LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Escroquerie : quatre brigands dans les filets du commissaire Sondo

Publié le vendredi 17 mars 2006 à 07h18min

PARTAGER :                          

Le commissaire de police, Paul Sondo, a convoqué la presse, le 16 mars dernier, dans les locaux du commissariat situé à Ouaga 2000. Objectif : présenter aux journalistes quatre présumés brigands qui ont tenté d’escroquer la somme de 400 000 F CFA à une citoyenne.

En général, "les escrocs opèrent par groupe de six à dix personnes environ". Mais, pour le moment, le commissaire Sondo explique que son équipe et lui n’ont pu interpeller que quatre personnes, deux Burkinabè et deux Camerounais. Il s’agit notamment de Noël Badolo, né en 1967 dans la province du Sanguié, au Burkina. Sa profession ? "Escroc", répond le commissaire. Et d’ajouter qu’en général, ce sont des gens qui ne font rien comme travail dans la vie.

Certains d’entre eux iront même jusqu’à vous inventer un boulot quelconque : décorateur, fabricant ou vendeur d’objets d’arts, etc. Avant de venir au Burkina, Noël Badolo exerçait, selon la police, soit en Côte d’Ivoire, soit au Gabon, toujours dans le même domaine.
Pierre Evendy est né, lui aussi en 1967, au Cameroun. Il dit être rapatrié de l’Algérie depuis 2002 et séjourne au Burkina depuis 2003. Sokabinda est lui aussi d’origine camerounaise, né le 27 décembre 1975. "Il prétend être décorateur", a confié le commissaire Sondo. "Il est marié à une "femme blanche" qui vient lui rendre souvent visite depuis que nous les détenons ici", explique le commissaire. Harouna Bonkoungou, quant à lui, est Burkinabè. Il est né le 6 octobre 1977, à Bouaflé, en république de Côte d’Ivoire. C’est lui qui jouait le rôle de chauffeur car, précise le commissaire, les rôles sont impartis en général au sein de ce genre de groupe.

"Tout est parti, raconte le commissaire Sondo, dans la journée du 10 mars 2005, lorsqu’une femme nous a saisi pour savoir quelle était la conduite à tenir face à des coups de fil qu’elle recevait de gens dont elle doutait de la sincérité. Après nous avoir exposé le problème, nous lui avons demandé de jouer le jeu, sans paniquer. Selon la dame, l’individu, à l’autre bout du fil disait appeler pour lui présenter ses condoléances suite au décès de son mari que lui-même connaissait très bien et avec lequel il entretenait de bons rapports. Au grand étonnement de la femme, qui n’a jamais perdu son mari. Par coïncidence, certainement, elle avait cependant perdu l’oncle de son mari qui portait le même nom que ce dernier .

"Ce genre d’approche est fréquemment utilisé par les escrocs", a déclaré Paul Sondo. Ces présumés brigands recrutent le plus souvent leurs victimes dans les carnets nécrologiques. Ils se font passer ensuite pour quelqu’un qui était proche du défunt.

Toujours selon M. Sondo, l’intéressé aurait ensuite fait comprendre à son interlocutrice, qu’il faisait partie d’une structure oeuvrant en partenariat avec les Nations unies dans la lutte contre la pauvreté au Burkina. Cela, à travers des fonds que les membres débloquent, chaque année, pour la réalisation de forages, la construction d’écoles, le bien- être des personnes dans les zones déficitaires, etc. C’est donc une mallette contenant des millions que la dame devait recevoir en contre- partie. Pour ce faire, il lui fallait débourser 400 000 F CFA. Cette somme équivaut aux différents frais de transfert de la mallette.

Entre le démarrage de la scène et la réception de la mallette par leur victime, ces individus mal intentionnés mettaient en oeuvre tout un scénario. Par exemple, donner un numéro des Etats-Unis à la dame à travers le système du roaming où elle pouvait joindre quelqu’un pour se rassurer de la véracité des faits... Ce dernier, pourtant basé pas très loin, adoptait un accent américain et le reste suivait.

Lors du "tournage", les appels téléphoniques ne manquaient jamais. Quand ce n’est pas un qui appelle pour savoir si la mallette est arrivée à destination, c’est un autre qui veut savoir si madame a réuni l’argent.

Après toutes ces tractations, ils ont donné rendez-vous à leur victime, à la gare routière, pour venir récupérer la mallette remplie de gros sous. "Le jour J, nous nous y sommes rendus, en prétextant être chargés de les ramener au domicile de la femme et c’est de la gare qu’ils ont été conduits au commissariat", a relaté M. Sondo.

En fait de billets de banque, c’était des billets noirs qui étaient classés au-dessus dans la mallette et tout le reste des feuilles de papier découpées. Pour obtenir l’argent, ils ont expliqué à la femme qu’elle devait se munir de gans et d’un couvre-nez. Ensuite, il fallait prendre un billet noir et verser un produit dessus. Ce produit était contenu dans un tube, dans le coffre. Quelques instants après cette opération, le billet se décape automatiquement. Il ne reste plus qu’à le rincer ensuite, le sécher et on a l’argent.

Noël Badolo et ses acolytes seront conduits devant le parquet qui décidera de leur sort. En alertant la presse, le commissaire Sondo a estimé qu’il lui était nécessaire de médiatiser ce genre d’événements, afin d’attirer l’attention du public. "Que ceux qui sont approchés de cette façon nous fassent signe et acceptent de jouer le jeu jusqu’au bout". Tel est l’appel qu’il lance à tous. "Dans la plupart des cas, les gens attendent d’être pris totalement au piège, et ce n’est que lorsqu’ils se rendent compte qu’ils avaient affaire à des faussaires, qu’ils viennent se confier à nous", explique-t-il.

Paul Sondo invite aussi ceux qui ont été victimes des oeuvres de ces quatre présumés escrocs à informer la police.

Par Christine SAWADOGO
Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 mars 2006 à 10:58, par Mièlé En réponse à : > Escroquerie : quatre brigands dans les filets du commissaire Sondo

    C’est bien de le mettre en ligne car beaucoup d’escroqueries comme ce qui est décrit ici se passent sur le net ! Le problème c’est que y en a plein qui croient au miracle ; Vu la misère de notre quotidien on comprend aisément que quelqu’un perd la raison quand on lui promet des chifrre avec derrière 6 zeros !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique