Il est 17h30, heure de pointe à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Dans le quartier Koulouba et précisément sur l’avenue John-Kennedy, un groupe d’hommes, jeunes et moins jeunes, est assis devant une cour, en bordure de la voie. Ces hommes crient, rient, parlent avec de grands gestes... ils se chamaillent. Mais, qu’est-ce qui les excite tant ?
s’interrogent les passants.

C’est le jeu de belote ! Ces messieurs, parce qu’il s’agit uniquement d’hommes, jouent à ce jeu de cartes par levée ou par combinaison. Il est composé de 32 cartes et se joue aussi bien avec atout que sans atout. Sur cette avenue, les chômeurs, les retraités, certains fonctionnaires se réunissent dans la matinée, aux environs de 10h et à partir de 12h30 arrivent les fonctionnaires.

Toutes ces personnes réunies sont des camarades, des collègues... Et selon Moctar Konfé, un joueur accompli, "la belote est un divertissement qui réunit toutes les catégories d’hommes et nous sommes tous entre camarades de longue date". Et monsieur Roger Zami de renchérir : "Il y a des affinités qui naissent entre nous. Ce jeu nous permet non seulement de passer le temps mais aussi de développer des relations". Les joueurs de belote se retrouvent autour d’une table appelée la "table 422" et aux dires de M. Zami, "la table" existe depuis 35 ans et demeure toujours au même endroit.

Il a poursuivi en précisant qu’il joue depuis l’année 1961 pendant qu’il était au lycée, pour témoigner de la passion qu’il a pour ce jeu. Selon les passionnés de ce jeu, le fait de se retrouver impose aux membres du groupe des devoirs. Lesquels devoirs portent entre autres sur l’assistance sociale, qu’il s’agisse de mariage, de décès, de baptême... La "table 422" compte au moins 300 membres parmi lesquels des réguliers, des irréguliers, des fidèles et ceux qui sont de passage. Le jeu de belote impose aussi des règlements comme dans tout autre jeu et chacun est tenu de les respecter.

Le jeu de belote est réglementé au niveau national par le ministère des Sports et des Loisirs. Et d’après Moctar Konfé, "au temps de la Révolution, nous avons remporté la coupe de la belote au stade municipal. Et c’était Adèle Sawadogo qui était ministre des Sports et des Loisirs de l’époque". Pour conclure et pour défendre son club de jeu, le président de la "table" Vincent de Paul Douamba lance un coup de cœur en invitant tous les membres à se perfectionner pour prendre part aux grandes compétitions afin de glaner d’autres coupes.

K. Yolande GOUNABOU
Aïda A. OUEDRAOGO
(stagiaires)