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Moustapha Zéba, biographe de « Adja de Komsilga » : « Le problème de l’Africain, c’est qu’il insulte la tradition le jour ; mais la nuit, il se prosterne devant elle »

Publié le vendredi 9 février 2024 à 21h50min

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Moustapha Zéba, biographe de « Adja de Komsilga » : « Le problème de l’Africain, c’est qu’il insulte la tradition le jour ; mais la nuit, il se prosterne devant elle »

Les rudes épreuves de la vie ont été à la base de la rencontre entre ce juriste, auteur et formateur, Moustapha Zéba, et la réputée Amsétou Nikièma, communément appelée « Adja de Komsilga ». Qui est cette guérisseuse au pouvoir surnaturel ? Qui sont ses hôtes ? Comment procède-t-elle… ? Ce sont entre autres les points abordés par Moustapha Zéba dans l’œuvre qu’il a publiée en fin 2023 sous le titre « Les revers de la vie chez Amsétou Nikièma ». À l’occasion de la « fête de la fécondité » organisée par la guérisseuse en mi-janvier 2024, nous avons fait connaissance avec le biographe et son œuvre. Dans cette interview réalisée mercredi 24 janvier 2024, Moustapha Zéba revient également sur l’histoire de sa rencontre avec Adja de Komsilga.

Lefaso.net : En fin octobre 2023, vous annonciez la parution d’une œuvre que le public attendait certainement de découvrir, du fait de son titre : « Les revers de la vie chez Amsétou Nikièma ». D’abord, qui est Moustapha Zéba et quelle est l’histoire de ce lien avec cette guérisseuse, qui vaut cet ouvrage aujourd’hui ?

Moustapha Zéba : Permettez-moi, bien avant d’entrer dans le vif de notre sujet, de remercier toute l’équipe de Lefaso.net pour tout le travail qu’elle abat depuis des années pour informer le public burkinabè et d’ailleurs. C’est vraiment un média que j’apprécie, par l’information qu’elle fournit et surtout l’engagement du personnel dans le professionnalisme. Je tenais vraiment à le dire de vive voix, aujourd’hui que l’occasion m’est offerte.

Je suis Zéba Moustapha, né au Centre-Est, où j’ai fait une partie de mon cursus scolaire avant de venir à Ouagadougou pour poursuivre. Je suis juriste de formation, actuellement moniteur en droit, également conseiller juridique et conseiller matrimonial.

Parlant de l’histoire entre Adja et ma modeste personne, elle est née de circonstances, pas faciles. Nous ne sommes pas de la même famille, mais des circonstances de la vie nous ont rapprochés. Tout est parti en 2020, lorsque j’avais un parent qui était souffrant, allant même à la paralysie. Nous avons fait tous les hôpitaux, mais on ne trouvait pas de solution à son mal. Finalement, on était là, et un jour, grâce d’ailleurs à un média, radio Oméga, qui a diffusé un reportage sur cette dame, Amsétou Nikièma, où elle décrivait ses qualités, je me suis résolu à prendre au sérieux cette information qui courrait. Je me suis donc dit qu’il se pourrait qu’elle ait une solution au mal qui fatiguait notre parent. C’est ainsi que nous avons décidé de le conduire là-bas, chez Amsétou Nikièma. Et quand nous sommes arrivés, en l’espace de trois semaines, notre patient a recouvré la santé. Cela a suscité en moi des questionnements.

Je le dis sincèrement, parce que de nature, je suis une personne qui ne croyais pas en ces situations (de pouvoirs mystiques, ndlr). Maintenant que je venais d’avoir une preuve que le pouvoir (mystique) existe, je me suis dit qu’il faut faire attention, qu’il faut croire parce que, quoi qu’on dise, on est en Afrique, ça fait partie de nos richesses. Donc, après qu’on nous a libérés, j’ai décidé de me rendre sur le site, pour chercher à apprendre et surtout à comprendre certaines réalités de notre société. J’avais des maux de tête également que je traînais depuis longtemps. Et les nuits, j’avais des difficultés à trouver le sommeil. Je l’ai donc approchée et j’ai cherché à savoir ce qui n’allait pas. Elle m’a donné des produits, et Dieu merci, jusqu’à présent, depuis deux ans, tout va bien, je ne me suis plus rendu à l’hôpital. C’est dans ces circonstances que, tellement curieux de comprendre, j’ai commencé à beaucoup fréquenter le site, à telle enseigne qu’elle me connaissait.

Un jour, j’ai profité et lui ai dit qu’elle fait un travail formidable et que je souhaiterais écrire un ouvrage sur elle (parce que j’avais en projet la publication d’un roman, avant-même de la découvrir). Je lui ai expliqué les motivations, en m’appuyant également sur le fait que l’Afrique perd ses valeurs et cultures lorsqu’elles ne sont pas conservées, et que j’estime que ce qu’elle fait est formidable et mérite d’être conservé. Je lui ai fait comprendre donc que je souhaitais qu’elle me donne des informations relatives à son travail. Aux premiers moments, elle a dit qu’elle allait réfléchir avant de me revenir. Et comme vous savez, ce sont des personnes qui voient des choses que nous ne voyons pas. Deux semaines plus tard, un de ses frères m’a appelé, pour me dire qu’Adja souhaitait me voir.

Je me lève donc un vendredi matin et j’y arrive. On m’introduit et elle me dit qu’effectivement, le projet dont je lui ai parlé, elle a réfléchi et elle pense qu’il n’y a pas de problème ; elle pourra me donner les informations dont j’ai besoin pour l’œuvre. Elle me donne effectivement des informations sur elle. Mais en tant qu’écrivain, il y en a que je peux exploiter ; d’autres, non. Après donc le tri, je me suis rendu compte que ce qu’elle m’a donné méritait d’être poursuivi par des observations personnelles. C’est ainsi que j’ai décidé de m’y rendre chaque week-end ou lors des grandes prières, pour noter tout ce qui se passe. Et là, j’en ai eu plein, j’ai rempli plusieurs cahiers. Ce sont des éléments face auxquels un lecteur ne peut rester indifférent.

… à titre d’exemple ?

Pour la petite histoire, un jour, à une grande prière, avant de débuter, elle a annoncé publiquement que l’entité l’a informée qu’il y a plus de 500 personnes qui sont dans la foule, qui ont couché avec des animaux (tels que des chiens, des bœufs, des moutons). Je me suis retourné et j’ai dit à un ami que ce sont des histoires. Et mon ami m’a dit : « Attendons de voir ». Elle a répété aux concernés que « je souhaite que vous veniez au milieu ici, parce que si je ne fais pas d’abord quelque chose pour vous, vous ne pouvez pas participer à la prière, au risque de gâter la prière de ceux qui sont là ». Elle a insisté pour que ces gens-là viennent, en disant que s’ils ne venaient pas d’eux-mêmes, elle allait être obligée de les faire sortir parmi les autres, pour ne pas gâcher la prière de tout le monde. C’est là que nous avons vu des gens qui se sont levés, de toutes parts de la foule, en nombre important, pour se diriger au milieu, vers elle. Là, je me suis convaincu que ce qu’elle disait était vrai.

Ce sont des choses qui existent. Et dans le lot, il y avait deux femmes ; elle leur a dit qu’elles ne font pas partie de ceux qu’elle a appelés, et leur a demandé pourquoi elles se joignent au groupe. Elles ont dit qu’elles croyaient qu’on avait appelé ceux qui sont venus pour chercher de l’argent. Adja a répété : « J’ai dit tous ceux qui ont couché avec des animaux. Parmi eux d’ailleurs, il y en a qui ont couché avec leurs propres filles, leurs mamans… ». J’ai commencé à prendre très au sérieux la question. Elle a ensuite expliqué que parmi ces personnes, il y en a qui ont commis leur acte volontiers, mais d’autres ont été guidés par des forces obscures pour les obliger à l’acte anti-social. Pour vous dire vrai, j’ai été très choqué ce jour-là. Et après ça, la séance de prière a débuté et s’est poursuivie.

A la fin de la séance, alors que je ne savais pas qu’elle m’avait vu, elle m’a appelé et m’a dit qu’elle savait qu’aujourd’hui, j’avais eu de la matière. Je lui ai dit qu’effectivement, j’avais eu des informations, mais que j’en ai toujours besoin, parce que je dois écrire. Elle m’a dit que je pouvais attendre la nuit, parce qu’il y a une prière au cours de laquelle, elle allait révéler des choses qui pourraient m’intéresser. Je décide d’y rester (parce que j’avais prévu de retourner à 18h) pour suivre la prière la nuit. Effectivement, à l’heure, elle a commencé la prière. Je vous avoue qu’en entendant les révélations qu’elle faisait au cours de la prière, je me suis demandé si j’étais dans le monde réel, tellement ça dépassait l’entendement. Si on vous dit que ces faits existent dans notre société, vous allez dire que ce n’est pas vrai.

Quand elle étale un fait, vous verrez les personnes concernées se tenir debout et elle leur donne les solutions. J’ai fréquenté le site pendant huit mois, à prendre des notes et à observer. Quand j’ai fini cette étape de récolte d’informations, il me fallait trouver maintenant la parade pour pouvoir intéresser les gens, parce que nous sommes dans un contexte où les gens n’aiment pas la lecture. Donc, il fallait trouver des manières d’écrire, un genre littéraire, pour inciter les gens à lire et à apprendre du contenu, à même de les aider aujourd’hui et à l’avenir. C’est pourquoi vous trouverez, dans l’ouvrage, des thèmes d’actualité également. C’est tout cela qui donne le livre que vous avez aujourd’hui : « Les revers de la vie chez Amsétou Nikièma ».

On sait que le juriste est, de nature, critique. Ce que vous avez vécu a-t-il changé quelque chose désormais dans votre manière de voir le monde ?

Effectivement, on dit que le juriste se fout de ce qui est moral, de ce qui peut être conçu comme culturel ; il se méfie de tout ce qui n’est pas en conformité avec la loi. Mais le temps que j’ai passé sur le site m’a convaincu qu’à un moment donné, il faut faire intervenir et intégrer un certain nombre de réalités dans la conception de nos lois et instruments juridiques. J’ai désormais une autre façon, pratique, de voir le monde. La fréquentation de ce lieu m’a véritablement bouleversé, pas dans un sens négatif, mais plutôt positivement ; parce que j’ai acquis d’autres valeurs, que je n’aurais pas eues si je n’avais pas fréquenté cet endroit.

Dans l’œuvre, vous avez brassé plusieurs thématiques, allant du spirituel aux valeurs sociales. Pouvez-vous revenir sur ces grands axes ?

Tout à fait ! Il faut dire que le contenu se vit par des personnages et les messages sont bâtis autour de ceux-ci. Mais dans l’œuvre, vous trouverez également des questions liées à l’actualité, notamment le terrorisme. Le terrorisme est une question qui s’impose à nous, à travers plusieurs facettes. Et nous sommes dans un contexte où les gens ont tendance à penser que c’est l’Etat seul qui peut lutter contre le terrorisme. Dans l’œuvre, j’ai bien précisé que la lutte contre le terrorisme ne sera donc pas gagnée sans l’Etat ; mais que l’Etat, à lui seul également, ne peut vaincre le phénomène. Aujourd’hui, quoi qu’on dise, les personnes ressources (telles que les autorités coutumières, religieuses…) ont un rôle important à jouer dans la lutte. Elles peuvent faire dans la sensibilisation, par exemple.

Sur tout un autre thème, et parlant des valeurs sociales, il est question pour le citoyen d’aujourd’hui de savoir que la recherche de l’argent, des richesses, ne doit, en aucun cas, être un motif pour lui de s’adonner à des pratiques anti-sociales, à des comportements qui nuisent aux valeurs fondamentales de sa société. Aujourd’hui, le constat, c’est que la course vers le gain facile est en train de détruire notre société. Quand vous prenez le comportement d’un personnage comme Yak, qui a violé une fille au cimetière, on se pose la question de savoir qu’est-ce qui peut pousser un homme à non seulement violer une fille (acte très grave), mais aussi au cimetière (mœurs). Et les conséquences de son acte, vous l’avez dans le livre. C’est pour dire que nous avons des valeurs qu’il ne faut jamais transgresser.

Il y a également des thématiques qui mettent en lumière nos réalités sociales burkinabè, africaines. Je me devais donc de mettre à nu tous ces comportements, afin d’encourager les gens, surtout la jeunesse, à veiller sur le respect de nos réalités, de l’ordre social. Vous trouverez des passages qui montrent comment des gens sont prêts à sacrifier leur mère, leur père, pour de l’argent, pour des richesses. On veut devenir riche, pour quel bien, si on ne peut faire plaisir et faire profiter sa mère, son père (s’ils sont en vie) ? L’histoire la plus touchante est celle de Haïna, que tous ceux qui lisent l’œuvre évoquent en particulier. C’est d’ailleurs avec cette histoire de Haïna que je dis que tous les scolaires doivent lire ce livre ; parce que c’est une partie qui intéresse au premier chef les élèves.

Haïna, une fille qui, depuis son enfance, se comporte de façon dramatique envers ses parents ; elle n’écoute pas ce que ses parents lui disent. Pour elle, c’est la belle vie ou rien. Les parents se sont saignés pour l’inscrire à l’école, elle a tourné dos à l’école. Elle a ensuite orchestré la mort de sa mère, pour juste profiter de l’héritage. Alors, après la mort de ses parents, Haïna débute une autre vie à Lomé et là-bas, elle vit toutes les vies de luxe et se retrouve par la suite à Baïdu où elle vit l’hécatombe, pour une fin qu’on connaît dans le livre. Je pense donc que ce sont des thèmes qui sont d’actualité, surtout lorsqu’on voit ce qui se passe sur les réseaux sociaux aujourd’hui.

Vous avez beaucoup parlé de valeurs sociales, et on a également remarqué qu’à l’occasion de la « fête de la fécondité » qu’elle a organisée le 16 janvier dernier, Amsétou Nikièma s’est également attardée sur les conseils, notamment à la jeunesse, qu’elle a invitée à ne pas s’adonner à des actes anti-sociaux pour de la richesse. Est-ce dire que c’est un volet auquel elle est aussi attachée ?

Celui qui ne connaît pas Adja Amsétou Nikièma ou la voit de loin, peut dire des choses qui ne collent pas à sa personne. Moi-même qui vous parle, mon regard actuel sur elle est carrément différent de celui que je portais sur elle à distance. Le peu de temps que j’ai passé auprès d’elle m’a permis de comprendre sa personnalité et les valeurs qui lui sont chères. Je suis plus âgé qu’elle, mais quand je me suis approché d’elle et l’ai côtoyée, je me suis convaincu que la connaissance ne tient pas à l’âge ; on peut être moins âgé et avoir des connaissances et valeurs fortes. J’ai appris beaucoup de valeurs auprès d’elle, et ces valeurs-là lui sont chères.

Au cours du bref entretien qu’elle a accordé à la presse le 16 janvier, Amsétou Nikièma a confié que ce livre retrace également les souffrances qu’elle a connues. Quel commentaire ?

La plupart des grands hommes, ceux qui ont surtout le pouvoir surnaturel, cachent toujours une histoire. Soit ils ont été marginalisés, soit ils ont vécu des souffrances particulières à un moment de leur vie, des maladies, etc. Effectivement, quand elle me racontait sa vie, j’avais de la peine à l’écouter. C’était très touchant. Amsétou Nikièma a souffert et c’est au bout de la souffrance que Dieu lui a fait ce don merveilleux pour aider les gens. C’est tout cela qui constitue le contenu du livre et il est vraiment précieux.

Allez-vous poursuivre les productions littéraires ou votre inspiration s’arrête à cet ouvrage ?

Si les moyens me le permettent, je vais poursuivre. Parce que le travail que j’ai fait dans le cadre de ce livre me donne de l’inspiration et il y a beaucoup d’éléments, de réalités de la société à révéler. Ce ne sera pas forcément des thématiques en lien direct avec elle, mais qui me sont inspirées par cette proximité que j’ai eue avec elle.

« Les revers de la vie chez Amsétou Nikièma » est-il destiné à tout le monde ?

Oui, c’est un livre ordinaire, comme tout autre, destiné à tout le monde. Vous avez par exemple ce vieil homme, qui est « perdu » à sa retraite, parce que tout simplement il a fait de mauvais calculs à sa jeunesse, qui le rattrapent. L’œuvre n’a donc pas de public cible ; tous ceux qui la liront tireront des enseignements, quelque chose de particulier.

C’est pour cela d’ailleurs que j’ai en perspectives de traduire l’œuvre dans les langues nationales, le maximum possible. Cela est d’autant une volonté pour moi que les langues nationales viennent de connaître un nouveau statut avec la révision de la Constitution. Pour moi, c’est capital donc de traduire l’œuvre dans les langues locales. Lire cette œuvre, c’est lire la vie et en tirer le meilleur. Il est assez capital de promouvoir les valeurs propres à nous, à notre société. On n’a même pas le choix, si on veut s’en sortir dans un monde envahi par les effets des réseaux sociaux (aujourd’hui, on peut ne pas avoir une télé à la maison, mais on a accès aux réseaux sociaux à travers son téléphone). En tout cas, si j’ai les moyens, je vais rendre disponibilise l’œuvre non seulement à travers les langues nationales, mais également dans les établissements. Et je voudrais de passage dire merci au censeur du groupe scolaire Saint-Viateur, qui souhaite m’aider à traduire l’œuvre en anglais, pour l’internationaliser. Je remercie également la Direction provinciale des enseignements post-primaire et secondaire du Kadiogo, à travers laquelle j’ai sollicité une autorisation pour passer dans les établissements. Cette direction a fait un travail formidable, en me fournissant un rapport riche sur le livre. Je suis en attente donc de l’autorisation. Ce sont des initiatives qui me permettront de faire connaître l’œuvre au Burkina Faso et ailleurs.

Il ne serait pas exagéré de dire que vous êtes désormais un défenseur des valeurs endogènes !

Oui, je suis un défenseur des valeurs endogènes et également de tout ce qui est valeurs féminines. Défenseur de la cause de la femme ; parce que j’ai vécu dans un certain milieu familial, avec des réalités qui me marquent à jamais. Je suis, de ce fait, un défenseur des droits humains en général, et particulièrement ceux de la femme et de la jeune fille, au regard également du fait qu’elles sont beaucoup plus vulnérables et constituent un pilier très important de la famille, de la société.

Fort de votre expérience, qu’avez-vous à dire à toutes ces personnes qui, comme vous au départ, ont des appréhensions vis-à-vis de ces pratiques surnaturelles ?

Le problème du Burkinabè, de l’Africain en général, c’est qu’il insulte la tradition le jour ; mais la nuit, il se prosterne devant elle. Pour dire qu’en réalité, nous, Africains, ne sommes pas réalistes avec nous-mêmes. Je pense que nous avons des valeurs à défendre. Quand ça va très bien chez quelqu’un, il ne s’intéresse pas aux questions de la tradition ; parce que pour lui, ce sont des trucs sataniques, réservés aux mécréants, un monde qui appartient à des indigents, à des gens qui n’ont rien à faire. Mais lorsqu’il va faire face à un problème, qui tend à avoir un impact considérable sur sa richesse, vous verrez qu’il va commencer à s’intéresser à la tradition. Pour dire qu’il y a des réalités dans la vie, lorsque vous ne les avez pas vécues, vous pouvez dire que ce sont des histoires qu’on vous raconte. J’estime donc que nous sommes en Afrique, et de ce fait, si on peut puiser aussi dans notre culture pour avancer, il ne faut pas hésiter. Je ne dis pas de rejeter la modernité, parce que le monde évolue et nous sommes liés au reste du monde, mais on peut s’appuyer sur notre culture pour évoluer, en ajoutant ce qui est moderne.

Où est-ce qu’on peut avoir le livre et à quel prix ?

L’œuvre est vendue à 4 000 F CFA et vous pouvez l’avoir sur le site de Amsétou Nikièma, au Mémorial Thomas-Sankara, à la grande librairie de Bobo-Dioulasso, la maison d’éditions IKS. Vous pouvez également la trouver dans plusieurs librairies de la ville de Ouagadougou, à l’université de Koudougou ou aux numéros (60431710 / 73594326 / 50505040 / 65336933). J’invite vraiment les gens à découvrir l’œuvre ; que vous aimez la lecture ou pas, faites l’effort de la lire. Rien qu’hier (l’interview a eu lieu le 24 janvier, ndlr), il y a une fille qui m’a contacté pour me dire qu’elle ne me connaît pas, qu’elle a lu l’œuvre. Je lui ai posé la question de savoir si elle aime la lecture. Elle m’a dit non, mais qu’il y a des gens qui lui ont parlé de l’œuvre et par curiosité, elle a voulu lire pour savoir. Elle m’a dit qu’en toute sincérité, désormais, elle va beaucoup s’intéresser à la lecture ; parce que dans le livre, il y a des choses qui peuvent aider les hommes, et que ce qu’elle a appris dans l’œuvre va beaucoup l’aider. Elle a même dit qu’elle va encourager son entourage à s’intéresser au livre, parce qu’elle est convaincue que ça va rendre beaucoup service. Elle dit avoir compris qu’elle doit laisser tomber certains comportements qu’elle avait jusque-là.

Quel message vous reste-t-il pour clore cet entretien ?

Je dis merci à l’ensemble de tous ceux qui m’aident et m’encouragent dans le cadre de cette œuvre, dont Lefaso.net. Je dis merci également à Adja Amsétou Nikièma d’avoir sacrifié de son temps pour pouvoir me permettre d’écrire ce livre. Tous mes vœux de santé, de sécurité, de paix, de succès à toutes les populations burkinabè et à tous ceux qui nous lisent à travers le monde entier.

Je dis tous mes encouragements et ma fierté aux Forces de défense et de sécurité, aux Volontaires pour la défense de la patrie et je m’incline devant la mémoire de toutes les vies qui ont été arrachées à notre affection par les actes d’insécurité que traverse notre pays. Que vivement, la paix et la quiétude reviennent dans notre cher pays pour le bonheur de tous les Burkinabè et de tous ceux qui vivent sur le sol du Burkina Faso !

Interview réalisée par O.H.L
Lefaso.net

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