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Match des Etalons perdu sur tapis vert : "Nous ne comprenons pas une telle décision"

Publié le jeudi 1er mars 2007 à 07h45min

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Le match aller perdu sur tapis vert par le Burkina devant le Ghana par 3 buts à 0 dans le cadre des éliminatoires des jeux olympiques Pékin 2008, continue de susciter des commentaires. Sur le terrain, les Burkinabè avaient pourtant eu le gain du match en l’emportant par 2 buts à 0.

Qu’est-ce qui s’est passé, y a-t-il eu une méconnaissance des textes, une incompréhension quelque part ? Pour mieux comprendre ce qui s’est réellement passé, nous avons approché le secrétaire général adjoint de la Fédération burkinabè de football (FBF), Dominique Nana qui explique comment les choses ont été vécues.

Le Pays : Comment expliquer que le Burkina perde son match face au Ghana sur tapis vert alors qu’il l’a gagné sur le terrain ?

Dominique Nana : Nous pouvons juste relater les faits. Ainsi, nous avons reçu de la FIFA une circulaire qui datait du 3 août 2006 et concernait le tournoi olympique de Pékin 2008. Cette circulaire parle des compétitions préliminaires entre des confédérations et autres informations. Pas une seule disposition de cette circulaire ne fait état du tournoi final. Effectivement, il y était prévu que ce sont les joueurs nés à partir du 1er janvier 1985 qui pouvaient prendre part à cette compétition. En octobre 2006, nous avons reçu du Comité international Olympique (CIO) et de la FIFA, une autre circulaire, la 11, qui parle encore de cette épreuve et prévoit dans son chapitre réservé au système de qualification, l’admissibilité des joueurs.

Dans toutes les dispositions, il est dit qu’il y a des joueurs nés à partir du 1er janvier 1985, ensuite les joueurs qui ont participé au tour préliminaire et au tour final du tournoi olympique des moins de 23 ans à Athènes 2004 et, enfin, la liste officielle des joueurs pouvant comprendre un maximum de 3 joueurs âgés de plus de 23 ans. A la lecture de cette nouvelle circulaire qui émane du CIO, instance supérieure à la FIFA, nous étions fondés à pouvoir utiliser 3 joueurs de plus de 23 ans. C’est ce que nous avons fait . Lorsque le commissaire au match a reçu la liste officielle, parce que la circulaire d’août prévoit ce que c’est que cette liste qu’on transmet avec les passeports et leur numéro, il a fait la remarque qu’il y en avait qui ne remplissaient pas les conditions d’âge. Nous lui avons donc transmis la circulaire du CIO et de la FIFA et il a été convaincu par nos arguments.

Le jour du match, lorsque nous sommes arrivés dans les vestiaires et que la Fédération ghanéenne a retenu les 2 passeports pour formuler la réserve, c’est le commissaire au match qui a pris la parole pour dire à cette fédération "non, les Burknabè sont autorisés à utiliser ces joueurs en vertu de cette circulaire" qu’il a même donnée ? Sur place, les Ghanéens ont semblé être convaincus mais après concertation, ont tout de même décidé de poser la réserve. Ce qui est normal, parce que c’est de leur droit. Une fois que la réserve a été formulée, la commissaire au match a fait un rapport et à notre connaissance, il ne remettait pas du tout en cause les éléments que j’ai cités jusqu’à présent.

Mais pourquoi les choses étant claires, le Burkina a tout de même été sanctionnée ?

Le 12 février nous avons reçu de la FIFA, une demande d’explication par rapport à cette réserve et nous avons immédiatement transmis notre compréhension, en faisant valoir que nous avons utilisé ces joueurs en vertu de la circulaire que avons reçue en octobre 2006 et comme elle émane d’une instance supérieure à la FIFA, il va sans dire que le principe des conflits de loi dans le temps, fait que c’est la loi la plus récente qui émane de l’instance la plus supérieure qui est applicable.

La circulaire 11 émanant du CIO et de la FIFA est nettement supérieure à celle d’août qui émane uniquement de la FIFA. La FIFA nous a communiqué sa décision par un fax du 19 février 2007 et nous constatons qu’il n’est pas numéroté par une structure qui émane d’un bureau de la commission d’organisation du tournoi olympique présidé par Issa Hayatou.

Ce sont des personnes qui, vu leur rang dans l’organisation du football mondial, ne peuvent s’être prononcées si ce n’est pas à bon escient. Il s’agit de savoir si nous sommes en faute, et quelle est la faute que nous avons commise. Nous avons essayé d’interpréter les motivations de la décision et elles sont d’une part, la circulaire du 3 août 2006, d’autre part, celle d’octobre 2006, et enfin le règlement du tournoi des jeux olympiques.

Nous avons à ce niveau essayé de connaître les dispositions de ce règlement et malheureusement jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore eu connaissance de celui-ci. La question toute naturelle est de savoir, si on peut être tenu par les dispositions d’un règlement qu’on ne connaît pas . Le principe de loi veut que nul n’est censé ignorer la loi. Est- ce que nous n’avons pas pris toutes les dispositions pour obtenir cette loi ? Nous avons vérifié au niveau de la FIFA et ce qui nous a été dit, c’est que ce texte n’est pas encore publié et sera disponible dans 2 semaines.

Sur le site de la FIFA à la date du 22 février, vous verrez au niveau des règlements des compétitions que le règlement le plus récent est celui relatif à la coupe du monde féminine qui s’est déroulée en Chine. Le seul règlement qui concerne le tournoi olympique de football est celui relatif à Athènes 2004. A la FBF, nous estimons qu’on ne peut être tenu par un règlement qui n’est pas publié. Nous avons formulé un recours et attendons qu’il puisse être examiné . Le tribunal arbitral du sport a été également saisi de façon à ce que éventuellement si nous n’avons pas gain de cause au niveau de la FIFA que nous puissions recourir au TAS.

C’est votre parole contre celle du commissaire du match, l’Algérien Abdel Kader Aouissi qui déclare dans les documents que vous avez reçus, vous avoir confirmé qu’il y a des joueurs qui ne pouvaient pas jouer le match.

Je ne dirai pas cela mais il y a une évolution dans la position du commissaire, et peut-être que nous en saurons plus dans les jours à venir. Les textes disent que normalement le commissaire du match doit envoyer son rapport dans les 24 heures qui suivent le match. Le match a été joué le 7 février et le 8 février, le commissaire était dans nos locaux à la fédération et a envoyé son rapport à la FIFA accompagné de la circulaire que nous lui avons produite.

A notre avis c’est un incident qui était clos. Je ne crois pas que nous soyons si téméraires pour aligner des joueurs contre l’avis d’un officiel. Et même les textes de la FBF donnent compétence à un commissaire de match d’interdire la participation à un joueur qui ne remplit pas les conditions d’âge. Si le commissaire avait eu une position sans équivoque sur cette question, s’il avait même émis un quelconque doute, nous nous serions abstenus de prendre ce risque.

Dans la décision que nous avons reçue, il est dit clairement que le commissaire du match a envoyé un autre rapport en date du 12 février 2007. Sur quelle disposition réglementaire et en vertu de quel pouvoir, ce commissaire a fait ce second rapport ? La 2e question que nous avons posée à la FIFA, sans avoir eu de réponse jusqu’à présent, c’est de savoir si le bureau de la commission d’organisation du tournoi olympique est l’instance habilitée pour connaître des recours et litiges. Si oui, quelle est l’instance de recours sinon pourquoi la commission chargée de ces recours n’a pas été saisie ? Nous ne présageons de rien ni n’estimons que quelqu’un dit une chose et son contraire mais les faits sont là.

Pensez-vous qu’il y a des problèmes dont vous ne maîtrisez pas les tenants et les aboutissants dans cette affaire ?

Nous ne pouvons pas nous permettre de penser cela. Nous sommes une association affiliée à la FIFA et tenus de nous soumettre à ses décisions. La commission qui a siégé et tranché ce litige est composée de Issa Hayatou, président du tournoi olympique et de la CAF, de Urs Linsi, secrétaire général de la FIFA et Reynald Temaril (membre). Ce sont d’éminentes personnalités en matière de football .

Nous disons tout simplement qu’on fait état des textes et la circulaire sur laquelle la FIFA s’est beaucoup appuyée dit en son article 17 que l’association hôte fera dans les 24 heures suivant la fin du match au secrétaire général de la FIFA, le rapport de match formulaire jaune concernant les informations détaillées des équipes , des buts, du nombre des spectateurs, des cartons jaunes et de tout incident. Comment se fait-il qu’il y a eu un autre rapport le 12 février ? Est-ce à la demande de la FIFA ou il y a-t-il des disposions contenues dans le fameux règlement qui n’est pas encore disponible ni publié ? Est-ce qu’un règlement non encore publié est applicable ? A notre connaissance de juriste non.

Pour le moment, nous essayons de recueillir le maximum d’informations qui puissent nous permettre d’établir la faute que nous avons commise et pouvoir nous expliquer. En tout état de cause, respectueuse et soumise aux textes, s’il s’avérait que c’est la FBF qui a commis la faute, nous en tirerions les conséquences de droit et nous nous organiserions pour qu’à l’avenir de tel incident ne puisse pas se reproduire. Nous sommes tous perplexes à la fédération, parce que nous ne voyons pas la faute que nous avons commise et nous ne comprenons pas pourquoi une telle décision a été prise.

Si la décision est maintenue dans quel état d’esprit les Etalons vont-ils aborder le match retour qui est programmé ?

Ce qui est sûr et certain, nous nous préparons à 2 niveaux. D’une part, au niveau sportif et l’entraîneur va préparer une équipe susceptible d’aller jouer à Sunyani pour le match retour quel que soit le résultat qui aura été accepté. Du point de vue administratif, nous avons déjà introduit le recours et nous sommes prêts à aller partout où besoin sera pour aboutir à une manifestation de la vérité et qu’on nous rende justice quelque part. Si nous perdons sur le plan administratif, au plan sportif, nous serons là pour tenter le tout pour le tout pour obtenir notre qualification.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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