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Burkina/Santé : Des postes de santé avancés pour la prise en charge sanitaire des PDI et des hôtes

Publié le mardi 9 janvier 2024 à 22h00min

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Burkina/Santé : Des postes de santé avancés pour la prise en charge sanitaire des PDI et des hôtes

Kaya, chef-lieu de la région du Centre-nord abrite un grand nombre de Personnes déplacées internes (PDI), un peu plus de 122 000, à en croire les chiffres du CONASUR du mois de mars 2023. Installées dans des camps ou hébergées chez des hôtes, ces PDI ont souvent du mal à avoir accès aux services de santé. Pour résoudre un tant soit peu ce problème, des Postes de santé avancés (PSA) ont été imaginés et mis sur pied par le ministère de la Santé et de l’hygiène publique et Médecins sans frontières.

Le poste de santé avancé de Bagrin ouvert le 3 mars 2022 est l’un de ceux-là. Il relève de l’aire sanitaire du CSPS du secteur 6 de Kaya. Il est à peine 9h, lorsque nous arrivons sur les lieux en ce mois de décembre 2023. Et déjà, le centre grouille de monde. A majorité des personnes déplacées internes qui ont fui les exactions des terroristes pour se retrouver à Kaya. Dans ce poste de santé avancé, ils bénéficient gratuitement des soins.

Une fois au poste de santé avancé, les patients passent par une salle de tri avant de bénéficier de la consultation.

Dès l’accueil, le premier geste pour les patients, c’est de se désinfecter les mains. Puis, ils sont reçus dans la salle d’accueil où se fait un tri en fonction des priorités, ainsi que la prise de constantes. A l’issue de cette étape, les patients sont dirigés dans des box de consultation. Après la consultation, les médicaments sont aussi fournis gratuitement. Et s’il se trouve que l’état du patient nécessite davantage de soins, il est référé à l’échelon supérieur de la pyramide sanitaire.

Mahamadou Kapioko, infirmier superviseur de Médecins sans frontières au PSA Bagrin, souligne que le PSA Bagrin comprend outre la salle d’accueil, quatre salles de consultation, une salle de soins, une pharmacie, un box d’isolement, un hangar pour les activités récréatives des enfants, une salle de stérilisation, une salle de pansement, une salle de consultation santé sexuelle et reproductive, un hangar pour la vaccination des enfants et des femmes enceintes, etc. Le PSA fournit le même paquet de soins qu’un CSPS classique, sauf les accouchements.

Mahamadou Kapioko, infirmier superviseur de Médecins sans frontières au PSA Bagrin souligne qu’ils fournissent le même paquet de soins que les CSPS sauf les accouchements.

Il fournit de ce fait des services comme la consultation, les CPN (consultations prénatales), la prise en charge des femmes enceintes et allaitantes malnutries, ainsi que des enfants souffrant de malnutrition, la mise en observation. La particularité des PSA, c’est que la santé mentale y est prise en compte. Sur place des assistants en psychologie prenne en charge les dépressions mineures, l’anxiété, les traumatismes. Les cas compliqués sont référés au CHR pour une meilleure prise en charge.

A en croire M. Kapioko, le PSA Bagrin reçoit en moyenne 150 personnes par jour. En période de pic, c’est environ 350 à 380 personnes qui sont reçues quotidiennement. Salimata Ouédraogo et Bamogo Fati font leurs CPN au PSA Bagrin. Elles disent apprécier la qualité des prestations fournies au sein de ce poste de santé avancé et surtout la gratuité des soins. Néanmoins, elles déplorent le temps d’attente et plaident pour un renforcement du personnel de santé.

Les soins et les médicaments sont totalement gratuit au sein des PSA.

Les postes de santé avancés, un ouf de soulagement pour les patients et le district sanitaire !

Le district sanitaire de Kaya dispose de cinq postes de santé avancés dont quatre à Kaya et un à Pissila. Ils ont été pensés pour rapprocher les personnes déplacées internes des formations sanitaires. Au PSA « 38 villas » de Kaya, toujours au secteur 6 de Kaya, c’est la même configuration que le PSA Bagrin. Là également, nous rencontrons sur place un monde fou, aussi bien des déplacés internes que les populations hôtes. Comme l’explique Albert Essoun, coordonnateur des projets à Médecins sans frontières à Kaya, les postes de santé avancés ne reçoivent pas que les déplacés internes, même s’ils représentent environ 80% des patients reçus. Les PSA reçoivent tout le monde et offrent gratuitement les soins et les médicaments sans distinction.

Et selon ses explications, la prise en charge gratuite du patient se fait jusqu’à ce qu’il retrouve la santé, même s’il est référé au CHR de Kaya ou à Ouagadougou. « Les PSA s’occupent essentiellement des soins de santé primaires. Quand il se trouve que le patient a besoin d’une prise en charge secondaire, ils réfèrent ce patient soit au niveau du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) ou les orientent au Centre hospitalier régional. Du moment où le patient a été reçu dans notre structure à la base, la prise en charge gratuite continue. Si arrivé au niveau du CHR, l’équipe hospitalière pense que c’est un patient qui ne peut être pris en charge à leur niveau et décide à leur tour de référer ce patient à Ouaga, comme la porte d’entrée du patient, c’est le PSA, sa prise en charge gratuite continue jusqu’à sa guérison complète », explique M. Essoun.

Les PSA accueillent par jour 150 patients en moyenne.

Le médecin-chef du district de Kaya, Dr Lamine Ouédraogo explique qu’avec l’arrivée en masse des personnes déplacées internes dans la ville de Kaya, il était devenu difficile de les prendre en charge uniquement dans les formations sanitaires publiques, notamment les CSPS et les CM. D’où l’initiative de faire appel à des partenaires pour accompagner le ministère dans la prise en charge sanitaire des PDI. Et à Kaya, Médecins sans frontière a répondu à l’appel.

« Médecins sans frontières est le partenaire qui nous accompagne ici à Kaya pour la mise en place des postes de santé avancés. Mais à l’échelle du district, on a d’autres partenaires qui nous accompagnent à prendre en charge les personnes déplacées internes », explique Dr Ouédraogo qui précise qu’aux sein des PSA travaillent des agents de l’Etat et des agents recrutés par le partenaire. Le ministère de la Santé fournit également une partie des intrants pour la prise en charge des patients. Un travail en collaboration pour le bien-être des populations. Pour Dr Ouédraogo, l’impact de ces postes de santé avancés est positif, en ce sens qu’ils viennent améliorer l’accès aux soins aussi bien des PDI que des hôtes.

La gratuité des soins au niveau des PSA ne fait-il pas craindre une baisse de fréquentation au niveau des CSPS ? A cette question, Dr Ouédraogo s’est voulu rassurant. « Les gens ont compris que c’est un accompagnement. Ceux qui sont à côté de ces formations sanitaires partent directement dans ces CSPS, au lieu de venir dans les PSA. C’est vraiment une complémentarité et il y a un travail de sensibilisation qui est fait pour permettre aux gens de nous comprendre de nous faciliter la tâche sur le terrain », a-t-il laissé entendre.

Dr Lamine Ouédraogo, médecin-chef du district de Kaya souligne que les PSA ont un impact positif sur l’accès aux soins des PDI et les populations hôtes.

En plus des postes de santé avancés, il existe des cliniques mobiles. Comme l’explique le médecin-chef du district, un poste de santé avancé est mis en place, lorsqu’il y a une forte concentration de personnes en un lieu. Mais lorsque les moyens ne permettent d’avoir une équipe permanente sur les lieux, alors une équipe mobile est mise en place pour couvrir deux ou trois sites afin de toucher le maximum de personnes.

Pour Dr Ouédraogo, ce n’est pas le souhait du district sanitaire de pérenniser les postes de santé avancés, qui rappelle-t-il ont été créés dans une situation d’urgence. « Au niveau du gouvernement, il y a un gros travail qui est fait pour le retour des personnes déplacés internes dans leurs villages d’origine. Cela va donc se traduire par la fermeture progressive des postes de santé avancés qui étaient uniquement mis en place pour faciliter l’accès aux soins des personnes déplacées internes », confie-t-il.
En attendant, les postes de santé avancés permettent de décongestionner les CSPS de la ville de Kaya et surtout rapprochent les populations des services de santé.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 janvier à 09:54, par Guira Catherine En réponse à : Burkina/Santé : Des postes de santé avancés pour la prise en charge sanitaire des PDI et des hôtes

    Bonjour
    Vraiment félicitations à tous ces soignants qui se battent pour la santé de leurs compatriotes.
    Médecins sans Frontières, c’est français, non ?
    Un partenariat efficace pour la population vaut mieux que la haine ...
    Ce matin, je viens d’apprendre la mort du papa d’un jeune étudiant accompagné par l’association dont je m’occupe depuis plus de 20 ans. Il a été hospitalisé et finalement l’infirmière lui a dit que ces maux de "pieds" venaient de la fraîcheur !!!
    Je ne critique pas les soignants mais je suis tellement triste de constater un désert médical en brousse .. Pas d’examens sanguins, pas de radios, pas de médecin... Et de jeunes personnes meurent hélas, prématurément. C’est insupportable !! A quand une vraie politique de santé publique au Burkina ?

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