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Production de jus naturels et produits à base de lait : Les coupures d’électricité plombent l’activité

Publié le lundi 8 avril 2024 à 15h20min

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Production de jus naturels et produits à base de lait : Les coupures d’électricité plombent l’activité

En plus de la canicule qui sévit actuellement, les Burkinabè sont confrontés depuis plusieurs jours à des coupures intempestives d’électricité. Ces interruptions de fourniture d’énergie, affectent sérieusement les activités de plusieurs secteurs. C’est notamment le cas du secteur de la vente de jus naturels et de produits laitiers, dont les produits nécessitent un respect strict de la chaîne de froid. Nous avons rencontré quelques vendeurs de ces denrées, qui disent ne plus savoir à quel Saint se vouer.

Olivia Douamba commercialise des jus naturels. Ochata, jus de pain de singe, jus de tamarin, jus de gingembre au petit cola, jus de bissap, sont entre autres les boissons qu’elle propose. Elle avait l’habitude de produire au moins 300 à 400 bidons de jus par jour. Mais avec les fréquentes coupures d’électricité constatées, son activité a pris un coup avec les pertes enregistrées. Olivia Douamba relève avoir dû mettre à la poubelle plusieurs bidons de jus, surtout des bidons de jus de souchet (Ochata), qui devient rapidement non comestible face aux fortes températures. "Imaginez un peu si vous devez jeter au moins 50 bidons de jus que vous commercialisez à 1250 FCFA l’unité. Imaginez la perte que ça fait". Elle fait savoir qu’en attendant de connaître de meilleurs jours, elle a changé la technique de production de certains de ces jus. Grâce à la technique d’embouteillage qui ne nécessite pas la conservation au frais, elle arrive à minimiser un tant soit peu, les risques de perte.

Justine Bonkoungou, qui propose du gapal, a décidé de ne produire que sur commande pour minimiser les pertes

Justine Bonkoungou quant à elle, propose du gapal (mélange de yaourt et de petit mil) à ses clients. Elle affirme que la situation actuelle, a conduit à un ralentissement de ses activités, car elle ne prend plus le risque de produire et stocker. En effet, explique-t-elle, avant le début des interruptions d’électricité, elle produisait en grande quantité, non seulement pour livrer les boutiques et alimentations partenaires qui proposent ses produits dans leurs rayons, mais aussi pour les clients qui prennent occasionnellement quelques bidons. Mais depuis que l’énergie électrique se fait rare, elle dit s’être résolue à produire en fonction des besoins des alimentations partenaires, eu égard au fait que le gapal est un produit laitier très sensible.

"Nous sommes obligés d’attendre qu’il y ait des commandes avant de produire. Aussi, quand on livre dans les boutiques et qu’on sait qu’au bout d’une semaine ou de quelques jours le produit ne sera plus disponible, c’est là que nous produisons. Mais toujours la peur au ventre parce que le gapal est un produit vraiment délicat". Mme Bonkoungou confie avoir déjà passé des nuits blanches à veiller pour attendre l’électricité, qui s’est envolée dès la fin de la production. Elle a ainsi dû faire appel à des proches qui avaient l’électricité à domicile, pour pouvoir conserver au frais ses bidons de gapal.

Olivia Douamba, vendeuse de jus, confie avoir perdu beaucoup de produits surtout de jus de souchet

En plus du ralentissement des activités, elle relève également des pertes. En effet, lorsqu’elle procède au ravitaillement des boutiques partenaires, elle se voit dans l’obligation de remplacer les bidons de gapal non vendus, parce que la chaîne de froid n’a pas été respectée par les tenanciers de la boutique et que le produit n’est plus consommable. Pour sauver son activité, elle pense à investir dans des congélateurs solaires pour ne plus avoir à dépendre de la nationale de l’électricité.

Rachidatou Ouédraogo a fait de la vente de yaourt et de dèguè, des produits à base de lait, son activité principale. Grâce à ce commerce, elle arrivait à tirer son épingle du jeu. Mais depuis que le jus de la Sonabel se fait de plus en plus rare, elle ne compte plus ses pertes, tellement il y en a eues. Et ces pertes, la commerçante les évalue à environ 300.000 FCFA. " Les produits dérivés du lait ne tiennent pas longtemps à une certaine température, et dès que ça tourne, il faut simplement jeter à la poubelle. Il n’y a pas de rattrapage possible", déplore-t-elle.

Rachidatou Ouédraogo, vendeuse de Dèguè et de yaourt, estime avoir perdu environ 300.000 FCFA avec les coupures d’électricité

Rachidatou Ouédraogo aurait bien voulu acquérir un groupe électrogène pour ne plus avoir à subir les caprices de la nationale de l’électricité. Seulement affirme-t-elle, les prix des groupes électrogènes font qu’ils ne sont pas accessibles aux petites entreprises comme la sienne. En attendant que la fourniture d’électricité soit plus stable, Rachidatou évite de produire en grande quantité. Cela lui permet de minimiser les pertes en cas de délestage de longue durée.

À défaut de pouvoir acquérir un équipement solaire ou un groupe électrogène pour conserver leurs produits "fragiles", le vœu des personnes intervenant dans le domaine des jus et des produits laitiers, est que la nationale de l’électricité puisse trouver rapidement une solution à ses défis actuels, afin de stabiliser la fourniture de l’électricité.

Armelle Ouédraogo
Le Faso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 avril à 17:58, par Oim En réponse à : Production de jus naturels et produits à base de lait : Les coupures d’électricité plombent l’activité

    Les coupures de courant sont un mal récurent qui promet d’être résolu à chaque saison chaude. En vain.
    On s’échine à produire plus mais la consommation augmente d’autant. Alors on importe. Sans meilleur résultat.
    J’attends un DG de la SONABEL qui aura un jour le courage de développer une division SONABEL-Solaire au Burkina. Avec des boutiques qui commercialisent des climatiseurs, ventilateurs, congélateurs et autre produits solaires de qualité. Avec des techniciens qualifiés et formés pour réaliser des installations performantes sous label de l’entreprise. La SONABEL pourrait ainsi tirer partie et bénéfice du solaire tout en palliant son déficit chronique de production d’électricité fossile. Ne parlons même pas de l"impact écologique d’une telle initiative pour le pays.
    On me dira sans doute que ce n’est pas la vocation de l’entreprise de vendre du matériel solaire. Je répondrais qu’il est peut être temps de repenser les statuts de la SONABEL face aux défis actuels.

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