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Les oubliés des projets de développement

Publié le vendredi 21 septembre 2007 à 07h54min

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Au Burkina Faso, les ateliers de validation des projets et programmes abondent. Lors de ces cérémonies d’ouverture et de clôture médiatisées à la hauteur de l’événement, techniciens de terrain, partenaires techniques et financiers ne manquent pas de faire des démonstrations à travers discours, projections...pour magnifier les résultats des travaux.

La présence massive et remarquée des populations bénéficiaires est le signe d’une démarche particulière dont le souci est d’associer tous les acteurs de la chaîne à la célébration des résultats obtenus. Quoi de plus normal ! Ne dit-on pas que les chantiers du développement sont l’affaire de tous.

Si l’on s’en tient à cette démarche, on ne peut que congratuler les experts pour “leur trouvaille magique”, dont l’application devrait booster le développement et faire reculer la pauvreté. Mais en poussant la réflexion plus loin, l’on peut se rendre compte au cours de certains ateliers de validation que les populations locales bénéficiaires ne sont que des spectateurs, “des applaudimètres”.

La manifestation de leur joie et les applaudissements, au cours des cérémonies de validation ne reflètent en rien leur implication dans la mise en œuvre du document à valider. Il suffit de leur demander leurs impressions sur le contenu du document validé qu’ils tiennent soigneusement dans une chemise, pour s’en rendre compte qu’ils n’en savent rien. “On ira lire le document pour nous en imprégner” ou encore “ce sont les techniciens nationaux et internationaux qui ont élaboré le document, donc nous supposons que les résultats sont crédibles”. Ces propos sont la preuve que les représentants des populations locales sont heureux que l’on se penche sur leurs préoccupations. Un sentiment de satisfaction légitime.

Cependant, comme le dit l’adage populaire “c’est bon, mais c’est pas arrivé”. Un atelier de validation d’un document suppose que les points de vue des populations locales bénéficiaires ont été prises en compte. Les techniciens ont beau déceler les problèmes existants il y a une dimension qu’ils perdent souvent de vue.
Il s’agit de l’aspect socioculturel. Un programme ou projet ne peut être “mathématiquement” vérifié mais son application ne peut être possible qu’avec l’implication réelle des populations.

Leurs points de vue, leurs aspirations culturelles...doivent être de mise. Ce n’est qu’à partir du dosage entre l’attente des gouvernants, des bailleurs de fonds et de celles des populations à la base qu’un projet ou programme atteindra les résultats escomptés à terme. Raison pour laquelle certains ateliers de validation devraient associer les populations en amont et en avale, c’est-à-dire lors de la conception et à la fin du projet. Autrement, la présence remarquée des représentants des populations lors de ces ateliers de validation tiendra lieu uniquement de faire valoir.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 septembre 2007 à 15:12, par Kanzim En réponse à : > Les oubliés des projets de développement

    Je partage l’avis de M. Touré. Dans toute la chaîne du projet, tout le monde est grugé :
    Les bailleurs se contentent des résultats des ateliers de validation pour les soumetter à d’autres sources de financements. Les représentatnts des bailleurs, prétendûment appelés experts ou représentants,organisent localement ces ateliers de validation, tout en aiguillonnant les avis des bénéficiaires, qui malheureusemnt savent imaginer parfaitement les attentes de ces représenatnts, et moduler ainsi leurs discours sous un angle de réussite. Le même scénarion se voit quant il s’agit de projets pilotés par l’Etat. Les publi reportages qui servent à démonttrer la mirifique réussite du projet, ne prennent même pas soin de respecter les télespectatateurs : on montre des femmes endimanchées, des hommes très bien habillés sur des chantiers comme le ramassage de cailloux sauvages pour les cordons pierreux par exemple. Et tous ceux qui sont interviewés font la "pro dada" du bailleur, du représentant national et autres vers mous intervenant dans le projet. Voici un exemple : un jour s’en étant allé auprès d’acteurs organisés pour des activités économiques, et afin de leur annoncer que des membres du Conseil d’Administration viendraient au Burkina pour leur rendre visite, voilà ce qui fut dit à Kanzim : "Ne t’en fais pas kanzim ; nous allons rendre tout parfait, et quand tes blancs viendront, ils seront très contents de toi". Alors Kanzim décida d’annuler la visite, en précisant aux bailleurs qu’ils enfonceraient une porte ouverte s’ils venaient ;, parce que tout serait parfait, ils n’auraient aucune chance de déceler les contrainte et obstacles liés au développement.
    La proposition de M. Touré de Sidwaya serait donc un remède à des situations de ce genre : conscientiser les populations bébénficiares pour une appropriation effective du projet, et par une libération vis à vis des représentants et autres commis. Faire comprendre aux bénéficiaires que les fonds ne sont pas le fait du représentant,du commis ou du Coordonnateur. Les former à une animation qui leur permettrait de donner un SENS réel à leur situation et de saisir leur responsabilité dans la réussite des projets, projets dont l’échec ne devrait pas être camouflé. Ceci passe certes par leurs responsabilisation, mais aussi et surtout par leur participation active et consciente au processus d’évaluation.

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