomé et le Burkina Faso, qui entretiennent des relations diplomatiques avec Taïwan. Il y a aussi tous les pays latino-américains et les Caraïbes. Egalement, nous avons le Fonds de coopération qui s’occupe du financement de la coopération qui a ses locaux dans le même bâtiment. Cette disposition nous facilite la tâche dans l’exécution de notre mission.

S : Avec le nombre limité de vos agents (moins d’une dizaine) vous arrivez à remplir votre tâche ?

SEM J. S : Nous sommes exactement 9 personnes dont 3 agents de nationalité taïwanaise et les 6 autres sont des Burkinabè. Avec ce nombre, nous arrivons à remplir les missions qui nous sont assignées. Notamment contribuer au renforcement de la coopération et de l’amitié entre Taïwan et notre pays. A Taïwan, la vie est relativement chère. Donc, avec cet effectif mis à notre disposition par le ministère des Affaires étrangères, nous faisons de notre mieux pour remplir les missions et les objectifs à nous assignés.

S : le président du Faso était à Taïpei il y a à peine un trimestre pour l’investiture du nouveau président taïwanais, Ma Ying Jeou, est-ce que la coopération politique débouche sur un accroissement substantiel de la coopération socioculturelle et économique de Taïpei envers Ouagadougou ?

SEM J.S : Depuis l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays, nous avons une coopération très dynamique et très forte. En ce sens que cette coopération, à travers les coopérations mixtes, où les deux pays définissent biannuellement leur programme de coopération et font une évaluation du programme en cours, permet de dégager des perspectives pour les années à venir. Alors, depuis la première commission qui s’est tenue en novembre 1995 à Ouagadougou, les 6 commissions se sont tenues régulièrement sans interruption jusqu’à la dernière qui s’est tenue en avril 2006 coprésidée par les deux Premiers ministres (NDLR : celui de Taïwan et celui du Burkina Faso).

En tant que témoin privilégié de cette coopération, je peux affirmer qu’elle est excellente. Au départ, la coopération couvrait les domaines de l’agriculture et de la santé. Elle s’est aujourd’hui étendue à plusieurs secteurs importants et prioritaires pour notre développement. Entre autres, on peut citer l’hydraulique, l’éducation, la formation professionnelle et technique, les infrastructures sportives et culturelles, l’information, les appuis institutionnels, etc. Par exemple, 90% du financement des Engagements nationaux sont supportés dans le cadre de la coopération avec Taïwan. En outre, il y a aussi le financement des micro-crédits avec le Fonds d’appui au secteur informel (FASI), le Fonds d’appui à la promotion de l’emploi (FAPE), le FARF et une ligne de crédit ouverte à la BACB pour les paysans. Dans le domaine de la formation professionnelle, un grand projet est actuellement en cours d’exécution en vue de créer treize (13) centres de formation professionnelle dans les treize régions du Burkina.

Quatre (4) lycées professionnels seront ouverts pour contribuer à la lutte contre le chômage. Dans le cadre de ce projet, 17 formateurs burkinabè sont actuellement en formation à Taichung (NDLR : la 3ème ville de Taïwan). Pour l’année scolaire 2008-2009 qui s’ouvre, nous avons 33 étudiants burkinabè. Au début, ils étaient 6 et le nombre allant grandissant, nous avons accueilli 9 étudiants pour cette rentrée. Ils étudient dans des secteurs de pointe tels que l’informatique, les nouvelles technologies. Actuellement, il y a 4 ou 5 qui préparent des Ph D, des doctorats en mathématiques, en géologie, en informatique, en agriculture. Grosso modo, la coopération est très dynamique entre nos deux pays. En témoigne sur le plan des infrastructures, le financement de la construction de l’’échangeur –route de l’Est, le barrage de Yakouta, etc. Cette année, la 7 ème session de la coopération mixte se tiendra à Ouagadougou en octobre 2008.

S : En substance, quel sera le plat de résistance de cette 7 ème session de la coopération mixte ?

SEM J.S : Au cours de cette 7 ème session, les deux parties vont faire le bilan du programme de la 6 ème session et dégager les perspectives pour les deux années à venir (2009-2010). Notre pays a déjà préparé un certain nombre de projets qui feront l’objet de discussion entre les deux parties. Des décisions seront prises pour définir un certain nombre de projets à mettre en œuvre. Sans oublier, les visites des personnalités de haut niveau dans nos deux pays respectifs et la construction du grand centre hospitalier universitaire de 600 lits.

Ce sera un hôpital moderne car dans la région Afrique subsaharienne, ce n’est qu’en Afrique du Sud que l’on peut trouver les équipements de pointe dont va être doté ce centre hospitalier. Le chef de projet et l’ingénieur technique burkinabé ont été à Taichung visiter l’entreprise qui fabrique les équipements de cet hôpital. A l’occasion de mon séjour au Burkina Faso, j’ai été voir l’état d’avancement des travaux et cela augure que nous aurons un hôpital digne de ce nom.

S : Excellence, que peut-on retenir de la communauté burkinabé résident à Taïwan ?

SEM J S : En fait, compte tenu de la distance entre l’Île et le Burkina Faso, nous n’avons pas de travailleurs immigrés à Taïwan. Ce n’est que nos étudiants burkinabé qui constitue la communauté. L’an passé, ils étaient au nombre de 26, tous boursiers. Cette année, ils seront 33. Nous vivons en symbiose et de temps en temps, nous nous retrouvons pour des activités diverses. Ils ont mis en place une amicale qui fonctionne et ils se rencontrent assez souvent entre eux. A part les étudiants burkinabé et les travailleurs de l’ambassade, je dirai qu’il n’y a pas de Burkinabè à Taïwan compte tenu de la distance et du coût du transport.

Entretien réalisé à Taïwan par Daouda Emile OUEDRAOGO
(daouda.ouedraogo@sidwaya.bf)

Sidwaya

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