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Vente de dolo : À Ouagadougou, l’activité se modernise

Publié le dimanche 28 janvier 2024 à 22h21min

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Vente de dolo : À Ouagadougou, l’activité se modernise

La préparation et la vente du dolo (boisson locale à base de sorgho rouge) sont des activités exercées par plusieurs femmes au Burkina Faso. À Ouagadougou, nous avons rencontré quelques femmes pour savoir comment fonctionne cette activité. Certaines ont décidé d’innover, en proposant le dolo dans des emballages modernes.

Vêtu d’un haut rouge et d’un jeans bleu, Valérie Bazemo lave des marmites et des bassines. L’étudiante en fin de formation aide sa mère pour la préparation du dolo. Vu l’âge de la mère de famille, c’est sa fille Valérie qui s’occupe de l’activité.

Selon la jeune fille, sa mère exerce l’activité depuis plus de 24 ans maintenant. Mais actuellement, la situation du pays affecte son activité. « Avec la situation sécuritaire, le bois de chauffe est devenu très cher ces dernières années. Avant, avec du bois de 7 000 F CFA, on pouvait préparer deux sacs de sorgho. De nos jours, pour un sac et demi, il faut acheter au moins 15 000 francs de bois pour que le dolo soit bien cuit. En plus de la cherté du bois, le sac du sorgho est devenu très cher également. Le sac est à 30 000 francs actuellement. Or, on achetait le sac à 20 000 ou à 22 500 F CFA », a expliqué la dolotière.

Valérie Bazemo, étudiante en fin de cycle, aide sa mère à préparer le dolo

Ainsi, à cause de la cherté du sorgho et du bois, la bouteille de 1,5 litre qui était vendue à 200 est passée à 300 francs CFA. La calebasse de 50 francs est passée à 100 francs CFA.

« Avant, ma mère préparait le dolo deux fois dans la semaine, les mardis et les vendredis. Quand tout est devenu cher, on avait arrêté de préparer le dolo deux fois dans la semaine. C’est dans ce mois de janvier que nous avons recommencé encore à préparer deux fois dans la semaine », a indiqué Valérie Bazemo. D’après elle, pour faire un peu de bénéfice, certaines revendeuses de dolo sont obligées de diluer la boisson avec de l’eau.

« Quand vous prenez celles qui viennent acheter le dolo avec nous pour aller revendre, elles ne gagnent rien. Elles sont souvent obligées de diluer la boisson pour avoir un bénéfice de 250 francs CFA ou 500 francs. Vous voyez que ce n’est pas simple ! », détaille notre interlocutrice.

Thérèse Zagré, vendeuse de dolo

Vendeuse de dolo installée au quartier « Deux boutiques », une zone non-lotie de la ville de Ouagadougou, Thérèse Zagré exerce l’activité depuis près de 20 ans. C’est grâce à ce commerce qu’elle arrive à aider son époux dans la prise en charge de la famille.

« Il y a cinq ans en arrière, mon dolo marchait très bien. Tout était moins cher par rapport à aujourd’hui. Je prenais le bidon de 20 litres à 1 500 francs CFA. Actuellement, je prends le même bidon à 2 500 francs CFA. Or, nous ne pouvons pas augmenter le prix de la calebasse. Certaines personnes viennent, elles n’ont que 50 francs CFA. Nous sommes obligées de servir parce qu’il n’y a pas de marché », a laissé entendre madame Zagré.

Le dolo se modernise

Résidente au quartier Boulmiougou de la capitale burkinabè, Aziza Sawadogo a décidé de moderniser son dolo. La boisson qu’elle vend est préparée par sa mère et elle. La restauratrice met le dolo dans des bouteilles et les conserve au réfrigérateur avec un emballage propre à elle. Elle a eu cette idée dans les mois de juin-juillet 2023.

Aziza Sawadogo en train de préparer le dolo

« Depuis des années, nous vendons le dolo comme tout le monde le fait. Il y a environ six mois, j’ai décidé d’innover. J’ai décidé de mettre la boisson locale dans des bouteilles puis de les proposer à mes clients et aussi dans les maquis », a indiqué la jeune dame.

Aziza Sawadogo prépare trois types de dolo : le ran-noondo, le dolo simple et le « toossé ». « Le ran-noondo, c’est le dolo sans levure. C’est comme du jus. La bouteille de 1,5 litre coûte 1 000 francs CFA. Le dolo simple, c’est ce qui est fermenté. La bouteille de 1,5 litre coûte également 1 000 francs CFA. Quand on parle de toossé, c’est le plus fermenté du dolo. C’est trop fort. Lui, il est un peu cher. La bouteille de 1,5 litre coûte 1 500 francs CFA », a confié la dolotière.

Aziza Sawadogo en train de mettre le dolo dans les bouteilles et bidons

Elle vend également en bidon. Le bidon de 20 litres de toossé est à 9 000 francs CFA, et la même quantité de ran-noondo et de dolo est proposé à 7 000 francs CFA.

Le dolo modernisé de Aziza Sawadogo

Selon la commerçante, depuis qu’elle a commencé à moderniser son dolo, les commandes ne manquent pas. « On m’appelle de partout. Mon dolo va jusqu’en Europe. J’ai des livreurs qui livrent un peu partout dans les quartiers. Vraiment, pour le moment ça va. Je m’en sors bien. Ce sont les emballages et les bouteilles qui finissent l’argent. Mais je peux dire que ça va parce que de plus en plus dans les maquis, les gens consomment le dolo », a dit madame Sawadogo.

Rama Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier à 17:24, par Thiombiano sankagdia. En réponse à : Vente de dolo : À Ouagadougou, l’activité se modernise

    Bravo dame Aziza sawadogo pour l’innovation. Seulement ne commercialisez que du dolo pur sans mélange avec du kimapousse

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  • Le 28 janvier à 06:19, par Oh que non ! En réponse à : Vente de dolo : À Ouagadougou, l’activité se modernise

    Après la lecture d’un si bon article, on est un peu frustré de n’avoir aucun contact qui permette de joindre ceux dont on présente si bien le produit.
    Régulièrement, Lefaso.net propose des articles qui mettent en lumière les efforts d’artisans locaux. L’initiative est hautement louable. Malheureusement, on ne voit pas de moyen permettant de les joindre (no de téléphone, adresse électronique, etc.). Il serait bon que Lefaso.net trouve un moyen (pas nécessairement gratuit), de mettre à disposition le contact de ces artisans, afin que ceux qui souhaitent devenir clients puissent les contacter. Pour ce faire, peut-être faut-il créer un espace publicitaire pour ces artisans (à tarif forfaitaire ou pas), afin qu’après l’article, ils puissent laisser un moyen de les contacter.
    Félicitations à Lefaso pour sa contribution à la connaissance des produits du terroir.

    Répondre à ce message

  • Le 29 janvier à 12:18, par non’ga En réponse à : Vente de dolo : À Ouagadougou, l’activité se modernise

    Félicitations. C’est un domaine à developper. Des spécialistes du dolo peuvent être formés pour un bon contrôle de la qualité du produit. Je félicite cette étudiante qui a atteint un niveau de décomplexé pour aider sa maman et moderniser le secteur. Si j’avais eu la maturité que j’ai aujourdhui, je serai restée au pays pour faire developper nos créations et inventions ancestrales.

    Répondre à ce message

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