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Reprise des élections municipales à Pô : Les six partis politiques dévoilent leurs stratégies

Publié le lundi 12 février 2007 à 07h13min

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Suite à la dissolution du conseil municipal de Pô, les élections municipales dans cette commune devront y être reprises le 18 février prochain. A la faveur de la campagne électorale débutée le 27 janvier 2006, les six partis politiques en compétition dévoilent leur stratégie de conquête de l’électorat.

Six partis politiques sont en compétition à Pô, dans le cadre de la reprise des élections municipales dans cette commune urbaine, située à quelque 140 km au sud de Ouagadougou, et forte d’environ 24 000 âmes. En effet, 63 conseillers devront être issus des 25 villages et des 6 secteurs de la ville de Pô, à l’issue du scrutin et les différentes formations politiques sont « sur le pied de guerre » du 27 janvier au 16 février 2007.

Il s’agit de l’Alliance pour la démocratie et la fédération /Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du Parti africain de l’indépendance (PAI), du Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB), du Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) et de l’Union pour la renaissance/mouvement sankariste (UNIR/MS).

La stratégie de conquête de l’électorat pour l’ensemble de ces partis semble se décliner en une seule terminologie : campagne de proximité. Mais à entendre ces différentes formations politiques, un travail de fourmi se mène à travers cette campagne de proximité. Pour Henri Koubizara du PAI et maire déchu de Pô, la première des choses, au niveau de son parti est d’expliquer aux populations, la mesure de dissolution du conseil municipal de Pô, par le gouvernement.

« Nous sommes en train de faire comprendre aux populations en quoi cette mesure est injuste, » a confié l’ex-maire Koubizara, candidat déclaré à sa propre succession. « Nous expliquons ensuite aux populations notre programme de développement de la commune, parce que la navigation à vue pendant 10 ans du conseil municipal passé, n’a pas permis à la commune de décoller économiquement, socialement et culturellement, » a-t-il ajouté. A entendre Koubizara, la conviction, le courage et la conscience des populations lui permettront de retrouver son fauteuil de maire perdu. Du côté du CDP, on assure tenir aux militants un message de mobilisation afin de remporter la victoire au soir du 18 février 2007.

Selon Mme Solange Balora, secrétaire général provincial du CDP dans le Nahouri, le parti a déjà effectué des sorties de sensibilisation dans tous les villages et les secteurs de la commune urbaine de Pô. « Le parti étant structuré du sommet à la base, le travail se fait sur le terrain avant que nous (les responsables), ne passions.

Les comités de jeunes, de femmes, d’anciens au niveau de chaque secteur et de chaque village assure ce travail de terrain, » a expliqué Mme Balora, par ailleurs tête de liste dans son village de Mationga. Pour la reconquête de la mairie de Pô que le CDP a déjà géré pendant 10 ans, Mme Balora confie que la confiance et la sérénité règnent dans les rangs de son parti : « Nous faisons confiance à notre électorat et sommes optimistes, » a-t-elle clamé.

Pour Frédéric Tiemtiembou de l’UNIR/MS, la principale stratégie mise en place est le « porte-à-porte ». Et cela « étant donné que le parti est jeune et nous n’avons pas les moyens comme les autres, » a expliqué le président de la fédération provinciale, du parti sankariste. Mais en dehors des sorties dans les villages de la commune « une mobilisation certaine » des militants est constatée.

L’UNIR/MS a déjà tenu un grand meeting le 31 janvier dernier et un autre est prévu pour le 14 février 2006. « Notre première stratégie, c’est le porte à porte et nous continuons dans ce sens, » indique aussi Hamidou Yaguibou du PDP/PS. Le parti de feu le professeur Joseph Ki-Zerbo, poursuit sa campagne, à en croire Yaguibou, par des rencontres dans les secteurs et les 25 villages de la commune urbaine de Pô. « Depuis le début de la campagne nous sentons une grande mobilisation de la population, » soutient par ailleurs Hamidou Yaguibou. Seydou Fofana, le secrétaire général de la fédération ADF/RDA du Nahouri affirme sans ambages que c’est pour la forme que l’on met en place des stratégies de campagne.

Et cela, du fait que tout le monde à Pô est impliqué dans la campagne. « Par le passé, la campagne était le fait d’hommes politiques, mais avec la dissolution du conseil municipal, il y a une indignation généralisée, » confie le premier responsable du parti de l’éléphant dans le Nahouri. Cependant, Seydou Fofana reconnaît que son parti priorise les sorties sur le terrain, notamment dans chacune des 31 circonscriptions électorales que compte la commune de Pô.

L’ADF/RDA, qui avait déjà 9 conseillers dans le précédent conseil municipal, n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. « Notre objectif est d’avoir le maximum de conseillers municipaux, afin de constituer une force de propositions pour les actions futures de développement, » précise Seydou Fofana.

Le RDB est nouveau à Pô et n’était pas sur la liste de départ lors du précédent scrutin municipal. Mais cela ne semble pas constituer un handicap. « Nous travaillons beaucoup dans les villages où nous expliquons notre plan d’action, centré sur le développement de la province du Nahouri et précisément la commune urbaine de Pô, » explique Levi Tigassé, le coordonnateur du RDB à Pô. Le RDB qui n’entend pas faire de la figuration, a déjà prévu la tenue d’un grand meeting, à la fin de la campagne électorale.

Une coalition de partis d’opposition contre le CDP

Au PAI, la dissolution du conseil municipal est perçue comme un coup de force, une injustice. Et cela, dans la mesure où il tenait les rênes de la mairie, grâce au soutien des autres partis de l’opposition, lors de la désignation du maire. Cette fois, ce soutien prend une autre forme. En effet, pour cette campagne municipale, deux partis politiques de l’opposition, le PAREN et l’UNDD ont décidé de ne pas battre campagne afin de soutenir de façon ouverte, le PAI et l’ex-maire, candidat déclaré au poste de maire. Pour le premier responsable du PAREN dans le Nahouri, Apekira Gomgnimbou, les prochaines élections municipales du 18 février 2006 à Pô, n’engagent plus seulement des partis politiques.

Il s’agit plutôt d’une interpellation de tous les « fils consciencieux » de Pô à ne plus se laisser maltraiter par le CDP et le pouvoir en place. Voilà pourquoi, pense-t-il, son parti a décidé de faire bloc autour d’un homme (Henri Koubizara) qui a un programme réaliste et ambitieux pour Pô. Quoique n’étant pas en compétition, le PAREN, à entendre son représentant, entend participer, sur le terrain au travail de conscientisation, de sensibilisation et de mobilisation afin que la victoire revienne au PAI.

Si le PDP/PS est en course pour la mairie de Pô, il ne reste cependant pas sourd aux appels à l’unisson de l’opposition, dans le cadre de ces municipales bis à Pô. « Nous travaillons en étroite collaboration pour coordonner nos idées et mobiliser nos électeurs » reconnaît Hamidou Yaguibou du PDP/PS : Le PAI nous a conviés à son meeting et nous aussi, l’avons convié à notre meeting » a-t-il dit.

C’est pratiquement le même son de cloche du côté de l’ADF/RDA : « entre le PAI et l’ADF/RDA, les relations sont restées au beau fixe. De part nos lignes politiques, nous sommes divergents, mais sur le plan relationnel, nous nous concertons toujours, » explique Seydou Fofana de l’ADF/RDA. Face à cette coalition, au CDP, on ne s’inquiète pas outre mesure. « Nous n’avons pas peur et nous restons sereins.

Nous disons tout simplement à nos militants de sortir massivement voter pour une victoire écrasante le 18 février 2007, » a confié Mme Solange Balora, secrétaire général provincial du CDP dans le Nahouri. C’est dans cette guerre de positionnement, que des candidats à la mairie de Pô se positionnent aussi. En dehors de Henri Koubizara du PAI, l’ancien maire déchu, tête de liste au secteur n°2, l’ADF/RDA, miserait sur Ismaël Koumayan, contrôleur des services financiers à Koupèla.

Au CDP, Emmanuelo Akanan Kabui, consultant, est tête de liste au secteur n°1 de Pô, tandis que Joseph Batako, ingérieur, se positionne en tête de liste au secteur n°6. Dans le village de Dakola, à une vingtaine de km de Pô ce serait une ménagère, Mme Maïmouna Guigma qui serait en tête de liste, toujours pour le compte du CDP et la secrétaire générale provinciale de ce parti, Mme Solange Balora, adjointe sociale, se place en tête de liste dans son village de Mationgo, canton de Kampala.

Quelque soit le nouveau maire de la commune urbaine de Pô, de nombreux chantiers que les partis politiques en compétition ont d’ailleurs inscrits dans leurs programmes, constituent des défis à relever : éclairage, voirie, transport, infrastructures, insalubrité, éducation, santé, emploi....

Gabriel SAMA
Collaboration : Romaric DOULKOM


Les raisons d’une reprise

La reprise des élections municipales à Pô, le 18 février prochain, est la résultante d’une crise née au sein du conseil municipal d’alors. En effet, à l’issue des élections municipales du 23 avril 2006, le CDP, s’est retrouvé majoritaire avec 35 conseillers contre 28 pour toute l’opposition réunie (13 pour le PAI, 9 pour l’ADF/RDA, 3 pour le PDP/PS et 3 pour l’UNDD).

Mais contre toute attente, à la désignation du maire, le CDP se retrouve avec 28 voix contre 35 pour toute l’opposition réunie permettant à Henry Koubiza d’occuper le fauteuil de maire. Pas pour longtemps, car la mésentente dans les rangs des conseillers CDP, a engendré des blocages, empêchant le nouveau conseil municipal de travailler. Au regard de cette donne, le conseil des ministres en sa séance du 7 septembre 2006, a décidé de la dissolution pure et simple du conseil municipal de Pô.

GS
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Un tract hostile aux candidats du CDP

Pô ne présente pas un visage d’une localité en campagne. Pas d’affiches, ni de T-shirts arborés par des militants ni de grands rassemblements. Tout laisse croire qu’il faudra attendre les derniers jours de la campagne pour assister à une effervescence dans les états-majors politiques de la localité. En attendant, la ville se présente sous ses jours ordinaires et les populations vaquent à leurs occupations quotidiennes.

Le calme plat donc ! Sauf ce tract dans lequel, des mots pas toujours gentils, employés à l’endroit de certaines têtes de liste du CDP, pour les municipales, et simplement titré « appel de la jeunesse de Pô » sans aucune précision. Approché, le maire déchu de Pô confie que ni lui, ni son parti ne sont ni de près, ni de loin mêlés à cet tract.

GS

Sidwaya

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