En se penchant sur les pèlerinages au Centre marial de Yagma, l’étudiante Monique Ilboudo est partie du constat qu’au Burkina Faso, et ce, depuis quelques décennies, les pèlerinages chrétiens connaissent un certain regain d’intérêt. Le phénomène dans les sanctuaires locaux et étrangers a suscité la question de la portée réelle de cette pratique chez les catholiques dans la mesure où elle n’est pas l’objet d’une prescription comme cela est le cas en islam.

Par ailleurs, l’étudiante dit avoir eu l’intérêt aiguisé pour les religions en général et le christianisme en particulier par les années d’études passées au département d’histoire et archéologie.

Ainsi, elle dit avoir eu la modeste ambition de rompre avec les mémoires qui étudient le plus souvent le processus de christianisation de tel ou tel endroit, pour toucher à une pratique à proprement parler. Pour parvenir aux résultats qu’elle a atteints, Monique Ilboudo dit avoir eu recours entre autres aux ouvrages ayant trait aux pèlerinages chrétiens et au culte marial, des brochures et autres articles de presse.

Au nombre des résultats atteints, l’étude a permis de mettre en évidence que le Centre marial de Yagma, considéré sur le plan ecclésiastique comme une enclave territoriale, c’est-à-dire qu’il ne relève d’aucune paroisse, connaît des difficultés qui entachent quelque peu sa réputation. Selon l’étude, en effet, la colline mariale de Yagma , qui était à l’origine un lieu de culte traditionnel, continue, malgré son appropriation par l’église, d’être l’objet d’un culte traditionnel à distance.

En outre, il ressort que les pèlerinages qui ont lieu à Yagma, s’ils permettent de raffermir la foi, comportent des débordements auxquels les organisateurs doivent faire face. « L’attrait du gain amène certains fidèles catholiques à y venir pour le commerce au détriment de la prière.

Les marchés attirent de nombreuses foules, des jeunes notamment qui y viennent surtout pour la foi d’après messe. Ces derniers s’adonnent à des beuveries qui les exposent aux accidents et autres déviations qui ternissent l’image de la pratique », constate Monique Ilboudo. Dans sa recherche, elle dit avoir été confrontée à certaines difficultés tels l’inaccessibilité à certaines sources et le manque d’objectivité de certains interlocuteurs.

Au delà de toutes ces limites, elle garde le secret espoir que son œuvre soit une modeste contribution à la connaissance du christianisme au Burkina Faso. Le jury a jugé le travail d’une bonne qualité et l’étudiante digne du titre de maître en histoire avec la mention bien.

Ladji BAMA

Sidwaya