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Burkina/Insécurité : Rompre le jeûne à Djibo, un véritable défi

Publié le lundi 8 avril 2024 à 22h55min

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Burkina/Insécurité : Rompre le jeûne à Djibo, un véritable défi

La ville de Djibo (région du Sahel, province du Soum), jadis un havre de paix, est considérée désormais comme l’épicentre du terrorisme au Burkina Faso. Dans cette zone du pays, la majorité de la population est de confession musulmane. Lefaso.net a recueilli le témoignage d’un habitant de la localité. Il a dépeint la situation qui y prévaut et les conditions dans lesquelles les populations pratiquent le quatrième pilier de l’islam.

Selon les chiffres du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR), à la date du 31 mars 2023, on dénombre 2 062 534 de Personnes déplacées internes (PDI) au Burkina Faso. Djibo est en tête des communes d’accueil.
Pour éviter d’exposer notre témoin, nous l’appellerons M. B. L’individu a confié que malgré l’adversité, les populations ont tenu à jeûner au nom de la foi qui les anime. Hélas, à l’heure de la rupture, il est difficile de manger correctement, car, la ville est à court de denrées de première nécessité. « Avant le mois de jeûne, on avait des difficultés à se nourrir. La situation est restée inchangée jusqu’à ce jour », a-t-il dit peiné.

Il a souligné qu’il y a de cela une semaine, l’action sociale a offert des vivres aux populations. Chaque ménage a reçu du sorgho et du riz. M. B a apprécié ce geste. Mais, il trouve que cela est insuffisant au regard du nombre de bouches à nourrir dans chaque famille. En cette période de jeûne, le sucre est très prisé. A Djibo, il est vendu à prix d’or. Pour se procurer un Kg, il faut débourser la somme de 2.500 FCFA. Encore faut-il trouver un commerçant qui l’a en stock, déplore-t-il.

« Bien avant même le mois du jeûne, par manque de nourriture, il y a des personnes qui ne mangeaient pas dans la journée à Djibo, » Mr B

Aussi, le prix du riz est exorbitant. « Les commerçants donnent le riz aux femmes qui se promènent pour le vendre. Elles vendent le kg à 2 500 FCFA. Mais, j’ai constaté que certaines d’entre elles servent un demi et quart. Lorsque tu commences à te plaindre, elles disent que si tu ne veux pas, il faut laisser. Ce n’est pas la clientèle qui manque. Tu n’as pas le choix, tu te tais et tu prends le riz comme tel », a-t-il narré.

La détresse économique

Il est demandé aux fidèles musulmans de faire des dons pendant ce mois sacré. M. B s’est souvenu qu’avant la guerre, à Djibo, les dons se faisaient à foison. Il a dit constater que les personnes nanties de la localité n’ont plus les moyens de pratiquer la Zakat (l’aumône imposée par la religion pour les personnes qui ont un minimum de richesses).

La morosité économique est l’une des conséquences de la crise sécuritaire. « Dans le passé, il y a des personnes qui étaient riches. Elles aidaient de nombreuses personnes pendant le mois de Ramadan. Elles distribuaient du sucre, du mil, etc. Actuellement, notre seul donateur est l’action sociale. Il n’y a plus de travail à Djibo. Le maraîchage et le commerce sont les seules activités qui se font ici. Si tu n’es pas un maraîcher ou commerçant, tu ne travailles pas », a-t-il souligné.

M. B a déclaré que l’heure n’est pas à la fête du Ramadan à Djibo. La ville manque de vivres. Il a donc demandé aux autorités de se pencher sur la détresse des populations en ravitaillant Djibo au plus tôt. A l’endroit des forces combattantes opérant dans la localité, il a traduit toute son admiration et sa reconnaissance pour le sacrifice consenti.

Samirah Bationo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 avril à 23:17, par Citoyen ordinaire En réponse à : Burkina/Insécurité : Rompre le jeûne à Djibo, un véritable défi

    On a entendu que le litre de carburant se vendait à plus de 5.000 FCFA à un certain moment dans cette ville mais 1 Kg de riz à 2500 FCFA et 1 Kg de sucre à 2500 FCFA, c’est du jamais vu et entendu même pour les personnes relativement âgées ! Où allons-nous avec avec de telles tendances même si la guerre venait à finir comme nous le souhaitons tous ! Mais enfin, après toutes ces souffrances que les djihadistes nous ont infligées, il serait dommage qu’on ne tire pas leçon pour le futur et pour les générations à venir ! A ce qu’on dit la.ville de Djibo a produit et entretenu pendant longtemps l’un des djihadistes les plus féroces à savoir le sieur Malam Dicko. Il semble que pendant longtemps, les autorités djibolaises et la population ont assisté sans réagir aux prêches radicales de cet islamiste ! Conséquences, il a eu le temps d’embarquer pleins de jeunes dans une "fausse guerre contre les cafres" et quand ses manœuvres ont été découvertes, c’était un peu trop tard. Alors, les habitants de cette ville qui paient aujourd’hui le prix le plus fort doivent désormais être vigilants et intraitables vis-à-vis de ce genre de phénomènes car le calvaire actuel dure près d’une décennie. Et si Malam Dicko est toujours vivant, il n’est pas exclu qu’il ait encore quelques adeptes aveuglés par la promesse d’un paradis éternel sur terre et au ciel ! Alors, bon courage aux populations éprouvées de Djibo ! Que Dieu veille sur le Burkina !

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  • Le 9 avril à 08:51, par Rico En réponse à : Burkina/Insécurité : Rompre le jeûne à Djibo, un véritable défi

    Témoignage poignant ! Quand le droit à l’alimentation est quasi impossible à réaliser.
    Que dire ? De ma petite personne, je souhaite une fin très rapide à tout ce qui nous arrive, que la paix revienne dans mon pays et partout dans le monde !
    Courage, Allah fera grâce !

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  • Le 9 avril à 16:38, par SOME En réponse à : Burkina/Insécurité : Rompre le jeûne à Djibo, un véritable défi

    Courage à vous chers compatriotes de Djibo. Avec les 500 millions qu’on vient d’injecter dans la communication de guerre, bientôt votre souffrance sera un mauvais souvenir. Le pouvoir magique de la communication viendra mettre fin au terrorisme. La vie déviendra moins cher.
    Alors vive le Prési Ib
    Vive le MPSR
    Courage aux martyrs Anselme Kambou et toutes les autres victimes.
    SOME

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  • Le 9 avril à 17:14, par Jeunedame seret En réponse à : Burkina/Insécurité : Rompre le jeûne à Djibo, un véritable défi

    Cynisme ?? S’il n’y a plus rien à donner, pourquoi alors piller ? Le meilleur jeûn serait d’abord de forger la baisse des prix de vos riz et sucres et autres, comme sacrifice ou Zakat pour plaire à vous tous. Allah comprend bien.

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