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Tour de France : La petite reine n’a plus son charme d’antan

Publié le jeudi 26 juillet 2007 à 07h29min

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C’est finalement par la petite porte que le Kazakh Alexandre Vinokourov, leader de la formation Astana, a quitté le tour de France qui reste sans conteste le plus grand tour cycliste au monde.

Il était bien obligé de ranger son vélo, lui qui a été contrôlé positif à une transfusion sanguine homologue à l’issue de l’épreuve du contre-la-montre qu’il avait du reste remportée samedi dernier à Albi.

Le voilà donc convaincu et dans le pétrin pour suite à une transfusion sanguine homologue, opération consistant à transfuser à quelqu’un le sang d’un donneur compatible ayant le même groupe sanguin et le même rhésus que le receveur. L’analyse poussée du sang de Vinokourov a évidemment permis de révéler la présence de deux groupes de globules rouges. Conséquence : le cycliste et toute la formation Astana ont quitté le Tour.

Une affaire qui jette l’opprobre et le discrédit sur une discipline et un des événements sportifs les plus médiatisés dans le monde. A croire que le Tour de France, dont la 94e édition a débuté le 7 juillet dernier, est frappé d’une malédiction nommée dopage. Une sombre affaire qui n’est pas en réalité que l’apanage du seul tour de France, loin s’en faut.

Il est juste de reconnaître que depuis une décennie, le cyclisme est annuellement éclaboussé par des histoires de dopage. L’affaire Festina en 98 restant dans les mémoires comme le grand début des déconneries des sportifs avec la complicité de leurs encadreurs.

Serait-ce parce que les cyclistes actuels, appâtés par le gain à moindre frais, sont prêts à tout pour revêtir le maillot jaune et monter ainsi sur la plus haute marche du podium ? C’est possible.

C’est connu qu’une fois hissé à cette marche, non seulement on est médiatiquement propulsé par la presse et les publicitaires au firmament, ce qui rapporte gros, mais aussi et surtout on engrange illico presto de l’argent frais. C’est dire que si l’on n’y prend garde, la tentation est grande de succomber à cette facilité.

Mais à vrai dire, ce ne sont pas seulement les coureurs tricheurs et qui se font prendre lors d’un contrôle qui perdent dans cette affaire. Le Tour de France perd aussi en crédibilité. Ce qui pourrait faire que les annonceurs soient particulièrement réticents à mettre la main au portefeuille.

Mais à bien analyser les choses, on se rend compte qu’en réalité, le dopage est une pratique courante dans ce sport d’endurance et que si on en parle maintenant beaucoup, c’est tout simplement dû au fait que les moyens de contrôle se sont beaucoup perfectionnés et que ce qu’on ne pouvait mettre en évidence avant-hier n’est plus aujourd’hui qu’un jeu d’enfant pour nombre de laboratoires médicaux.

Les sportifs le savent très bien tout comme ils savent les risques et les sanctions qu’ils encourent, mais on a l’impression que c’est plus fort qu’eux, comme s’ils sont érythropoïétine (EPO) dépendants.

Naturellement, les responsables du Tour de France sont mécontents de toutes ces scènes nauséabondes qui ternissent l’image et la notoriété du Tour. Ils sont d’autant plus amers qu’à chaque fois, de lourds soupçons de dopage pèsent sur les vainqueurs et que malheureusement, au finish, elles se confirment.

Le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, a reconnu la « faillite absolue du système » d’organisation du cyclisme et a regretté le fait que ces pratiques perdurent encore. Mais elles ont toutes les chances de perdurer, car aujourd’hui, le Tour de France n’est plus simplement une manifestation sportive, mais il est aussi et surtout devenu un vrai business au sens américain du terme.

Cette dérive, cette monétarisation à outrance du sport touche au premier chef sinon au même degré les autres disciplines sportives comme le football, le basket-ball, l’athlétisme, etc. Le scandale des matchs truqués dans le championnat de foot italien en 2006 est là pour nous le prouver.

Ici et là, on assiste à des rencontres sportives truquées, faussées au cours desquelles le leader ne l’est que parce qu’il a s’est plus dopé que son adversaire ou parce qu’il s’est arrangé avec les juges du jeu moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

La forfaiture a atteint un tel niveau qu’on se demande s’il est encore possible de réformer les choses. Dieu argent, quand tu nous tiens !

Et on se met à regretter l’époque des Eddie Merckx, Jacques Anquetil, Miguel Induran, Laurent Jalabert et autres... C’est tout dire, la petite reine n’a plus son charme d’antan.

San Evariste Barro

Observateur Paalga

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