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Consommation de la drogue à Ouagadougou : Une progression inquiétante

Publié le mardi 8 août 2006 à 08h10min

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La police est tout à fait formelle. Ouagadougou devient une plaque tournante du trafic et de la consommation de la drogue. Comme l’a montré notre reportage du mercredi 26 mai dernier (Sidwaya N° 5660), le phénomène prend de l’ampleur. Mais pourquoi cette recrudescence du phénomène ? Sociologues et policiers tentent d’apporter des éclairages sur le sujet.

Au cours des trois derniers mois de cette année, la Brigade des mœurs et des stupéfiants de Ouagadougou a saisi en tout 57, 150 Kg de cocaïne et 59 kg de cannabis en une seule prise. « La consommation progresse », lâche l’officier de police Moumouni Ouédraogo, chef du service d’investigation judiciaire à la Division de la police des mœurs et des stupéfiants. Selon lui, outre les nationaux, les trafiquants se recrutent majoritairement parmi les nationalités de la sous-région. « Nous venons de déférer un jeune homme nigérian qui avait sur lui 11 kg d’héroïne », a-t-il indiqué (notre dernière rencontre a eu lieu le jeudi 27 juillet dernier). Toutes les drogues circulent au Burkina. On dénombre les perturbateurs du système nerveux central comme le cannabis encore appelé herbe, chanvre indien, « Yamba » ou « Bigoua ».

D’autres substances accélèrent l’activité du système nerveux, on les appelle les stimulants du système nerveux central comme le cat cultivé dans les pays de la corne de l’Afrique (Ethiopie, Erythrée, moitié Nord du Cameroun). Les dépresseurs du système nerveux central parmi lesquels on recense l’opium et ses dérivés comme la morphine et l’héroïne. Les psychotropes (paracetamol, ubiprofène), les amphétamines et les inhalants (essence, kérozène, dissolution et éther) sont dangereux pour la santé humaine.

Un enseignant chercheur en socio-anthropologie de la santé à l’Université de Ouagadougou, le Dr André Soubeiga a précisé qu’il n’y a pas de profil type de toxicomane. Toutes les couches sociales peuvent être sujettes à ce vice. « Les raisons sont fort diverses, elles dépendent des expériences et des vécus de chaque personne et c’est ça qui fait qu’il n’y a pas de profil type d’un toxicomane », commente M. Soubeiga.

Les toxicomanes, d’après lui, se recrutent dans toutes les catégories socioprofessionnelles, dans toutes les familles qu’elles soient pauvres, moyennes ou aisées. Des problèmes d’ordre familial, professionnel, les mauvaises fréquentations, le mimétisme, le goût de la découverte, la curiosité peuvent expliquer la prise de substances dopantes.

Si devenir toxicomane semble apparemment facile, y sortir et redevenir normal n’est pas toujours évident. « La majorité des toxicomanes ne reviennent pas normaux pour la société, sanitairement et socialement. C’est extrêmement difficile », prévient le Dr Soubeiga rappelant que la volonté seule ne suffit pas au toxicomane pour retrouver sa lucidité. D’après le socio-anthropologue, il faut en plus de la volonté affichée du toxicomane de sortir du « guêpier », un soutien professionnel avec des psychologues et des psychiatres.

Produit illicite pour le grand public, la production et la vente de la drogue sont licites dans certains cas. Le Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) autorise sa vente parce que la drogue entre pour beaucoup dans les soins médicaux mais aussi sert dans le domaine militaire.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)

Siwaya

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