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Publicité : L’opportune décision du Conseil supérieur de la communication

Publié le mercredi 26 juillet 2006 à 06h43min

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Enfin ! diront certaines personnes qui ne supportaient vraiment plus d’être envahies par ces spots publicitaires qui devenaient de plus en plus dévalorisant pour l’être humain dans son ensemble et la femme plus particulièrement. A ce titre, la récente décision du Conseil supérieur de la communication (CSC) en sa séance du mardi 11 juillet 2006, qui annonce la suppression de la diffusion des spots sur certains produits de beauté, fera date.

Domaine sensible par excellence, ce secteur d’activité fait rarement l’unanimité autour de ces produits. Il serait tout à fait normal que des citoyens aient une approche différente de cette décision du CSC.

Certains estiment en effet qu’au nom de la liberté pour chaque citoyen de décider pour lui-même, le Conseil supérieur de la communication a fait preuve de zèle.

A entendre ces personnes, chaque individu devrait être son libre arbitre. C’est un raisonnement qui a sa logique mais il ne peut en aucun cas avoir raison de la décision de l’instance de régulation de la communication au Burkina. Bien au contraire, on peut reprocher au CSC d’avoir tardé à prendre une disposition salvatrice pour la dignité humaine et singulièrement pour les Africains. En effet, nombre de ces spots publicitaires font la part belle au teint clair c’est-à-dire le teint qui se rapproche le plus de celui du Blanc.

C’est donc un combat culturel qui se mène en sourdine et des Africains sans le savoir et certainement sans le vouloir mènent bataille contre leur propre existence. Il ne s’agit pas ici de prononcer une " Fatwa " contre toutes les femmes qui ont le teint clair car cela sera une aberration tant il est vrai qu’il a toujours existé dans les sociétés africaines cette catégorie de femmes.

Aujourd’hui comme hier elles ont toujours eu un certain succès sinon un succès certain auprès des hommes. Cela ne suffit pas à s’adonner à la dépigmentation et cela pour plusieurs raisons. La première et assurément la plus importante à relever ici, est que le "teint clair" obtenu dans des conditions de tortures de la peau ne produit pas la beauté qui attire les hommes.

Des femmes au teint d’ébène font également battre des cœurs tant elles sont d’une beauté naturelle et dans certains cas, la dépigmentation contribue à éloigner les soupirants. En clair donc, les produits éclaircissants ne sont pas "les sésames ouvre- toi " qui garantiront la conquête de la gent masculine. Qui plus est, en dépit de l’incertitude du résultat escompté, les produits éclaircissants constituent des menaces pour la santé de ceux et celles qui s’adonnent à cette pratique.

Débarrasser le secteur ndes brebis galeuses

Au plan législatif, des dispositions existent déjà pour réprimer l’usage des produits mis en cause. L’Assemblée nationale a effectivement adopté en octobre 2001 une loi qui traite expressément du sujet. En son article 41 alinéa 3 elle dispose que " les produits dépigmentants ne peuvent en aucun cas faire l’objet de publicité ". Le Conseil supérieur de la communication est dans son bon droit. C’est pourquoi s’il y a un reproche à lui faire c’est plutôt d’avoir mis trop de temps avant de réagir. Mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, la délibération du CSC en sa séance du mardi 11 juillet dernier garde intacte toute son importance.

L’occasion faisant le larron, il y a lieu d’interpeller le Conseil pour qu’il aille au-delà du cas des produits éclaircissants et agisse sur tous les produits de publicité. Ce secteur mérite d’être " secoué " pour espérer des acteurs qu’ils aient quelques égards pour le Code de la publicité dont les dispositions doivent être les balises de leurs activités.

La pratique démontre que le manque de contrainte laisse à chacun la liberté d’agir à sa guise. Certains annonceurs en profitent pour abuser de la bonne foi des consommateurs. Si la raison d’être d’un message publicitaire est de vanter les mérites d’un produit, cela ne peut pas être un prétexte à la duperie. Or de tout temps, les écrans de télévision au Burkina et les autres supports sont inondés d’annonces qui font l’éloge des produits qui en réalité sont de qualité douteuse.

Une des raisons à cette situation peut effectivement être le non-respect des dispositions du Code de la publicité et le silence de l’instance de régulation. Cependant, il faut souligner que les animateurs du secteur de la publicité et particulièrement les agences de communication et tous ceux qui réclament ce statut sont les premiers et principaux responsables de l’anarchie qui y règne. La grande majorité de ceux qui y sont actifs sont des amateurs qui ne trouvent leur compte que dans le désordre et le manque de réglementation.

C’est pour cela que l’opinion a accueilli très favorablement la naissance en juin dernier de " Publicitaires associés ", une association professionnelle des agences conseil en communication. On peut alors espérer que cette évolution importante et le nouveau regard plus contraignant du Conseil supérieur de la communication aideront à imposer des codes de conduite à tous les acteurs. Le secteur a visiblement besoin d’un coup de balai salvateur.

Larba YARO

L’Hebdo

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