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Rapports du Conseil supérieur de la communication : Des plaintes, des sanctions, des félicitations

Publié le lundi 11 septembre 2006 à 07h17min

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Rappels à l’ordre, mises en demeure, retraits d’autorisation... Le Conseil supérieur de la communication (CSC) veille au grain. "Au cour des deux dernières années, plus de dix médias audiovisuels publics et privés ont été interpellés ou sanctionnés." Il y a eu aussi des plaintes d’usagers du service public, et bien d’autres cas.

Mais malgré ces difficultés, les médias burkinabè ont, de façon générale, engrangé des points positifs. Le président du CSC, Luc Adolphe Tiao, l’a dit, le 8 septembre dernier, au palais présidentiel, à Blaise Compaoré. Il lui a remis, à cette occasion, les rapports 2004 et 2005 de l’institution.

Luc Adolphe Tiao a commencé son discours en distribuant de bons points. D’abord à Blaise Compaoré pour avoir « été plébiscité par le peuple burkinabè » le 13 novembre 2005. Ensuite aux médias pour avoir bien fait leur travail lors des élections passées. « Je me réjouis du fait qu’ils aient joué pleinement leur partition, contribuant, de ce fait, à l’éveil des consciences et à la formation du peuple », a-t-il déclaré. Il a même décerné « une mention spéciale aux médias publics, dont la disponibilité et l’engagement à nos côtés ont permis de répondre, au mieux, aux exigences desdits scrutins ».

Chapeau aussi « aux médias privés pour les multiples initiatives qu’ils ont déployées malgré les moyens souvent limités, et pour le sens élevé de responsabilités dont ils ont fait montre ». Luc Adolphe Tiao a également tenu à dire bravo au gouvernement pour son appui au CSC, notamment en ressources humaines et financières.

Il a aussi abordé des points chauds. Morceau choisi : « Plus de dix médias audiovisuels publics et privés ont été interpellés dans le cadre d’opérations de saisine ou d’autosaisine et, le cas échéant, sanctionnés pour inobservation des obligations contractuelles et des règles qui régissent le secteur. » Et ce n’est pas tout : « Le Conseil reçoit régulièrement des plaintes d’usagers du service public. »

D’abord la crise entre associés de radio Pulsar : l’un des associés, Claver Yaméogo, a saisi le CSC « parce que se sentant lésé dans ses droits par les autres associés qui ont aussi porté plainte auprès du procureur du Faso et demandé qu’il soit extirpé des locaux de la radio, qu’il avait investis illégalement. » A ce sujet, le Conseil lui a attribué une autre fréquence et a décidé de suspendre les programmes de la radio, en attendant le dénouement judiciaire de cette crise.

Le président de l’association FRADES, Cyril Goungounga, a, lui aussi, porté plainte pour « avoir observé, dit-il, un déséquilibre permanent de l’information dans la presse écrite en faveur de la majorité, et une absence de visibilité du Parlement dans ces organes ». Pour lui, ces derniers devraient s’associer à l’opposition pour contrôler et critiquer positivement le pouvoir exécutif. Le CSC a estimé qu’il s’agissait de problématiques dignes d’intérêt, mais a émis des réserves sur certains arguments avancés. Il lui a rappelé « le rôle stratégique de la presse dans le débat démocratique, et réaffirmé l’indépendance de la ligne éditoriale des médias. »

"Persévérez !"

Autre plainte : Alternance 2005, une coalition de partis d’opposition, a estimé que les « amis » et les « tanties » de Blaises Compaoré, avaient « monopolisé les médias publics, particulièrement la télévision », à l’approche de la présidentielle de 2005. Le CSC a, à ce sujet, invoqué la liberté d’association, et affirmé, selon Luc Adolphe Tiao, « qu’il ne pouvait interdire les activités incriminées ». Il a cependant invité les directeurs de médias à prendre eux-mêmes des dispositions pour corriger d’éventuelles dérives ».

Le PDP/PS a également dénoncé un déséquilibre de l’information. Cette fois, la plainte a concerné un spot publicitaire réalisé par le CDP, parti au pouvoir. On y voit, dit-il, des citoyens, portant des tee-shirts à l’effigie de ce parti, invités à s’inscrire sur les listes électorales. Pourtant, la campagne présidentielle n’était pas officiellement ouverte. Le PDP/PS estime qu’il s’agit « d’une concurrence déloyale déguisée ». Mais le CSC n’a pas ordonné le retrait du spot, « arguant du fait que parmi les missions dévolues aux partis politiques, il y a, entre autres, l’éducation au civisme ». Il a même ajouté que « l’élément incriminé ne donnait pas l’impression que la campagne officielle était déjà lancée ».

Le CSC fait une mise au point : « Les déséquilibres observés dans les médias ne sont pas structurels. Ils relèvent de la contradiction des différents acteurs sur le terrain politique. » Cependant, les récriminations continuent. Mais Luc Adolphe Tiao affirme que selon une certaine opinion, « la presse burkinabè est l’une des plus plurielles et des plus critiques en Afrique ». Il a plaidé en faveur d’un statut juridique des médias publics, adapté aux besoins de la concurrence et bien ancré dans le socle du service public.

Plaidoyer aussi en faveur des médias privés : « Force est de reconnaître, dit-il, que la mauvaise répartition des ressources de la publicité ajoutée à une fiscalité pesante, et au coût élevé des matières premières sont autant de situations défavorables qui grèvent leur budget de façon inconsidérée. » Le président du CSC a souhaité que l’Etat leur accorde plus de faveurs. Il a aussi insisté sur la nécessité de dépénaliser les délits de presse en y mettant cependant des garde-fous pour éviter les dérives.

A ce sujet, le président Compaoré estime qu’il faut élargir le débat dans la perspective de trouver un consensus. Il estime que « la presse burkinabè joue convenablement son rôle ». Cependant, il s’empresse d’affirmer qu’en la matière, la formation est extrêmement importante. Et Blaise Compaoré de rappeler qu’il a en projet, et dans cette optique, la création d’un institut. Mais en attendant, « persévérez dans vos efforts ! » a-t-il lancé aux travailleurs de la presse.

Par Hervé D’AFRICK

Le Pays

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