Après le jeu de yoyo du prix des hydrocarbures, du transport, voici venu le tour d’une marchandise que l’on peut qualifier sans rougir de produit de consommation courante. Et dame rumeur y est aussitôt allée de ses supputations. Après la baisse des prix des hydrocarbures obtenue après une âpre lutte syndicale et une baisse inespérée des cours mondiaux du pétrole, l’Etat n’est-il pas, par cette récente augmentation, en train de retirer d’une main ce qu’il a donné de l’autre ?

Conséquence : tôt le matin, le siège de PROMACO sis au quartier Dassasgo est assailli d’appels pour mieux comprendre les raisons de cette hausse. En effet, même si les grossistes sont prévenus depuis, il n’en est pas de même pour le citoyen lambda. Si fait qu’une conférence de presse est prévue par la direction demain mercredi au plus tôt et jeudi au plus tard.

Mais en attendant, et de sources très concordantes, la hausse du prix de l’objet, qui reste le seul moyen efficace de lutte contre les MST, surtout le Sida, s’expliquerait par plusieurs facteurs et contingences. En effet, le paquet de capote Prudence est un des rares produits, pour ne pas dire le seul, dont le prix (50f) est resté inchangé depuis 1991. Et ce, malgré la dévaluation (1994) et les hausses successives des prix des hydrocarbures ayant impliqué celle des coûts des transports.

Mais l’explication qui semble la plus plausible serait que la subvention de ce produit, allouée annuellement par la KFW (Coopération allemande), va diminuant au fil des années.

Conclusion : pour toujours garantir l’approvisionnement de l’objet en latex dont la rupture pourrait créer des incidents fâcheux et dramatiques (hausse de la séroprévalence et des MST, baby-boom), il fallait donc redresser la barre. A la décharge de Promaco, et foi d’un interlocuteur bien introduit (sic) dans le milieu, du côté de nos voisins comme le Mali et la Côte d’Ivoire, le paquet graviterait depuis longtemps autour de 75 et 100 francs.

Cela n’empêche. En attendant de plus amples explications, le consommateur lambda peut se demander pourquoi l’Etat, via le Conseil national de lutte contre le Sida, qui, il y a quelques mois de cela, vient d’aménager dans ses nouveaux locaux qui brille de ses milles vitres, ne subventionne pas cette affaire.

Et puis côté transaction, reconnaissons que ce nouveau prix va créer quelques petits désagréments à l’acheteur potentiel. Un peu comme dans les télécentres, surtout pour un produit qui s’acquiert à la sauvette, beaucoup laisseront leurs 25 francs au boutiquier du quartier. En somme, une hausse qui n’a rien d’excitant.

Issa K. Barry

L’Observateur