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Concours directs de la Fonction publique : Grande bousculade aux portes de l’emploi

Publié le jeudi 11 mai 2006 à 08h07min

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Les candidats aux différents concours directs de la Fonction publique (au total 4 830 postes) déposent leurs dossiers de candidature depuis le 3 mai 2006.

De longue files d’attente, des candidats avachis sous un soleil de plomb ou devisant sous un arbre de fortune, l’épreuve est aussi harassante, éprouvante qu’insoutenable ; car l’amer constat que tous font est que les années passent et les conditions d’accueil des candidats ne s’améliorent aucunement. Les choses se compliquent même. Nous avons fait un tour à la direction générale des Eaux et forêts et à l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF) le mercredi 10 mai 2006, pour vivre de près le calvaire des uns et des autres.

Les dossiers de candidatures aux postes de préposés, assistants et contrôleurs des Eaux et forêts et techniciens supérieurs de l’environnement, sont déposés à la direction générale des Eaux et forêts pour les candidats de Ouagadougou. Les centaines de chercheurs d’emploi étaient reçus à deux guichets. Soumaïla Sigué qui est commerçant était sur les lieux depuis 7h, lui et ses amis. Ils disent espérer atteindre le guichet avant quatorze heures, heure de fermeture.

Les dispositions semblent avoir été prises pour éviter que certains ne respectent pas l’ordre pour le dépôt. Mais en attendant (il était 10h 30 minutes) plusieurs s’arrachaient des sachets d’eau que de petits vendeurs, eux qui font de bonnes affaires en cette canicule qui sévit, leur servaient çà et là.

Gérante de télécentre au secteur 30, Alice Compaoré est arrivée à 5h du matin, et dit y avoir trouvé plusieurs dizaines de personnes attendant 8h, heure d’ouverture des guichets. Le rythme du dépôt des dossiers est trop lent et plus d’un pensent que les agents chargés de la réception détenaient par-devers eux, des dossiers de parents et amis. C’est bien l’avis de Kisito Milogo, candidat au poste de préposé des Eaux et forêts (au total 50 postes à pourvoir) ; qui ne décolère pas : "Je suis là depuis 3h du matin. Le rang n’avance pas du tout.

C’est sûr que les gens-là ont reçu plusieurs dossiers de leurs parents". Et pourtant ce dernier devra se rendre à l’ENAREF et à la police pour déposer d’autres dossiers ; soit un total trois tests auxquels il prendra part. Un tour dans la "cabine" des agents de la réception nous permet de comprendre que l’oeuvre est assez titanesque, surtout à cause du nombre insuffisant de personnel. Du reste Michel Ky, président du jury et assisté de madame Céline Kaboré, reconnaît cet état de fait : "Nous comptons renforcer les équipes.

Demain jeudi 11 mai 2006, une dame se joindra à nous pour faciliter un tant soit peu notre tâche". Des personnes rencontrées en ce lieu et visiblement sous tension ne savaient plus trop à quel saint se vouer. "Je dois déposer le dossier d’un ami pour le poste d’attaché de l’éducation environnementale. On m’a dit que ce n’est pas ici et je cherche à savoir où je dois me rendre", s’efforce à nous expliquer Raoul Tago qui tient malgré toute l’endurance, à rendre service à son ami en question.

A l’Ecole nationale des régies financières, la situation n’est guère envieuse. C’est même le comble pour les candidats dont plusieurs y ont passé une nuit entière. Même si elles (Mme Florence Somé et Olivia Traoré) reconnaissent qu’arrivées à sept heures, c’est trop tard, elles déplorent les conditions d’accueil.

Toutes les deux sont candidates au niveau cycle C de l’ENAREF. Nous les avons vues assises sous un arbuste, à plus de cent mètres des guichets de dépôt. Madame Florence Somé dit être malade et ne supporte pas de se tenir aussi longtemps sous le soleil. Etre commerçant de quincaillerie, cela peut bien nourrir son homme à Ouagadougou, on l’imagine.

Pascal Compaoré âgé de 29 ans exerce son petit commerce de quincaillier au secteur 17 et venait de déposer son dossier pour le cycle C de l’ENAREF, après plusieurs heures d’attente puisqu’il a enfourché sa monture à 4h du matin pour pouvoir s’offrir une bonne position dans le rang. Il était onze heures quand nous l’avons rencontré à la porte de sortie de cette école. Son reçu de dépôt portait le numéro 2 186.

Plus de cent candidats étaient debout ou assis devant les deux guichets de réception, sous un soleil de plomb. Triste sort pour ces milliers de candidats désireux de s’offrir un emploi disons, stable et s’assurer de quoi vivre au quotidien ; pour des lendemains meilleurs.

Par Philippe BAMA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2006 à 18:14, par Mathurin En réponse à : Grande bousculade aux portes de l’emploi

    Bonjour, je suis burkinabe vivant aux USA et m’inquiete beaucoup pour mes freres Burkinabe qui prennent part aux concours de la fonction publique. Apres avoir lu votre article, je me suis demande si le gouvernement a la bonne volonte de resoudre ce probleme d’acceuil au niveau des guichets.
    Comme solution, je propose

    1-que les concours soient lances un peu plus tot
    2-Que le gouvernement engagent des etudiants/fonctionnaires a chaque niveau de type de concours afin de multiplier le nombre de guichets pour faciliter les depots.
    3- Que le gouvernement s’assure que les agents qui recoivent les dossiers, n’ont pas apporte des dossiers de leurs voisins, amis, etc.
    4- Que les candidats aussi legalisent leurs dossiers avant meme le lancement des concours afin de ne pas surpeupler les guichets (car les legalisations se font en masse et se deposent en masse) et les points de legalisation tels les commissariats centraux et mairies.
    5- Que chaque candidat ait tout au plus deux dossiers avec lui.

    • Le 11 mai 2006 à 23:28, par Song ti malgué En réponse à : > Grande bousculade aux portes de l’emploi

      Voilà quelqu’un qui prend le soin de proposer des solutions à l’appuie de ses critiques. Hold on man, we really appreciate !
      La question que je me pose est la suivante :
      Pourquoi demander aux candidats d’être physiquement présents pour le dépot, d’autant plus qu’on peut se faire deposer son dossier par quelqu’un d’autre ?
      Une enveloppe déposée dans une boite mise à leur disposition ne suffirait-il pas ?
      Les agents de reception étudieront ensuite la recevabilité des dossiers et afficheront à une date donnée les resultats, avec toutes les informations que contiennent les reçus de depot.
      Les dossiers rejetés et le motif du rejet seront aussi listés et une seconde date arrêtée pour les concernés afin de completer leur dossier.
      On économisera ainsi :
      - Les coût d’établissement des reçus de depot
      - Le temps des candidats, qui, même s’ils ne sont pas encore fonctionnaires reste tout de même précieux(il y en a qui ont
      d’autres occupations).
      Sans oublier non seulement les différentes tensions entre candidats et entre candidats et agents de reception, mais aussi les malaises qui pourraient naitre du fait de la station debout prolongée sous le soleil.
      Aussi, Alice Compaoré pourrait dormir tranquilement(Remarquez, il y a deux compaoré dans le lot de cités. Il est passé où, Blaise ???? Je rigole. Il faut surtout combattre cela.).

      Je loupe peut-être quelque chose mais je crois neanmoins que l’important est d’échanger et de trouver des solutions aux maux qui minent notre société.

      Par la même occasion, je souhaite bonne chance à tous les candidats !

  • Le 11 mai 2006 à 20:25, par Bakus En réponse à : > Concours directs de la Fonction publique : Grande bousculade aux portes de l’emploi

    Depuis plusieurs années, on parle de modernisation de l’administration, de réforme de l’administration, etc, et il n’y a aucune amélioration : les dossiers d’intégration, de titularisation, de pension, etc. c’est la croix et la bannière du côté de la Fonction publique et de la Solde. Pour avoir poursuivi par exemple un relevé général de service (RGS) pour quelqu’un admis à la retraite, j’en sais quelque chose. Pendant toute la période des concours (de mai à septembre) tout le ministère de la Fonction publique était paralysé, il était impossible d’obtenir ce papier à déposer à la CARFO. La quasi-totalité du personnel (y compris les haut cadres, directeurs, etc.) étaient pris pour la réception des dossiers des concours. Pourtant l’administration doit être une continuité.

    Peut-être qu’on devrait penser à améliorer la rémunération des fonctionnaires de l’administration publique. Cela éviterait par exemple que la quasi-totalité des agents (y compris les cadres) abandonnent les bureaux et courent après les perdiems servis pour l’organisation des différents concours. Les mêmes personnes accepteraient peut-être alors de recruter des étudiants pour faire une bonne partie de ce travail. En plus de cela il y a nécessité de restaurer l’éthique et la déontologie : par exemple les fonctionnaires du ministère des Finances sont les mieux payés avec des fonds communs bien garnis même lorsqu’il y a des tensions de trésorerie, mais ce n’est pas pour autant qu’ils fassent preuve d’efficacité et de diligence dans le traitement des dossiers des administrés. Bien au contraire, c’est l’un des milieux de la corruption ....

    Pour le cas précis des inscriptions aux concours, pour avoir vu comment ça fonctionne dans les pays développés, une autre alternative serait d’autoriser les gens à s’inscrire (en ligne par internet) et de faire parvenir les dossiers une seule fois pour tous les concours et pour toutes les années à la fonction publique soit par la poste, soit à des guichets ouverts en permanence durant toute l’année. Des informaticiens peuvent facilement mettre en place un logiciel pour ça. L’internet est aujourd’hui très accessible avec la prolifération des cybers ; en plus l’Agence mationale de la promotion de l’emploi, pour être utile, peut ouvrir pour cela des cyber d’accès gratuit pour les sans-emplois.

    On dira que ça diminuera les recettes de l’Etat (diminution des légalisations), mais n’oublions pas que ce sont les pauvres parents cultivateurs et les fonctionnaires aux maigres ressources qui paient pour ces sans-emplois. La lutte contre la pauvreté passe également par des sacrifices de recettes à consentir pour les couches sociales défavorisées (les chômeurs et leurs parents).

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