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Burkina/Culture : Kassoum Diarra, flûtiste et dépositaire d’un savoir-faire familial

Publié le lundi 8 janvier 2024 à 21h25min

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Burkina/Culture : Kassoum Diarra, flûtiste et dépositaire d’un savoir-faire familial

Kassoum Diarra, artiste musicien, est un joueur de flûte. Avec une expérience professionnelle de près de 15 ans dans la flûte, l’artiste a toujours baigné dans l’univers des instruments de musique africaine. Nous l’avons rencontré au Village artisanal de Ouagadougou où il se rend très souvent pour répéter avec ses collègues.

Kassoum Diarra se sépare très peu de sa flûte. Dreadlocks comme coiffure, bijoux artistiques à la poignée et aux doigts, il a aussi comme lui, donné un style particulier à sa flûte. Cet instrument qu’il chérit est emmailloté de petites ficelles en coton bleu et gris. Assez imposant, son instrument possède plusieurs trous d’harmonie (petites ouvertures sur la flûte) et une sangle qui lui permet de la stabiliser. Il nous confie que sa flûte est fabriquée en bambou avec des tubes ronds à l’intérieur.

Cependant, l’instrument est parfois fabriqué en bronze ou en ivoire aussi selon lui. « Avant, il y avait des personnes désignées pour fabriquer cet instrument, ensuite ils les remettaient aux griots. La flûte était l’apanage des griots parce que ce sont eux qui se promenaient avec et les conservaient dans la société. La flûte est très symbolique dans notre famille et autrefois, seuls les griots pouvaient en détenir », insiste l’artiste, ajoutant que c’est la raison pour laquelle il porte une attention particulière à sa flute.

La flûte de Kassoum Diarra

Issu d’une famille de griots, Kassoum Diarra a appris la flûte depuis tout petit, à Bobo Dioulasso, avec ses proches. C’est un oncle qui décèle en lui une façon différente d’en jouer et lui en offre une. Ce dernier l’encourage aussi à s’y adonner. Au début, il s’amusait donc avec cet instrument lors des cérémonies familiales avant de développer sa passion. Arrivée à Ouagadougou en 2006, le jeune homme souhaitait se faire connaître à travers sa flûte. Même s’il ne se plaint pas trop de son métier, il espérait néanmoins avoir une carrière plus vivante.

« Il faut un souffle fort pour jouer la flûte »

« C’est un instrument qui demande d’avoir un bon souffle et une bonne respiration. Il faut avoir un souffle fort et une bonne rythmique pour composer une mélodie avec la flûte. C’est épuisant et quand on joue tous nos sens sont en éveil », nous fait savoir Kassoum. Mais avec l’entraînement et l’habitude, selon lui, on ressent moins la fatigue après avoir joué. Lorsqu’il joue, on peut apercevoir ses joues se gonfler et ses muscles faciaux se raidir. La flûte permet de transmettre plusieurs émotions dont la joie, la peine et la mélancolie.

Le flûtiste répète avec son collègue qui joue un autre instrument africain, le Djembé

C’est justement cette possibilité qui plaît au flûtiste Kassoum. « Ça me fait plaisir que les gens écoutent mes messages à travers ma flûte. Il ne faut pas laisser cet art disparaître parce que la flûte nous aidait beaucoup avant pour transmettre des messages. Donc je sais qu’à travers le son de la flûte quelque part je peux apporter un peu de paix dans le cœur de quelqu’un. Ainsi, je contribue à perpétuer l’art de la flûte. »

Kassoum aimerait collaborer davantage avec des chanteurs

Certains artistes ont déjà fait appel au fluûtiste pour leurs chansons ou pour des spectacles. Des artistes comme frère Malcom du groupe Faso Kombat et Ombre l’ont déjà invité sur des chansons. « Les rappeurs me font souvent appel pour participer à leurs scènes juste quelques minutes et c’est ainsi qu’on me fait appel. Il y a des chanteurs de blues, qui entendent parler de moi et qui me contactent aussi. J’ai beaucoup appris dans la flûte avec mon petit groupe. J’ai aussi joué avec une troupe théâtrale avec laquelle j’ai travaillé jusqu’à quatre mois, jour et nuit. Grâce à la flûte, je suis déjà allé au Bénin pour un festival. » En termes d’artistes féminins, Kassoum aimerait jouer sur des chansons de Lady Shine qui fait du Jazz et Besko qui fait du rap.

Le flûtiste avait décidé d’enregistrer des sons et d’en faire une compilation, mais faute de producteur, il n’a pas pu réaliser son projet. Il aimerait aussi collaborer avec d’autres flûtistes sur ce projet afin de mieux valoriser l’instrument.

Kassoum Diarra recherche un producteur pour faire une compilation de mélodies

Un savoir-faire qui pourrait s’éteindre

Kassoum fait le constat amer du désintérêt des chanteurs et des mélomanes pour notre culture et les instruments africains. C’est pourquoi il souhaite un retour aux sources car pour lui, la flûte peut accompagner tout type de mélodie. « La flûute peut être présente dans les cérémonies et on peut apprendre ce genres d’instruments aux enfants à l’école », a-t-il signifié demandant aux acteurs de la culture de les soutenir comme ils peuvent, afin que leur art ne meurt pas. Pour lui qui a appris à jouer de la flûte en famille, il remarque que cette transmission de génération en génération est en train de s’éteindre.

Kassoum souhaite apprendre à d’autres jeunes à jouer mais déplore que ces derniers ne s’intéressent pas aux instruments africains. « De plus en plus de jeunes préfèrent apprendre des instruments modernes de musique comme le piano ou la guitare alors que dans nos sociétés africaines, nous avons nos propres instruments », regrette-t-il.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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