LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Fraudes aux examens et concours : Des condamnations et après ?

Publié le jeudi 27 septembre 2007 à 07h18min

PARTAGER :                          

17 juin 2007 à Ouagadougou : L’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS) anime une conférence de presse. Ordre du jour : cas de fraude enregistrés lors de l’examen du Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Des documents non autorisés ont été découverts pendant les compositions sur des candidats. Un comité de crise avait été mis en place.

Pendant ce temps, le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique sort ses griffes et décide de la reprise des épreuves de mathématiques et de physique-chimie dans les centres de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Les jurys concernés : Saaba, Tanghin Dassouri, Komki Ipala, Komsilga, Koubri, Pabré pour Ouagadougou ; Léna, Karangasso, Toussiana pour Bobo-Dioulasso. Les sujets du second tour du BEPC et des autres examens ont été remplacés. Les épreuves annulées ont été reprises le 18 juin et ont concerné 22 000 candidats à Ouagadougou et 12 000 à Bobo-Dioulasso.

19 juin 2007 : La direction régionale de la police du centre anime une conférence de presse pour faire le point des enquêtes. Ces enquêtes policières ont été menées de façon horizontale et verticale. Les premières ont permis d’appréhender une trentaine d’élèves. Les secondes ont consisté à rechercher la source de la fraude. Elles ont permis d’arrêter un membre de l’équipe de tirage.
Seydou Bouda, tout nouvellement promu ministre de la fonction publique par Tertus Zongo promet de frapper fort.
Au total, 55 élèves, parents d’élèves et l’agent de l’équipe de tirage ont été mis aux arrêts. Ils seront par la suite remis au Parquet.

Résultats de cette action en justice : Gouba Lassané Félix : 12 mois d’emprisonnement ferme et cent cinquante mille (150 000) francs d’amende. Les autres au nombre de 50 personnes ont été condamnés à payer 500 000F CFA d’amende.

20 août 2007 : Le ministère de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat anime une conférence de presse. Les cas de fraudes constatés aux concours de la fonction publique sont confirmés. 9 personnes sont arrêtées et déférées à la MACO en attendant leur jugement.

11 septembre 2007 : Le Tribunal correctionnel de Ouagadougou condamne 23 personnes dans le cadre des fraudes aux concours. Parmi eux : deux gendarmes ; un militaire, trois gestionnaires des ressources humaines ; deux éducateurs de jeunes enfants, deux infirmiers, deux chauffeurs, un pompiste, deux étudiants et un élève. C’est, soit en voulant aider des amis ou parents, soit en voulant se faire de l’argent que les sujets sont passés de mains en mains.
Les condamnations vont des amendes à 12 mois de prison avec sursis et à 12 mois fermes.

La bonne solution ?

Depuis les débuts de ces affaires de fraudes, tout le monde s’attendait à des sanctions exemplaires qui décourageraient tous ceux qui seraient dans le futur, tentés d’en faire autant. « Les sanctions à leur égard doivent demeurer exemplaires (pas de peines plancher, ni de grâces inopportunes), car à l’image de la corruption, la multiplication des cas de fraudes porte gravement atteinte à la réputation d’u pays », écrivait L’Observateur dans sa livraison n° 6969.
Il se trouve que ce n’est pas la première fois que de telles sanctions sont appliquées à des fraudeurs. Cela signifie que la fin n’est pas pour demain. Car, des problèmes de plus en plus structurels, ont besoin de solutions de fond.

En prenant l’exemple des entrées dans les ENEP : il y a de plus en plus de tests pour y avoir accès, en ce qui concerne ceux qui échouent au concours direct. Pour les dossiers de cette année, il semblerait qu’il fallait débourser au minimum 100 000 F CFA. Même 200 000 F CFA, selon certaines sources. Autrement dit, parallèlement au test, il y en a qui y ont accès par d’autres voies. La formule en cours : supposons qu’il y ait 100 places disponibles. Les 50 seront attribuées à travers les « deals ». Multiplier 100 000 F CFA par 50 ou 200 000 par 50. Ce sont des sommes colossales que des gens se distribuent dans les coulisses. Partout, on vous dira ça ne se fait pas, et pourtant ! La fin justifie les moyens. Et par conséquent, beaucoup de Burkinabé, sont prêts à tout pour arriver à leur fin. C’est une réalité !
C’est dire que la fraude et la magouille dans les examens et concours ainsi que dans d’autres domaines du domaine public prendront difficilement une fin. N’en déplaise à ceux qui ont le temps pour crier au respect de la morale et de l’éthique.

Le contexte ne permet pas de penser le contraire. Au Burkina Faso, attribuer des valises d’argent, distribuer des prébendes, ce que l’on appelle couramment les feuilles, est devenu le lubrifiant de la gouvernance. On achète la conscience des “grands”, et souvent par leur intermédiaire, on achète également l’honneur des “petits”. Tout est devenu de la marchandise. Tout, dans le sens propre du terme.

Les sanctions pénales ne pourront jamais arrêter le système. C’est une réalité aussi. Pour mettre fin à la tricherie, il faudra, une révolution, un changement des mentalités et des valeurs en vigueur au Burkina Faso. Il faudra des mesures radicales et courageuses. Des mesures qui, certainement ,n’arrangeront pas l’affaire des dealers et de leurs protecteurs. Soit l’on sera capable de prendre ces mesures et l’on en portera mieux, soit l’on sera incapable et bonjour une société où le mal fera office de bien, le vice office de la vertu...

Michel Nana

Bendré

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 septembre 2007 à 15:28, par kanzim En réponse à : > Fraudes aux examens et concours : Des condamnations et après ?

    Pour apporter une contribution à cet article, j’aimerais ajouter juste deux autres sphères où la corruption est active : les recrutements par certains bureaux d’études, se font par deals interposés ; en outre, certains recrutements par des ministères qui ont en charge la mise en oeuvre de projets financés par des bailleurs internationaux. Plusieurs jeunes se disent "Ce nest pas la peine de déposer des dossiers : tout est déjà ficelé", quand le recrutement se fait par ces bureaux d’études et autres ministères. Et comme beaucoup de bailleurs de fonds ne prennent pas le soin de connaitre la sociologie du milieu, ils foncent tête baissée et confient l’exécution des projets à des minstères ou le recrutement de spécialistes et personnel de soutien à des bureaux locaux. Les résultats sont clairs : les critères de sélectionsont les mêmes : débourser beaucou d’argent, ou appartenir à la même mouvance politique, ou pouvoir assourvir les bas instincts sexuels. Dans un autre domaine, il faut citer la partcipation aux séminaires ou ateliers, ou à des missions : si l’agent ne consent pas à partager ses per diem avec son supérieur hiérarchique, il n’ira plus à un atelier, ou à une mission. Je ne parle pas pour l’instant, ds nominations à des postesde responsabilité, qui n’échappent pas à ces deals. et les résultats sont clairs:des projets exécutés par l’etat qui clament ue réussite démentie par le terrain, des agents incapables et impropres aux exigences du poste où la magouille les a placés. Si le jugement des fraudeurs a été bien et très bien conduit, il n’en demeure pas moins que, effectivement, il ne pourra pas détruire les tentacules du pourrissement quasi général de notre faso : de nouvelles stratégies seront toujours trouvées par les voleurs e leurs complices, et des boucliers politiques, financiers et népotistes seront toujours là pour perpétuer la gangrène de la corruption. Il n’y a de remèdes à cela, que par la révolution des mentatlités, et la révolution...

  • Le 27 septembre 2007 à 18:12, par Zemosse Gérard En réponse à : > Fraudes aux examens et concours : Des condamnations et après ?

    c’est beau de dire que les sanctions pénales sont inefficaces ;quelles solutions monsieur propose t-il ?c’est ça qu’on aimerait lire ;évitons de trop théoriser .même si vos propositions ne sont pas considérées par qui de droit, vous aurez joué votre partition .

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique