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Sahel/Projet SWEDD : Les défis de l’autonomisation de la femme et de la jeune fille au cœur de la 7e session ministérielle

Publié le jeudi 29 février 2024 à 20h49min

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Sahel/Projet SWEDD : Les défis de l’autonomisation de la femme et de la jeune fille au cœur de la 7e session ministérielle

Le Premier ministre Apollinaire Kyélèm de Tambela a présidé ce jeudi 29 février 2024, à Ouagadougou, la 7e session ministérielle du Comité régional de pilotage du projet SWEDD. Ce projet intitulé en français « Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel » se définit en anglais par « Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend Project (SWEDD) ». Il vise en effet à accélérer la transition démographique et à déclencher le dividende démographique, ainsi que la réduction des inégalités entre les sexes.

Le principal thème autour duquel vont se dérouler les travaux de la 7e session ministérielle du Comité régional de pilotage du projet SWEDD est : « Défis de l’autonomisation de la femme et de la jeune fille au Sahel ». La présente rencontre intervient juste après celle des coordinateurs des unités de gestion dudit projet, qui s’est tenue du 26 au 28 février 2024, au sein de la capitale burkinabè. Les ministres vont ainsi passer au peigne fin, les différents sujets examinés par les coordinateurs des unités de gestion dans la perspective d’offrir particulièrement un avenir radieux à la femme et à la jeune fille.

Pour ce faire, ces acteurs vont de façon spécifique analyser les progrès mais aussi les défis rencontrés au cours de l’année 2023, pour enfin se projeter sur cette année, en vue d’une mise en œuvre réussie et efficace du présent projet. C’est dire que ce cadre revêt un caractère stratégique au regard des décisions majeures qui sortiront des échanges.

Plus de vingt millions de jeunes filles exposées à des risques

Mais avant d’y arriver, l’instant est d’abord consacré au cérémonial. Dans son allocution, Dr Sennen Hounton, directeur régional UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a souligné les risques auxquels sont exposés notamment les jeunes filles. « Dans les pays accompagnés par le projet SWEDD, plus de vingt millions d’adolescentes et jeunes filles sont confrontées à un triple risque : la grossesse précoce, le mariage d’enfants et l’abandon scolaire », a-t-il exposé.

« Dans un camp de déplacés internes à Ouahigouya, j’ai pu lire sur le visage d’une jeune fille, le désir de continuer son éducation… », Dr Sennen Hounton, directeur régional UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre

Pour Dr Sennen Hounton, c’est le lieu de montrer les impacts du projet SWEDD et renouveler les engagements pour les 30 prochaines années. Cela, afin qu’aucune femme ne meurt en donnant la vie, que toute grossesse reste un choix et non un hasard, qu’il n’y ait pas de violences faites aux femmes, et que le potentiel de tout jeune soit accompli.

La cérémonie d’ouverture officielle marquée par le discours du chef du gouvernement burkinabè, livré par son ministre de la santé et de l’hygiène publique, Robert Kargougou, a donné le ton des travaux. Il fait remarquer que l’autonomisation des femmes, des filles et des jeunes est inscrite au rang des priorités du gouvernement de la transition. Elle est, précise-t-il, traduit dans le Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PA-SD) à travers tous les quatre piliers et spécifiquement, le pilier 2 : « répondre à la crise humanitaire ».

Vue des participants à la 7e session ministérielle du Comité régional de pilotage du projet SWEDD à Ouagadougou

Cette volonté de mettre l’être humain, en particulier les femmes et les jeunes au cœur du processus de développement, s’est matérialisée, dit-il, par des investissements stratégiques visant à réaliser les conditions optimales pour la participation de ces derniers, à la création endogène de la richesse nationale.

Les initiatives du Burkina Faso présentées

Dans la perspective d’atteindre les résultats escomptés, Robert Kargougou porte à la connaissance de l’assistance, les grands chantiers ouverts par son pays. « On peut citer la création de l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (APEC), l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 qui projette atteindre la souveraineté alimentaire, de créer cent mille emplois dans le secteur rural, et d’accroître le PIB agricole de près de 11% », a-t-il évoqué.

« Dans les zones à forts défis sécuritaires, 44 postes de santé avancés et 32 équipes mobiles de soins ont été déployés au profit de 1 605 688 PDI », Robert Kargougou, ministre de la Santé

Au nombre des actions entreprises par le gouvernement burkinabè, figurent aussi le lancement de l’initiative Référent opportunité insertion (ROI) qui a permis de créer dans toutes les communes rurales et urbaines des services de promotion de l’insertion professionnelle des jeunes. Il faut ajouter à cela, la mobilisation de quatre milliards de francs CFA selon le ministre de la santé, pour assurer le maintien de l’offre de soins et des services de nutrition, y compris la prise en charge des Violences basées sur le genre (VBG), dans les régions fortement affectées comme le Sahel et le Centre-nord…

Bien avant l’intervention du ministre burkinabè en charge de la santé, Boutheina Guermazi, directrice de l’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la Banque mondiale, a partagé avec l’assistance, des statistiques qui interpellent. « Selon les statistiques, plus de la moitié des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre, environ 58% ont peu de chance d’atteindre l’éducation secondaire, près de 40% sont susceptibles de subir des mariages précoces (avant l’âge de 18 ans) et environ 20% pourraient se retrouver dans la maternité précoce », a-t-elle révélé

« Les déplacements forcés aggravent les VBG et les mariages précoces », Boutheina Guermazi, directrice de l’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la Banque mondiale

Environ 13 400 000 PDI en Afrique de l’Ouest et du Centre

Ces défis, relève Boutheina Guermazi, sont encore plus prégnants pour les filles qui vivent en zones rurales, pour celles qui sont pauvres, de même que pour celles qui vivent avec un handicap ou qui appartiennent à une minorité ethnique. Elle poursuit son allocution, en rappelant que ces difficultés sont exacerbées notamment par les crises sanitaire, climatique, sécuritaire, et les conflits internes et régionaux.

Des propos de la représentante de la Banque mondiale, l’Afrique de l’Ouest et du Centre enregistre actuellement environ 13 400 000 personnes déplacées internes. « L’urgence nous interpelle pour intensifier les interventions en faveur de l’égalité du genre, et de l’autonomisation des femmes et des jeunes filles. Pour ce qui nous concerne à la Banque mondiale et guidés par le nouveau plan d’action régionale pour l’égalité du genre, nous avons augmenté nos investissements en faveur des pays aux fins de couvrir un large éventail d’initiatives », a-t-elle annoncé.

« Je remercie la Banque mondiale pour la réponse apportée à ces aléas à travers des actions concrètes et d’avoir accepté notre fort plaidoyer d’extension du projet à d’autres pays », Moctar Ould Dahi, ministre en charge de l’éducation nationale de la Mauritanie

Le projet SWEDD passe désormais à douze États membres

Parmi ces investissements dont a fait cas Boutheina Guermazi, se trouve le projet SWEDD, qui représente l’initiative phare de la Banque mondiale.
Lancé en novembre 2015 avec le soutien financier de la Banque mondiale, l’appui technique du Fonds des nations unies pour la population (UNFPA) et de l’Organisation ouest-africaine pour la santé (OOAS), le projet SWEDD vise globalement à accélérer la transition démographique, à déclencher le dividende démographique et réduire les inégalités de genre dans la région du Sahel. Il a été initié sous l’impulsion de six pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, que sont le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et le Tchad.

Six autres États font leur entrée dans ce projet structurant au regard des objectifs poursuivis dont la pertinence n’est plus à démontrer. Ce sont le Bénin, le Cameroun, la Guinée, le Congo, la Gambie, le Sénégal et le Togo. Le projet SWEDD passe désormais à douze pays membres avec la dénomination SWEDD+.

Lire aussi : Burkina / Mise en œuvre du projet SWEDD : Les coordinateurs des unités de gestion se concertent pour la 7e session ordinaire du comité régional de pilotage

Hamed Nanéma
Lefaso.net
Crédits photos : DCRP Primature

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