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Reprise des élections municipales à Pô : Les populations prennent d’assaut les bureaux de vote

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h07min

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La commune de Pô est à la recherche d’un maire. De ce fait, les populations ont pris d’assaut matinalement les bureaux de vote, le 18 février 2007, dans le cadre de la reprise des élections municipales dans la localité.

Bureau de vote n°1 du secteur n°3 de Pô. Il est 6 heures du matin en ce jour du 18 février 2007, jour J de la reprise des élections municipales à Pô. Dans l’obscurité et à l’aide de lumière de téléphone portable, les membres de ces bureaux de vote s’affairent pour le démarrage de l’opération.

6 heures 5 mn, le premier électeur a pu enfin voter au bureau n°2. Le président dudit bureau, Frédéric Kodjo explique qu’ils ont des lampes, mais ils les allumeront dans la soirée pour le dépouillement. Tout comme dans ces deux premiers bureaux de vote visités, le fait remarquable est la mobilisation de la population très tôt afin de s’acquitter de leur devoir de citoyen.

Dans l’ensemble, les différents présidents des bureaux de vote rassurent que tout se déroule bien, ils ont reçu le matériel électorial, le 17 février 2007, veille des élections. Les difficultés essentielles enregistrées selon les membres des bureaux de vote, surtout des secteurs n°5 et n°6, ce sont des noms d’électeurs qu’ils ne retrouvent pas sur les listes. Rencontré au secteur n°2 où il est venu voter, le maire déchu de Pô, Henry Koubizara du PAI a laissé entendre que ses chances sont intactes au regard de ce qu’il a entrepris en si peu de temps.

Dans la nuit du 17 février 2007, avant le lever du jour, l’argent aurait circulé pour acheter les électeurs. Henry Koubizara a soutenu que cette situation est réelle. "L’argent a circulé dans la nuit. Ils ont distribué des billets de 1000 et 2 000 F CFA. Mais je crois que la population de Pô est de nos jours assez mûre pour ne pas se faire acheter", a-t-il précisé.

Sur le terrain, les partis qui font plus parler d’eux sont le PAI et le CDP. "J’ai voté le CDP car c’est un parti qui me plaît. Mais j’ai appris que le PAI a beaucoup mobilisé", a confié Sia Jeanne Ouédraogo, après avoir voté au secteur n°3.

Dans les bureaux de vote, les partis les plus représentés sont le PAI, le CDP et l’ADF/RDA. De tous les bureaux de vote visités, le RDB n’a pas de représentant. Comme observateur rencontré sur le terrain, ce n’est que le MBDHP qui dit n’avoir pas relevé de difficultés notoires.

"Pas de difficultés insurmontables"

Selon le président de la Commission électorale communale indépendante (CECI), Sabié Kalongo, "pour le moment, il n’y a pas de problème insurmontable, gigantesque. Il y a seulement deux ou trois cas de personnes qui ont des cartes d’électeurs où les dates de naissance ne concordent pas avec les dates sur les listes. J’ai suggéré de les laisser voter si le reste des informations ne posent pas problème". En attendant, Kalongo dit espérer que d’ici à 23 heures, "si tout fonctionne comme prévu, les résultats provisoires pourront tomber".

Six partis politiques sont à la conquête de la mairie de Pô à savoir le PAI, le CDP, l’UNIR/MS, le PDP/PS, le RDB et l’ADF/RDA.

63 sièges sont en jeu dans les six secteurs de Pô et les 25 villages rattachés à la ville. 16. 613 personnes sons inscrites et devront voter dans 46 bureaux de vote dans le cadre de la reprise de ces élections municipales qui aboutiront à l’élection du maire de la commune de Pô. Le haut-commissaire du Nahouri, Blaise Corneille Ouédraogo qui a voté à 11 heures a appelé les uns et les autres à mettre de l’eau dans leur vin, à s’entendre afin de ne pas être hors du processus de la communalisation intégrale. Après tout, a-t-il signifié, "le dernier mot revient aux électeurs".

Ali TRAORE, envoyé spécial


Une élection sous haute surveillance

La reprise des élections municipales à Pô, le dimanche 18 février 2007 a été marquée par une forte mobilisation des forces de sécurité. Dès 6 heures du matin, lors de notre périple pour visiter les bureaux de vote de la commune de Pô, nous avons remarqué une forte mobilisation des forces de l’ordre (militaires et gendarmes) sur les lieux de vote. Chaque bureau de vote est surveillé au moins par deux agents de l’ordre.

Dans certains bureaux de vote, surtout ceux du secteur n°3, les votants étaient contrôlés avant d’accéder au bureau de vote. En plus de cette sécurité dans les lieux, il faut signaler un fort contingent d’agents de la compagnie républicaine de sécurité (CRS), stationné à la direction provinciale de la police nationale, venu spécialement de Ouagadougou pour cette élection.

Dans la ville, nous avons également constaté des patrouilles en véhicules et en motos des forces de l’ordre. Ce qui laisse croire que les résultats de ces élections municipales de ce 18 février 2007 à Pô pourraient être sujets à des vives tensions.

Alassane KERE
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Trois questions à Jhon D. Koudiouba responsable à la formation civique et politique au CDP du Nahouri.

Sidawaya. (S.) : Pensez-vous que votre parti, le CDP, pourra-t-il remporter ces élections municipales à Pô ?
J.D. : Nous pensons remporter la victoire dès la fermeture des bureaux de vote. La population a compris nos messages lors de la campagne. Elle fera un vote utile.

S. : Il semblerait que votre parti, le CDP, aurait distribué de l’argent pour avoir la faveur des électeurs ?

J.D. : Cela m’étonne. Au CDP, nous mettons l’accent sur les repas communautaires pour renforcer la solidarité entre nos militants. Nous ne distribuons pas de l’argent. Mais ce matin (18 février 2007) nous avons appris que l’opposition n’a pas dormi pendant la nuit. Elle a passé son temps à distribuer des centaines de mille par village. Nos conseillers dans les villages ont confirmé ce fait.

S. : Des bruits dans la ville disent que le ministre Jérôme Bougouma serait venu à Pô pour mobiliser uniquement les mossi pour voter le CDP ? Qu’en est-il réellement ?

J.D. : Je ne peux ni affirmer, ni infirmer. Le ministre Jérôme Bougouma est de notre région ; il parle la langue. Il est effectivement venu rencontrer ses frères pour leur dire de voter utile. En tant que fils de la région, il n’ignore pas les problèmes de Pô. Au-delà de cela, nous avons 80% de chance de remporter ces élections municipales. Aux élections précédentes, nous avons eu 35 conseillers, cette fois-ci nous pensons sièger sans l’opposition. Nous aurons au minimum 45 conseillers.

Alassane KERE


Koubizara croit à ses chances

Rencontré matinalement dans un domicile, M. Henri Koubizara, l’ancien maire de Pô s’est exprimé sur ses chances d’être réélu et sur ses adversaires.

Sidwaya (S.) : Quelle estimation faites-vous de vos chances d’être élu maire à nouveau ?

Henri Koubizara (H.K.) : Nos chances sont très bonnes et nous pensons qu’à la clôture et au décompte final, nous sortirons vainqueur.

S. : Et dans le cas contraire, accepteriez-vous le verdict des urnes ?

H.K. : Nous sommes des républicains et cela va de soit, mais à condition que les règles de transparence et d’équité soient observées S. : Certains accusations récurrentes sont encore faites concernant des distributions d’argent aux électeurs. Vous confirmez ?

H.K. : Oui c’est vrai, et vous savez de quel côté circule l’argent.

S. : Avez-vous des preuves ?

H.K. : Nous avons des preuves. Nous connaissons des familles dans lesquelles des militants du CDP sont passés remettre des enveloppes de 2000 F CFA. Hier nuit, c’était 500 F par électeur au secteur n°5.

S. : Est-ce déjà le début de contestation des résultats ?

H.K. : Non. C’est la pratique du CDP, on la connaît, c’est sans gêne. Mais nous nous intéressons à la procédure des élections, l’encre, les cartes, les décomptes. Mais nous croyons aussi que la population de Pô est suffisamment consciente pour ne pas se faire acheter.

S. : Le CDP veut remporter ces élections, le PAI aussi, tous les partis pourront-ils travailler ensemble après les élections ?

H.K. : Nous sommes dans une république, nous sommes dans une commune qui a des règles de gestion. Nous ne voyons pas d’inconvénient à cohabiter s’il y a de bonnes raisons de le faire.
Au niveau de l’opposition du reste, toutes tendances confondues, nous partons en coalition.

S. : Qu’est-ce qui n’a pas été régulier dans la campagne ?

H.K. : Lors de cette campagne, la seule chose qui a failli déraper, c’est le comportement ethniciste du ministre Jérôme Bougouma. Il est venu convoquer ici les mossi et leur a demandé de voter pour le CDP. De telles attitudes sont à bannir de ce pays. En tous les cas, à la fin des élections nous saurons saisir qui de droit pour que pareilles situations ne se répètent pas.
Ces élections constituent un cas unique dans notre pays, où de façon injuste, les citoyens sont invités à voter encore.

S. : Et comment cela ?

H.K. : Depuis dix ans, notre commune est gérée de façon chaotique, il faut un changement pour un nouveau pas.

S. : Si un parti de l’opposition autre que le PAI se positionne le mieux, lui apporteriez-vous votre soutien ?

H.K. : Si ce parti est en force et a besoin de notre soutien, nous n’hésiterons pas.

Propos recueillis par Aimé Mouor KAMBIRE


Le MBDHP, unique observateur sur le terrain

Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) est le seul observateur rencontré dans les différents bureaux de vote. Il a déployé une dizaine de représentants dirigés par M. Bruno Fako Ouattara.

Deux heures après l’ouverture des bureaux de vote, M. Ouattara donne une appréciation plutôt satisfaisante". "On a fait le tour de la ville depuis hier. Dans l’ensemble, il y a le calme", dira-t-il. Il déplore néanmoins le non-affichage des listes d’électeurs et l’obscurité dans laquelle le vote a démarré. "Nous n’avons rien vu pour tous ceux qui ont voté dans l’obscurité", explique le responsable du MBDHP.

A.M.K.

Sidwaya

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