Françoise Mbango médaillée d’or à Pékin : Les Camerounais volent au secours de la victoire
Les jeux Olympiques 2008 resteront, sans conteste, ceux du nageur américain Michael Phelps et du sprinteur jamaïcain sur 100 m Usain Bolt. Le premier, venu aux J.O. avec en tête l’ambition de glaner 8 médailles d’or en natation, a réussi son pari, fou. Ce qui fait de lui le sportif le plus titré de l’histoire des jeux modernes avec 14 médailles d’or.
Quant au Jamaïcain, il a tout simplement survolé la finale des 100m hommes, s’offrant au passage, avec une insolente décontraction, le record mondial grâce à un temps de 9s 69. Il a démontré que le sprint appartient désormais aux Jamaïcains, ce qui a d’ailleurs été confirmé par sa compatriote Shelly-Ann Fraser sur 100 mètres féminin.
Mais la palme du courage revient à la triple-sauteuse camerounaise Françoise Mbango-Etone. Malgré son titre de championne olympique à Athènes en 2004, l’on ne vendait pas cher sa peau cette année, car elle venait de sortir d’une maternité. Pire, elle est allée à Pékin contre la volonté de la Fédération camerounaise d’athlétisme, entre laquelle et l’athlète règne une atmosphère détestable. Celle-ci lui reprochait son irrégularité aux entraînements. Avait-elle vraiment le choix, vu que non seulement elle n’est pas une professionnelle, mais qu’en plus elle doit honorer son rôle de femme auprès de son mari ? Par suite donc de ces aléas, elle n’a pas eu l’autorisation de s’entraîner en France, pour la simple raison qu’elle n’est pas Française. Heureusement qu’elle a toujours répondu présente lors des grands rendez-vous.
Seule la lionne indomptable croyait en elle. Et à la force du jarret et de ses muscles, elle a réussi là où on ne l’attendait pas : lors de son deuxième essai, la fille volante du triple-saut africain a tutoyé les sommets en réalisant un triple bond de 15m39.
Aujourd’hui, Françoise Mbongo met tout le monde à ses pieds. Et il va s’en trouver parmi ses pourfendeurs, qui célébreront cette victoire comme la leur. Pourtant, ils n’ont rien fait pour l’aider au moment où elle avait besoin d’eux. Dieu merci, elle a su leur fermer le bec par sa victoire. Une victoire qu’elle a su aller chercher au fond d’elle-même. Quoiqu’on veuille, l’or glané par Françoise est désormais celle de tout un peuple, de toute une race d’athlètes, ceux qui croient en eux-mêmes.
Kader Traoré
L’Observateur