Il reproche par ailleurs au joueur d’avoir convoqué nuitamment ses partenaires pour réclamer des primes de match en Tanzanie. Pour avoir sa version des faits, nous avons, le samedi 7 octobre dans la matinée, joint au téléphone Keré, qui dément ce qu’on lui reproche.

Il était 9 h 35 quand nous avons appelé au domicile de Mahamoudou Keré. Le téléphone sonne, mais personne ne décroche. Nous tentons une deuxième fois et nous tombons sur son épouse. Elle nous passe son mari qui était à côté et qui suivait la télé.

Quand nous avons expliqué à ce dernier le but de notre appel, il nous a répondu qu’il a appris par un de ses amis qui a lu des articles sur Internet ce que l’entraîneur a dit de lui. Donnant sa version des faits, Keré nous a dit qu’il n’était pas au Maroc lors du match amical des Etalons contre les Lions de l’Atlas parce que sa femme était souffrante. Pour le deuxième match contre l’Ouganda, avant le départ de l’équipe pour Dar-es-Salaam, il a répondu à l’appel du staff technique.

Il a participé à cette rencontre et un soir, des joueurs l’ont approché pour lui dire que le contrat stipulant le barème des primes est arrivé à expiration et qu’il fallait en discuter avec la Fédération burkinabè de football (FBF). Si l’on en croit à ce qu’il nous a confié, il aurait dit à ceux-ci que ne portant plus le brassard, il ne pouvait pas se permettre d’aborder le sujet. Entre-temps, Saboteur, qui a eu vent de cela, aurait dit qu’il défendra les intérêts des joueurs. Ce jour-là, lui, Keré, a demandé à certains de ses camarades d’aller voir plutôt des anciens de l’équipe tels Abdoulaye Soulama, Alassane Ouédraogo et Siaka Coulibaly.

Quand la sélection nationale est arrivée à Dar-es-Salaam, poursuit Kéré, le troisième vice-président de la FBF, le colonel Jean-Baptiste Parkouda, a rencontré les joueurs avant le match. Kéré précise que Saboteur n’était pas à cette réunion. Parkouda lui demanda de prendre la parole, mais il aurait refusé parce qu’il n’est plus le capitaine de l’équipe.

Des propositions ont été faites en présence de tous les sélectionnés et il aurait été décidé qu’en cas de victoire, chaque joueur percevrait 800 000 FCFA et en cas de match nul, 400 000 FCFA. Mais en cas de défaite, il n’y aurait rien. Kéré affirme qu’après leur défaite, chacun savait donc qu’il ne pouvait pas revendiquer quoi que ce soit. Il ne comprend donc pas pourquoi Saboteur l’accuse d’avoir réuni des joueurs à une heure tardive pour parler de primes. « Saboteur ne dit pas la vérité et si j’étais à Ouaga, je lui aurais répété cela 10 fois », ajoute-t-il, visiblement remonté contre le sélectionneur national. Toujours selon Kéré, Saboteur l’aurait même félicité pour avoir donné le meilleur de lui-même contre la Tanzanie.

Le soir, a-t-il précisé, après le repas au restaurant, il était avec Madi Panandétiguiri, Yahia Kébé, Abdoulaye Cissé et Alassane Ouédraogo. Ils ont même joué ensemble à la belote et si ceux-ci veulent, ils peuvent le confirmer.

Kéré nous a laissé aussi entendre qu’après la rencontre, Madi lui a confié que lui, Keré, au départ, n’avait pas son nom sur la feuille de match. C’est parce que lui (Madi ) est blessé que Saboteur l’a retenu. Le sociétaire de Charleroi dit qu’il était déçu d’apprendre cela et que s’il l’avait su auparavant, il n’aurait pas joué cette rencontre. A Dar es-Salaam, nous dit-il, il partageait la même chambre qu’Alassane Ouédraogo.

Moumouni Dagano aurait appelé Saboteur pour lui demander pourquoi il n’a pas appelé Kéré pour le match contre le Sénégal. Le coach aurait répondu à Dagano que le sociétaire de Charleroi est indiscipliné.

Au fur et à mesure qu’on écoutait l’ex-sociétaire du SANTOS FC, la moutarde lui montait au nez. Il jure la main sur le cœur, qu’il n’a jamais rassemblé des joueurs pour parler de primes. Quand il vient en équipe nationale, c’est pour défendre les couleurs du pays. Ce qu’il gagne avec les Etalons ne sont que des « cacahuètes » comparativement à ce qu’il touche avec son club.

Cela fait 6 ans qu’il joue en sélection et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va parler de primes. Kéré nous fait savoir qu’il sera en décembre prochain à Ouagadougou pour ses vacances, et qu’à l’occasion, il compte organiser une conférence de presse pour s’expliquer.

Alors, de quel côté se trouve la vérité ? Si ce n’est pas pour l’histoire des primes, qu’est-ce qui est alors à l’origine de ces bisbilles entre Saboteur et son poulain ? Ce sont autant de questions qu’on peut se poser. Mais quelles qu’en soient les raisons, de telles situations sont propres à pourrir l’atmosphère dans un groupe qui a pourtant besoin de toute la sérénité pour aborder ses matches. A-t-on déjà oublié 1996 ? Depuis le retour de l’équipe de la Tanzanie, l’environnement est malsain parce que les intrigues ont refait surface.

Justin Daboné,
Observateur Paalga