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Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

Publié le jeudi 21 décembre 2006 à 08h35min

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La ville de Ouagadougou a connu des moments chauds, le mercredi 20 décembre 2006. Pour cause, des militaires et des policiers se sont affrontés à coup d’armes à feu. Des dégâts matériels et des pertes en vie humaine ont été causés par cette situation.

Deux policiers municipaux blessés dont un gravement, plusieurs militaires blessés par des armes à feu et hospitalisés au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, d’énormes dégâts matériels constatés à la mairie centrale de Ouagadougou. Telle est la liste non exhaustive des conséquences de l’affrontement entre les militaires et les policiers de la police nationale. Tout est parti du décès d’un militaire, provoqué semble-t-il par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Ainsi, pour manifester leur colère et "venger" leur camarade défunt, plusieurs de ses camarades de promotion, appuyés par d’autres militaires par solidarité, ont effectué une descente musclée dans les rues de Ouagadougou.

Vers 11 heures selon des témoignages, les "manifestants" ont tenté de s’emparer de la sirène de la mairie de Ouagadougou. Là, ils ont battu à sang deux policiers municipaux. Ces derniers ont été évacués à la clinique Suka pour recevoir des soins. Dans leur colère, ils ont également saccagé des vitrines, des guirlandes, des ampoules, une porte (celle de la sirène).

Les militaires étaient également signalés du côté du commissariat central de Ouagadougou où résonnaient des coups de fusils kalachnikov. Immediatement nous avons mis le cap sur le lieu des coups de feu. En chemin, nous avons rencontré cinq militaires armés de fusils kalanichkov qui se dirigeaient vers le siège de la société Telmob. Leur passage a créé la panique au sein des passagers. C’était la débande. Nous réussissons néanmoins à atteindre le commissariat central de Ouagadougou. C’est un lieu pratiquement inaccessible et fortement gardé que nous avons trouvé.

Pour sécuriser le lieu, des voies ont été interdites à la circulation surtout celles menant à l’entrée principale du commissariat. Après le commissariat, direction, le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo où il a été signalé l’hospitalisation de jeunes militaires à la suite de blessures par armes à feu. L’information a été confirmée par le responsable des urgences traumatologiques, le docteur Innocent Nacoulma. Selon le médecin, les premiers blessés ont été admis aux urgences vers deux heures du matin. Ces derniers avaient essentiellement des blessures au niveau des membres inférieurs.

Selon nos informations, les autorités militaires et paramilitaires se sont mobilisés pour ramener la cohésion dans la troupe... Toute chose qui a permis le calme relatif depuis hier après-midi.

Alassane KERE


Sidwaya dans le périmètre "bouclé"

Sous le coup de 21 h 20 mn hier mercredi, une équipe de Sidwaya conduite par son directeur général a fait le tour de ce qu’on peut appeler le "périmètre bouclé".

De Sidwaya au Rond point des Nations Unies en côtoyant l’avenue de la Nation, et celle de l’Hôtel Indépendance. Après les petits moments de “peur” dus à la rumeur faisant état de "militaires déchaînés, prêts à tout" l’équipe a constaté plutôt des militaires certainement en colère mais disciplinés. La première rencontre avec les militaires se situe juste au Rond-point des Nations Unies. Là, une petite section nous pousse à l’arrêt forcé.

A côté, une poubelle renversée "sciemment" pour gêner une circulation déjà fluide. A la sommation des très jeunes militaires de montrer patte blanche en dépit du véhicule estampillé Sidwaya, l’équipe se frayera un chemin grâce à l’accord de celui qui faisait office de chef. Devant la Sûreté nationale, un véhicule en flamme. Il était 21 h 27 mn. La ville est calme, et les quelques passants sur leur moto avaient leur carte d’identité bien en vue.

Après l’hôtel Indépendance, le second arrêt forcé, vive altercation mais dans la courtoisie. Ici, le groupe est un peu plus chaud. Il commande d’arrêter le moteur, d’éteindre les phares et d’expliquer pourquoi nous sommes dehors à cette heure. Comme conseil, il nous demande de ne pas rencontrer un autre groupe de militaire plus nombreux qui semble-t-il se repliaient vers leur base.

Notre souci de la recherche de l’information vraie est aussi due à l’ampleur de crépitements des armes légères et lourdes débutés vers 18 h et cela faisaient croire que le périmètre “bouclé” était en feu notamment la zone du commissariat central de Ouagadougou. Le constat fait par l’équipe de Sidwaya montre que l’ampleur supposée est relativement moindre. Conclusion, cette saute d’humeur des militaires est restée dans des propositions mesurées.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 décembre 2006 à 10:05, par dany En réponse à : > Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

    Je crois que c’est déplorable dans ce pays qu’on puisse laisser entre les mains de jeunes militaires des armes pour terroriser pendant toute une nuit des citoyens tout simplement parce qu’ils sont en colère. Si nous sommes arrivés à cette situation c’est parce que les responsables hiérarchiques aussi bien des policiers que des militaires ne sont jouent pas le rôle qui est le leur. Il est temps que pareille crise cesse pour toujours dans ce pays. Ce n’est ni la première, ni la deuxième, une solution idoine et éternelle doit être trouvée dans les heures à venir.
    Il est temps que l’ensemble de ces éléments aient un respect mutuel les uns pour les autres. Sinon un jour, c’est toute la population qui en payera le prix fort de telles altercations.
    Il faut que chacun d’eux sache que personne n’est au dessus de la loi ici au Burkina.

  • Le 21 décembre 2006 à 10:42, par Océane En réponse à : > Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

    Vivement qu’une telle situation ne se reproduisse plus !
    Parce que nous avons vécu la peur toute la nuit, sans fermer l’oeil tellement nous croyions à un coup d’Etat, vu l’ampleur des sommations. Parfois il suffit d’un rien et l’irréparable se produit. Nous ne voulons pas d’une deuxième Côte d’Ivoire chez nous.
    Je demande aux autorités de faire toute la lumière sur cette affaire.
    Je demande aux militaires et aux policiers d’enterrer la hache de guerre, se pardonner sincèrement pour le bien de notre chère patrie.
    Vous êtes le garant de notre liberté. Ensemble, construsons notre pays. Je vous remercie.
    Océane

  • Le 21 décembre 2006 à 11:42, par Kahacala En réponse à : > Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

    C’est vraiment déplorable ce qui s’est passé entre nos forces de l’ordre. Je n’arrive pas à comprendre que des personnes chargées de la sécurité de la population prennent les armes pour s’affronter entre eux. C’est vraiment dommage !!! comment se fait-il que de jeunes militaires et policiers aient à leur disposition des armes et pour un oui ou pour un non ils les brandissent ? je dis non à cette situation ! Faudrait que nos autorités fassent quelque chose pour que des événements pareils ne se produisent plus. Nous, paisibles citoyens avons passé la nuit la peur dans le ventre. Ce n’est pas du tout sérieux ! Quelque soit le problème qu’ils ont eu qu’ils en discutent entre eux et qu’ils se comprennent au lieu d’utiliser des armes pour le résoudre. Cela ne nous mène nulle part au contraire. Nous avons une justice dans ce pays, on n’a pas le droit de se faire justice soit même quelque soit la position que nous occupons. "Nul n’est au dessus de la loi" J’espère que chacun de son côté mettra de l’eau dans son vin pour cohabiter ensemble et pour le maintien de la paix dans ce pays.

  • Le 21 décembre 2006 à 16:27, par julia En réponse à : > Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

    Quelle république ?
    Des forces de défense et de sécurité (FDS), formées au métier de maintien d’ordre ( elles s’en vantent d’ailleurs), soient incapables de contenir une manif d’un petit groupe de personnes, fussent elles des militaires et mieux sans armes, pour recourir à des armes à feu et plus grave pour tirer sur leurs semblables. Quelle honte ? Quel corps d’élites ?

    Des gens ont failli ! Vos places messieurs !!!

    Quel signal fort à nous autres civils.

    La reponse, la police ne peut contenir une manif sans armes à feu.

    Voilà ce à quoi nous arrivons : dégâts matériels, blessés graves...que sais-je encore ?

    Sommets en l’air. Pauvre BF, ton rayonnement international a pris encore un sérieux coup.

    Les FDS devraient s’asseoir autour de la même table, dialoguer, définir à chacune sa place dans la république quelque soient ses moyens : Les paramilitaires, les militaires...

  • Le 21 décembre 2006 à 16:30, par Pacco En réponse à : > Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

    Ouais, ce n’est pas la première fois que les flics règlent les comptes à tous ceux qui osent leur disent que leurs agissements ne sont pas corrects. Mais cette fois-ci à cause de l’ampleur, tout le monde a eu la frousse et en parle. Pratiquement chaque année, les flics font des descentes dans les quartiers pour tabasser des civils qui draguent les mêmes filles qu’eux ou récupérer des engins de leur collègues saisis par la police. Ils se croient au dessus des lois. Même la hiérarchie n’est pas en reste. Il y a qq années un colonnel à gifler un policier qui faisait son job et lorsque celui-ci à voulu protester, le Ministre Bassolet lui a fait voir des misères. Ce même Djibril Bassolet qui veut nous imposer le casque donne raison au plus fort sur le moins faible. Voilà que ça lui revient au visage. Les forces de l’ordre et les forces armées qui doivent être les premières à donner les exemples de civisme et de disciplines sont plutôt celles qui au su de tous baffouent les lois. Ce qui s’est passé est une amplification de ce qui se passe tous les jours. Moi je dis que pour cela cesse, il faut discipliner les troupes, leur ensigner le civisme et les rôles précises de chacun, sanctionner s’il le faut qq soit le rang. A cause de la complaisance et du laisser aller, les conséquences de ce genre d’actes nous retombent dessus. J’imagine la colère du PF de devoir reporter à sine die la réunion kil devait avoir avec ses pairs.

  • Le 21 décembre 2006 à 19:27, par dugulamini sadjan En réponse à : > Heurts entre policiers et militaires à Ouagadougou : Des militaires se rendent justice...

    Le ministre de la sécurité a échoué
    Je crois qu’il faut chercher les raisons de cette réaction dans le sentiment d’injustice entretenu par l’impunité. Si les militaires avaient confiance à la justice, s’il était possible de rendre justice aux victimes, je crois que les gens allaient s’en remettre à la justice. Or, nous avons toujours attiré l’attention sur le développement du sentiment d’injustice qui est plus dangereux que l’injustice. Nous sommes dans un climat de paranoïa sociale généralisé. « Tu te rends à la police, tu ne sais pas ce qu’il t’attend ». On dirait qu’il n’y a pas de loi en ces lieux. Voici des forces qui se comportent comme au temps des gardes de cercles. On ne peut pas avoir la mentalité de mercenaire dans son propre pays. Il faut une police citoyenne, qui prend conscience qu’elle est au service des citoyens et non au service de plus forts.
    Echec au ministre de la sécurité qui doit tirer les conséquences....
    Dugulamini Sadjan

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