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Fait divers : Safi et le Marabout

Publié le lundi 16 juin 2008 à 13h15min

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Va, si ton problème ne trouve pas solution favorable, reviens et je jetterai mon coran et les hadiths, inch allah ! Telles sont les paroles rassurantes que Souley le marabout adresse généralement à ses nombreux clients. Mais Safi, une jeune demoiselle de la ville de Ouagadougou fera exception à la règle cette nuit-là quand elle est allée consulter Souley dans le but de retrouver l’homme de sa vie. Safi venait de franchir ses 30 ans de vieille fille communément appelée « Kôsom-barin ». Elle n’était jamais parvenue à rencontrer l’âme sœur qui aurait transformé la demoiselle en dame pour le bonheur de sa famille qui ne cessait de réclamer leurs « demba ».

Le désir ardant de Safi était de se marier peu importe le prix à payer, mais les hommes ne voulaient pas d’elle. Les rares admirateurs qui se présentaient à elle ont pour seul but de découvrir le contenu du fond de sa jupe. Elle enviait ses copines qui s’étaient mariées et qui menaient une vie de famille agréable. Pour n’être toujours pas mariée à son âge, Safi avait tout vu et entendu. Certains n’ont pas hésité à la traiter de tous les mots désagréables. « Je suis victime d’un mauvais sort », disait-elle.

Pour cela, il fallait trouver des voies et moyens pour neutraliser ce mauvais sort qui plane au-dessus de sa tête. C’est ainsi que par l’intermédiaire d’une de ses copines, elle apprit l’existence d’un marabout capable de résoudre son problème. Déprimée par le sort qui s’acharnait sur elle, elle se rendit chez Souley le marabout pour solliciter l’aide de ses hadiths. Elle trouva celui-ci devant ses livres, ses tablettes et son tas de sable. Souley fit savoir à Safi qu’elle est victime d’un mauvais sort de la part d’un homme dont elle aurait refusé la main.

Notre marabout prit le soin de dire à Safi qu’elle devait apporter une somme de 50 000 FCFA, un bélier blanc et un coq blanc afin que l’affaire soit réglée. Safi prise de panique, commença à verser des larmes tout en affirmant être dans l’impossibilité d’honorer la requête du marabout. Elle était issue d’une famille très pauvre et n’ayant aucun revenu lui permettant d’honorer cet engagement. Souley, obsédé sexuel, le sourire aux lèvres, invita Safi à faire l’amour avec lui pour compenser la requête. Après quelques moments d’hésitation, Safi accepta l’offre et se livra au marabout. Après quoi, Souley s’engagea à neutraliser ce mauvais sort en récitant des versets coraniques toute la nuit et en déboursant de ses propres poches ladite somme afin d’accomplir le sacrifice.

Mais nos deux complices n’avaient pas compté avec Biba, la deuxième femme de Souley qui probablement « était de service » cette nuit et qui, ne dormant pas au moment de leurs ébats, avait suivi tout le spectacle. Tôt le matin, elle fit le compte rendu à sa coépouse et la nouvelle fit le tour du quartier puis de la ville. Ce qui n’était pas fait pour arranger la réputation de Safi. A ce rythme, elle risque de courir toujours derrière un hypothétique mari qui ne viendra pas. Quant à Souley, il achève de convaincre que les bons marabouts ne courent pas les rues. Mais ce genre de pratiques malsaines finissent toujours par se savoir ; alors, à bon entendeur, salut…

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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