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Acrobaties sur la voie publique : Trouver des solutions pour étouffer le mal

Publié le vendredi 5 septembre 2008 à 06h46min

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Au quotidien, des familles sont endeuillées du fait de l’insécurité routière.

La route tue, tue et tue encore. Elle ferait quasiment autant de victimes que le paludisme et le Sida. En effet, annuellement, 1,2 million de personnes à l’échelle mondiale sont victimes d’accidents de la route selon l’Organisation mondiale de la santé.

Au pays des Hommes intègres, le phénomène est encore inquiétant. Au quotidien, des familles sont endeuillées du fait de l’insécurité routière. Malgré ce constat combien amer, certains événements heureux restent des occasions privilégiées où des usagers de la route

n’hésitent pas à manifester leur joie sur la voie publique. En effet, lors des mariages, des baptêmes et de bien d’autres cérémonies à caractère festif, la circulation routière est très souvent perturbée. Pour cause, le cortège d’engins mis en place pour la circonstance devient ipso facto le “propriétaire incontestable” de la route. Vitesse, acrobaties zigzagues, laisse-guidons, cascades et manœuvres de toutes sortes sont légion pendant ces moments d’euphorie. Et tout cela se fait au mépris du code et des autres usagers “disciplinés” de la route. Le phénomène est en train de prendre, si ce n’est déjà le cas, corps dans le substrat culturel des Burkinabè. L’incivisme dans la circulation routière de façon générale et pendant les événements festifs en particulier est un problème de sécurité publique. Combien de personnes sont fauchées innocemment chaque jour que Dieu fait du fait de l’insécurité routière ? Combien de personnes sont quotidiennement victimes d’accidents mortels ou dans une moindre mesure paralysées à jamais pour non respect du code la route ? Pour excès de vitesse ou simplement piquées par le virus de l’alcool, donc de l’ivresse ?

Evidemment, un nombre considérable au regard des statistiques fournies par les sapeurs-pompiers. De 2002 à 2007, la brigade nationale des sapeurs pompiers a enregistré 50 731 cas d’accidents de la route soit une moyenne annuelle de 7 247 accidents. Au vu de ces chiffres combien alarmants, il importe de circonscrire le mal pendant qu’il est temps. Surtout quand on sait que certaines occasions (fêtes) sont des moments où la bière, la liqueur, l’alcool de façon générale coule à flot. A cela s’ajoute le fait que Ouagadougou, jadis appelé “capitale des deux (2) roues” est en passe de devenir s’il ne l’est déjà, “capitale de toutes les roues”. Piétons, cyclistes, mtotocyclistes, véhicules à traction animale, automobilistes se partagent les mêmes voies. Dans ces conditions de circulation déjà intenses et difficiles qui provoquent pas mal d’accidents, peut-on accepter que des “euphoristes imprudents” mettent en danger non seulement leur vie mais aussi et surtout celle des paisibles usagers de la route ? Non ! Parce qu’il faut absolument éviter de jouer au médecin après la mort. Alors il convient d’arrêter le navire avant qu’il ne chavire. Le Burkina Faso doit impérativement travailler à mettre fin à ces multiples violations du code de la route, ces pratiques déviantes nourries par l’incivisme et l’indiscipline caractérisés.

Ce n’est pas parce que les organisateurs du mariage par exemple ont payé des frais pour l’occupation de la voie publique qu’on doit leur permettre toutes sortes de manœuvres et de pratiques qui contribuent à n’en pas douter à dégrader le bitume. Pire, même ceux qui ne s’acquittent pas de ces frais sont des acrobates imperturbables. Et cela, faute de réglementation et contrôle conséquents. Les ministères en charge du Transport, des Infrastructures et du Désenclavement, de la Sécurité et des municipalités doivent ensemble ouvrir l’œil sur ce fléau.

Le Conseil économique et social (CES) a bien raison de s’inquiéter quant à l’ampleur de l’insécurité routière. Au cours de sa première session de 2008, il a proposé, entre autres solutions “l’institution d’une année nationale de sensibilisation sur la sécurité routière, la généralisation de l’enseignement sur la sécurité routière et l’application rigoureuse de sanctions pour les infractions au code de la route”.

Dans cette dynamique, des cahiers des charges pourraient être initiés par les autorités chargées de la sécurité routière et soumis aux éventuels occupants de la voie publique. Aussi, la mise en place d’une Compagnie de la circulation routière (CCR) comme c’est le cas dans certains pays pourrait réguler et réduire un tant soit peu les acrobaties périlleuses sur les routes burkinabè. Car, c’est une question de vie et de survie. Et n’est-ce pas que toute vie est sacrée ?

Lassané YAMEOGO
(Stagiaire)

Sidwaya

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