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Permis de conduire moto : Une catégorie qui n’intéresse pas beaucoup les Burkinabè

Publié le mardi 13 février 2024 à 21h45min

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Permis de conduire moto : Une catégorie qui n’intéresse pas beaucoup les Burkinabè

Un Ouagalais sur deux possède une motocyclette. Certains conducteurs d’engins à deux roues ne possède pas de permis de conduire et n’ont aucune notion du code de la route. Les permis de conduire A1 et A font pourtant partie des offres de formations des auto-écoles, en plus des autres permis de conduire.

Le permis, de façon générale, est une autorisation délivrée par l’Etat qui permet au titulaire du document de conduire la ou les catégories de véhicules dont il est titulaire. Normalement pour les usagers des vélomoteurs et des motocyclettes, il faut un permis de conduire. Il s’agit des catégories A1 et A qui s’obtiennent respectivement à l’âge de 14 ans et de 16 ans. Le permis A donne le droit de conduire les cyclomoteurs ou les vélomoteurs dont la cylindrée est inférieure à 125 cm3 et le permis A donne le droit de conduire les motocyclettes qui ont une cylindrée supérieure à 125 cm3.

Sur cinq auto-écoles où nous nous sommes rendus, aucune n’enregistre actuellement de candidats au permis de conduire de ces catégories. Il est très rare que dans ces auto-écoles, des personnes viennent s’inscrire pour le permis « moto ». Néanmoins, selon le responsable d’une de ces auto-écoles qui a souhaité gardé l’anonymat, ils ont quelquefois reçu des personnes intéressées. « Généralement ce sont des étrangers qui s’inscrivent pour pouvoir rouler leurs grosses motos en toute légalité. Il y a aussi les jeunes, surtout les élèves, qui viennent pendant les vacances à la demande des parents », nous confie-t-il, précisant que ce sont des cas rares.

"Les gens préfèrent attendre de pouvoir faire le permis de conduire pour voiture avant de s’inscrire ", selon Dramane Ouédraogo, chargé de la formation à l’Association des auto écoles du Burkina

Pour Dramane Ouédraogo, directeur de Assurance auto-école et chargé de la formation à l’Association des auto écoles du Burkina, les gens s’inscrivent très rarement aux permis A1 et A parce qu’ils ne donnent pas le droit de conduire une voiture. Les gens préfèrent donc attendre et faire le permis de voiture d’un coup. « Il faut comprendre que les parents ne s’intéressent pas au permis moto parce qu’ils se disent que payer pour le permis A1 et après encore il faut repayer pour le permis de conduire B ou C est un gâchis. Donc ils préfèrent attendre que l’enfant ait 18 ans pour faire le permis de voiture B ou C. Puisqu’en faisant le permis C ou B, on obtient automatiquement la catégorie A1 », explique Dramane Ouédraogo.

Concernant les élèves, étant donné qu’ils ne comprennent pas vraiment l’importance lorsqu’on les inscrits, ils pensent que c’est pour le permis de conduire de la voiture. Plus tard, quand on leur dit qu’ils n’ont pas l’âge et que c’est le permis moto, ils sont démotivés.

Pour avoir des statistiques sur le permis de conduire A1 et A, nous avons joint la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) sans suite favorable pour l’instant. Nous nous sommes donc rendus au niveau de l’espace d’examen du créneau qui se situe à cheval entre le quartier 1200 logements et le quartier Koulouba. Il faut préciser que le permis A s’obtient à l’issue d’un examen pratique contrairement au permis A1 qui se limite à l’examen du code de la route. Sur le terrain, ce sont uniquement les véhicules et les camions que l’on retrouve à l’examen. Selon les moniteurs que nous avons rencontrés, le dernier examen de moto remonterait à au moins 4 ou 5 mois sur cet espace. « C’est un examen rare à voir ici. Moi-même je ne sais pas comment ça se programme parce je n’ai jamais eu de candidat de cette catégorie », nous lance un des moniteurs. Nous quittons les lieux sans plus d’informations sur cet examen.

Seuls les camions et les voitures sont présents sur le terrain d’examen du créneau

Quelques initiatives développées pour apprendre au moins le code la route aux plus jeunes

L’Office national de la sécurité routière (ONASER) a développé un système où il travaille avec les auto écoles qui forment des clubs de sécurité routière au niveau des établissements et à qui il octroie chaque année au minimum 100 bons de permis de conduire A1 et A. À ce niveau, cette catégorie commence à être demandée parce qu’elle permet aux élèves qui partent à moto à l’école de comprendre le code de la route et de l’appliquer.

L’Association pour l’éducation routière des enfants (AERE) a fait de l’apprentissage du code de la route aux enfants sa principale mission. Ali Koné, qui est moniteur et coordonnateur du centre, indique que le centre est destiné aux enfants mais au vu de certains partenariats, ils forment aussi d’autres personnes. « Ici ils font le code de la route et ils apprennent à conduire. Les enfants viennent de divers horizons et il y a permanemment des enfants à former », précise-t-il.

Les enfants sont formés au code de la route et à la circulation routière au niveau de l’Association pour l’éducation routière des enfants (AERE )

Dramane Ouédraogo invite les parents à inscrire leurs enfants dès leurs 14 ans pour le permis de la catégorie A1 parce que de nos jours les enfants grandissent vite. « Il arrive que des enfants dérobent les clés de voiture de leurs parents pour sortir. Mais si ces derniers sont déjà titulaires d’un permis de conduire A1 ils connaîtraient au moins le code de la route. Les jeunes ne sont pas motivés mais il va falloir que les parents arrivent à les motiver et que les parents sachent qu’on ne fait pas le permis uniquement pour conduire une voiture. Le plus important est de connaître le code de la route pour pourvoir bien circuler » insiste-t-il.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 13 février à 15:21, par Paul En réponse à : Permis de conduire moto : Une catégorie qui n’intéresse pas beaucoup les Burkinabè

    Combien de morts de jeunes mineurs sur les motos tous les jours ? Sans oublier les personnes qu’ils tuent en les accidentant !
    L’état est responsable de cette hécatombe. Il y a 2 solutions : rendre obligatoire le permis moto. Faire respecter l’âge minimal de 14 ans pour conduire une moto. C’est loin d’être le cas quand on voit des jeunes de 10 ans sur des motos. Toutes les motos devraient être assurés et du coup le permis serait obligatoire comme pour les véhicules. Dernier point est le port obligatoire du casque pour tous !

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  • Le 14 février à 11:38, par Alph@2025 En réponse à : Permis de conduire moto : Une catégorie qui n’intéresse pas beaucoup les Burkinabè

    Une des caractéristiques des burkinabè est de secréter des textes dont certains sont excellents au point d’inspirer d’autres pays qui par la suite étonnent les burkinabè eux mêmes de par les résultats obtenus. Mais une chose est de générer des textes, une autre chose est de les appliquer. Sur ce point, les burkinabè se distinguent également, mais cette fois ci, négativement. Les textes sont rarement appliqués. C’est le cas en particulier de ceux qui régissent l’utilisation des cycles motorisés. l’application de la mesure relative au port du casque, dont les avantages sont évidents même pour les aveugles a failli créer des émeutes il y a quelques années, et les autorités ont fini par reculer. l’application de cette mesure pourrait pourtant sauver quotidiennement des vies, mais les burkinabè y sont réfractaires. La conduite des cycles motorisés d’une cylindrée supérieure à 50 cm3 autorisée à partir de 16 ans moyennant la détention du permis A1 pour les vélomoteurs (cycles d’une cylindrée comprise entre 50 et 125 cm3) et du permis A pour les motocyclettes ( cylindrée supérieure à 125 cm3). Seule la conduite des cyclomoteurs (cylindrée maximale de 50 cm3) est autorisée sans permis, mais l’usager doit avoir au moins 14 ans. Que constatons nous ? De très jeunes usagers (moins de 14 ans) circulent à bord de vélomoteurs, voire de motocyclettes. Inutile de demander s’ils ont le permis puisque leur âge ne le leur permet pas. Quand aux adultes, dès qu’ils en ont les moyens, on s’affiche au guidon d’un vélomoteur rutilant acquis en transpirant. Pourtant, le permis protège les usagers en ce sens qu’il leur permet une meilleure maitrise de leur engin. Compte tenu de l’insurrection qui a failli survenir lorsque les autorités de l’époque (c’était sous Blaise Compaoré) ont voulu appliquer la mesure relative au port du casque, j’imagine la réaction des usagers si on essayait de mettre en application, toutes les mesures en vigueur pour l’utilisation des cycles motorisés : port du casque, assurance responsabilité civile, permis de conduire A1 ou A, application des dispositions concernant l’age des usagers. On pourrait instaurer tout de suite, l’enseignement du code de la route dès l’école primaire (classe de CM1), et rendre l’assurance obligatoire par palier (par exemple exigible immédiatement pour les motocyclettes, sous un an pour les vélomoteurs, et sous trois ans pour tout le monde). On pourrait prendre des mesures d’application similaires pour le permis de conduire. On pourrait aussi prendre des mesures incitatives pour susciter l’importation de cyclomoteurs (cycles munis de pédales d’une cylindrée maximale de 50 cm3) qui ont disparus du marché depuis la fermeture de la SIFA.
    Pour terminer, la décision à prendre par le gouvernement est l’adoption d’un plan à terme qui permettrait à tout les usagers de pouvoir choisir de posséder ou non, son propre moyen de locomotion. Cela passera par l’acquisition en nombre massif de bus de taille adaptées à nos voies desservant toute la ville et circulant très tôt le matin et assez tard le soir pour permettre à tout le monde de se rendre au travail et de rentrer à la maison. Cela passe aussi par l’application de mesures pour permettre à ces bus de circuler de façon fluide : création de couloirs de circulation réservés aux bus, mettre fin avec rigueur et fermeté à l’occupation anarchique des voies, etc... Comme je l’ai dit plus haut cela nécessite un plan à terme, ainsi que de la fermeté et de la détermination de la part des autorités. Mais c’est la seule façon à mon avis de rendre une certaine fluidité à la circulation dans nos villes tout en préservant la sécurité des usagers.

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    • Le 14 février à 12:38, par jan jan En réponse à : Permis de conduire moto : Une catégorie qui n’intéresse pas beaucoup les Burkinabè

      @Alpha2025, voilà une très bonne réponse, vous avez aussi parlez d’un problème qui gangrène la circulation routière, celui de l’occupation anarchique des voies, c’est grave car gênant une circulation fluide et met en danger les occupants anarchiques des voies. Des qu’une nouvelle route est construite et mise en service, tous les abords sont vites occupés par ces anarchistes et l’état et les municipalités de font rien.

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    • Le 14 février à 16:35, par Sylvanus En réponse à : Permis de conduire moto : Une catégorie qui n’intéresse pas beaucoup les Burkinabè

      Très bien dit. C’est vraiment une analyse assez pertinente à laquelle j’adhère à 100%.

      De manière pratique et prioritaire (tenant compte des coûts de mise en œuvre), on pourrait :

      • appliquer le contrôle rigoureux pour les catégories de moto pour lesquelles la loi exige le permis de conduire ; ce contrôle (policier) doit être quotidien et permanent jusqu’à diminution drastique des cas de circulation sans permis de conduire, et plus tard devenir périodique au même titre que celui des véhicules à 3 roues et plus. Toute personne prise en défaut doit se voir appliquer une amende et le retrait de son engin, et la restitution n’est possible qu’après présentation dudit permis.
      • accompagner les autoécoles pour rendre très accessible (coût et procédures) les permis A1 et A. Les autoécoles pourraient bénéficier du soutient de l’Etat pendant une période assez longue pour donner à tous la chance de décrocher facilement son permis moto, et pour former leurs moniteurs afin que les permis soient de qualité.
      • avant même les mesures visant au développement du transport urbain en commun, le gouvernement pourrait lancer des campagnes de promotion de la bicyclette. Rare sont les villes au Burkina où les distances à parcourir ne peuvent pas se faire à vélo. Certaines artères sont inadaptées à l’utilisation mixte piétons-2roues-3roues-4roues alors qu’il n’y a plus d’espace pour les élargir. Dans le même temps il est manifeste que le Burkinabè adapte sa monture à ses moyens financiers et non pas à ses besoins réels de déplacement, et ça, c’est un fait presque culturel. C’est donc à l’Etat de sensibiliser la population à adopter des pratiques saines pour son environnement, sa santé et son économie. Par des spots publicitaires et d’autres mesures incitatives, on peut amener beaucoup de ceux qui vont à leur lieu de travail à moto ou voiture alors qu’ils n’ont pas plus de 8 km à parcourir, à le faire à vélo, surtout que beaucoup voudraient le faire mais ont peur du regard biaisé (le qu’en dira-ton). Vous arrivez dans certains services publics, il y a manque de places de stationnement parce que simplement chaque travailleur est venu en voiture, alors que si tous venaient à vélo le problème serait résolu (la place d’une seule voiture suffirait à parquer 10 vélos !). Il en est de même pour certaines zones (certaines artères) de la ville...
      • il est clair que tous les résultats voulus ne peuvent pas s’obtenir immédiatement et pas la force, mais par la manière, et certaines mesures nécessitent que les autorités obtiennent l’adhésion des masses populaires. Nous pensons justement que nous sommes actuellement dans une configuration où les autorités du moment ont une bonne légitimité pour induire de profonds changements de mentalité. A elles d’oser le bon et vrai changement des mentalités allant dans le sens d’une vraie transformation de notre société qui soit favorable à son développement durable.
      • après tout ça, il faudrait travailler véritablement à disposer d’un transport urbain et interurbain en commun très moderne et performant à même de faciliter le choix des citoyens (transport commun ou personnel ?). C’est peut-être une mesure à long terme et qui peut passer d’abord par l’amélioration et la bonne gestion de ce qui existe, ensuite repenser l’architecture globale des grandes villes (notamment Ouaga et Bobo) pour intégrer les changements voulus, et enfin les grands moyens (routes intégrant des voies de bus et même le métro, bus modernes et robustes...)

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