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Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

Publié le mardi 12 décembre 2023 à 22h48min

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Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

L’Assemblée législative de transition (ALT) a tenu une séance plénière ce mardi 12 décembre 2023 avec à l’ordre du jour, les questions de la député Assita Bénédicte Françoise Romaine Bailou, portant sur la prévention, la répression et la réparation des violences à l’égard des femmes et des filles (VEFF), prévues par la loi 061-2015/CNT du 6 septembre 2015. S’est prêté au jeu des réponses, le ministre Edasso Rodrigue Bayala, qui a pris la parole au nom de son ministère (la justice) et celui de la solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille, dirigé par Nandy Somé.

« Quelles mesures vos départements ministériels respectifs prennent-ils pour une sensibilisation adéquate du public et une formation appropriée des acteurs chargés de la mise en œuvre de la loi n°061- 2015/CNT du 06 septembre 2015 portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes », telle est la première question adressée aux ministres en charge de la justice et du genre, en ce début de matinée du mardi 12 décembre 2023.

Dans ses réponses, le ministre Edasso Rodrigue Bayala fera tout d’abord observer que la question des violences faites aux femmes est assez sensible car, plusieurs éléments semblent relever de pratiques culturelles, alors que d’un point de vue légal, il s’agit d’actes répréhensibles. Qu’à cela ne tienne, il souligne que conformément à l’article 6 de la loi sus-citée, plusieurs actions ont été entreprises. On note entre autres « la sensibilisation de 7 608 femmes et hommes sur les droits et la prévention des violences basées sur le genre dans les 13 régions ; l’organisation d’ateliers de sensibilisation au profit des femmes des 13 régions sur leur accès à la justice ; la réalisation d’activités de plaidoyers, de sensibilisations et de renforcement de capacités au profit des autorités administratives, communales coutumières et religieuses ainsi que des journalistes sur les violences à l’égard des femmes et des filles ; l’organisation de séances de sensibilisation sur la problématique des violences à l’égard des femmes et des filles dans toutes les provinces ; l’organisation de patrouilles de sensibilisation et de dissuasion par les forces de défense et de sécurité dans les villages et communes ; la mise en œuvre d’initiatives de sensibilisation visant le grand public et les jeunes femmes et hommes dans les milieux scolaires ; la mise en œuvre, le renforcement et l’application de réformes juridiques pour lutter contre la discrimination et/ou les préjugés sexistes dans les médias ».

« Les chiffres sur les violences des femmes augmentent mais cela s’explique par le fait qu’il y a maintenant plusieurs canaux de dénonciation de ces différents cas. Avant, c’était difficile » Edasso Rodrigue Bayala

Les acteurs chargés de la mise en œuvre de la loi ont eux aussi bénéficié de formations qui tiennent en « des rencontres d’échanges sur les Violences basées sur le genre (VBG) ; la formation des élèves des écoles de formation de la police nationale sur la prise en compte du genre dans les relations encadreurs-élèves et des besoins sexospécifiques, et l’appropriation de l’approche genre ; la formation des travailleurs sociaux, des agents de la santé et des acteurs judiciaires sur la prise en charge des victimes de violences ; l’élaboration d’un circuit de référencement des cas de violences basées sur le genre dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-est et du Sahel ; l’élaboration d’un répertoire des acteurs étatiques et non étatiques de lutte contre les violences basées sur le genre ; l’élaboration d’un protocole de prise en charge psychosociale des survivants de violences basées sur le genre y compris en situation d’urgence, etc. »

Fonds maigres, grandes actions

La deuxième question adressée aux ministres portait sur la disponibilité des ressources allouées pour le soutien aux victimes et la poursuite des auteurs de ces victimes. A cette question, le ministre soulignera la rareté des ressources pour faire face à ces difficultés. Toutefois, précise-t-il, « plusieurs victimes bénéficient, avec l’accompagnement de nos partenaires techniques et financiers, d’une prise en charge psycho-sociale à travers nos services sociaux et centres de prise en charge ». Pour ce qui est de la poursuite des auteurs, il relèvera plusieurs cas de condamnation portant sur les infractions de violences sexuelles, de viol, de violation de domicile et coups et blessures volontaires et allégation de sorcellerie.

Les réponses apportées par le ministre Edasso Rodrigue Bayala combinaient aussi les informations fournies par le ministère en charge du genre, dirigé par Nandy Somé

Pour l’un des députés dont la commission traite de ces questions, une étude a récemment été menée et au constat, l’Etat fournit de gros efforts pour gérer les victimes de violences. « Nous avons constaté dans certaines localités que les ressources sont maigres, mais l’Etat est à pied d’œuvre pour soulager les victimes de ces violences. Les acteurs de l’action sociale sont aussi à saluer car il y en a qui font des heures supplémentaires pour la cause des victimes. C’est vraiment formidable ce qui se passe sur le terrain », a-t-il apprécié.

Pour limiter les cas de violences, les députés ont insisté sur le fait que certaines violences sont provoquées par les femmes et filles elles-mêmes qui, dans leur envie de plaire aux hommes, s’habillent de manière extravagante. Pourtant, il existe des textes qui punissent ce style vestimentaire qui « incite à la violence ». Pour eux, il faudrait sévir et appliquer la loi dans toute sa rigueur car ces cas sont fréquents.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 12 décembre 2023 à 19:04, par Dibi En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    Arrêtez de nous divertir sur la tenue des filles et des femmes !
    La fille ou la femme intelligente, politiquement et culturellement structurée et en fonction de son âge, sait s’habiller par respect de la décence ! Elle n’a pas besoin de "tout montrer" ou de "tout cacher" de ce qu’elle est !
    La ou les violences faites aux femmes ne relèvent pas de questions morales ou de moraline réactionnaire !
    Les violences faites aux Femmes sont nichées et incorporées dans les violences sociales et symboliques réelles qui irriguent nos sociétés traversées par une kyrielle de contradictions culturelles, économiques, juridiques... et hors de toutes médiations sociales cadrantes et apaisantes !
    Ces violences faites aux Femmes sont aussi le reflet des violences sociales systémiques que subissent tous les hommes et toutes les couches sociales de nos sociétés !
    Et seule, une transformation et d’émancipation radicale de notre peuple nous donnera les armes pour combattre ce fléau !
    Un peuple dominé et opprimé, en interne et en externe, socialement et culturellement, ne peut que reproduire et générer des violences physiques, sociales et symboliques subies, sur ces segments sociaux de genre -Hommes et Femmes- plus faibles !
    Voilà comment se pose et se résolve l’équation des dominations et des violences sociales dans nos sociétés où le social cache et recouvre les genres !
    Na an lara, an sara !

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  • Le 12 décembre 2023 à 21:05, par X En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    « Pour limiter les cas de violences, les députés ont insisté sur le fait que certaines violences sont provoquées par les femmes et filles elles-mêmes qui, dans leur envie de plaire aux hommes, s’habillent de manière extravagante. Pourtant, il existe des textes qui punissent ce style vestimentaire qui « incite à la violence ». Pour eux, il faudrait sévir et appliquer la loi dans toute sa rigueur car ces cas sont fréquents » si des députés disent ça , on est pas sorti de l’auberge. La cause des viols sont les violeurs . Arrêtez de trouver des justifications. C’est à cause de ce genre de pensées que les victimes ne dénoncent pas. Des femmes voilées de la tête aux pieds sont victimes de violences sexuelles. C’est déplorable d’entendre ça de la part d’intellectuels.

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  • Le 13 décembre 2023 à 07:21, par huum En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    Vous êtes les acteurs de ce que notre monde subit. On ne trop opprimée par le plus fort. Imaginée les dossiers de rien qui vas prendre des années sans verdique...

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  • Le 13 décembre 2023 à 09:10, par OUDET Maurice En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    Je suis étonné que personne n’ai mentionné les victime
    d’exclusion sociale par cause de grossesse non désirée ni par la famille, ni par l’auteur de cette grossesse (le garçon).

    Souvent, dans certaines ethnies il existe un interdit : les hommes ont peur de mourir s’ils ne chassent pas leur fille enceinte hors mariage et le copain nie sa responsabilité, se rend injoignable...

    Demandez à l’action sociale de Koudougou ce qu’ils en pensent.

    Lisez l’article de Sidwaya n° 9 890 17 mai 2023

    Grossesses non désirées à Koudougou

    Maurice Oudet

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  • Le 13 décembre 2023 à 14:23, par Fatoumata En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    Sérieux, messieurs les députés ….les violences sont provoquées par les victimes ? Je vole parce que le bien est disponible….
    A Ouagadougou, nous aimons tous le poisson braisé et le poulet grillé, est-ce pour autant que nous les retirons de force le soir au bord de la route ? Essayer et vous verrez le sort qui vous sera réservé !
    Ces propos sont plus que de la diversion et cela fait vraiment honteeeeee ! ! si votre fille ou mère est dénudée, vous la violez ??? Pourquoi les femmes voilées sont violées ?
    C’est dommage, s’ils ne voient que ce aspect, la vraie dépravation !
    Pourtant, femmes et filles subissent des violences de diverses ordres (en plus des violences corporelles et sexuelles, il y a les violences psychologiques, économiques……).
    Je vous invite à feuilleter le livre de Léonie OUANGRAWA/KOUDOUGOU qui s’est appesantit sur les typologies de violences ou à voir mme Clarisse NADEMBEGA de l’association des femmes juristes du Burkina qui pourront vous en dire plus.
    Toute personne qui jouit de toutes ses facultés n’accepterait qu’aucune personne, qui qu’elle soit, fasse du mal à sa chère mère ou fille.
    En respect à cette rationalité, cela ne doit pas être fait à la mère ou la fille d’autrui simplement. Je pense que pour plus d’objectivité, sensibilisez plutôt les auteurs des violences, si toutefois vous n’en faites pas partie. Vous deviez sensibiliser les hommes. Arrêtez de fatiguer les femmes, certaines ne viendront même pas, car elles doivent être autorisées à y être par leurs hommes, saviez-vous que beaucoup de femmes sont contraintes de demander la permission pour faire même 100 m, comme au CP1 ? Les auteurs sont inimaginables, en sociétés, de vrais hommes, mais dans le fond, de vrais terroristes….
    Je suis d’accord avec le ministre, des éléments culturels, mais sont-ils valorisants pour être acceptés ? entre les quatre murs des maisons, les femmes et filles subissent l’inimaginable, l’oppression, la persécution, la méchanceté, la haine, la violence verbale, psychologique, économique, sociale, physique…… dans les maisons se trouvent de vrais terroristes !
    Sous le contrôle des spécialistes sus-mentionnées, faites simplement une liste anonyme (fiable) et demandez aux victimes décrire ce qu’elles vivent réellement, vous verrez de vos yeux ce qu’elles subissent et n’osent pas dire …….
    Chers hommes, pensez à vos mères et filles (si toutefois vous les aimez réellement) avant de posez des actes ignobles aux femmes et filles.

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  • Le 14 décembre 2023 à 10:15, par Guira Catherine En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    Bonjour. Je ne savais pas qu’au Burkina, il y a un code vestimentaire pour les femmes !! Y en a-t-il un pour les hommes ??
    C’est extraordinaire de rendre les femmes responsables de leur agression, alors qu’elles sont victimes !!! Ça en arrange sûrement beaucoup.
    Et quid de l’excision, interdite au Faso mais pratiquée à grande échelle, de l’emploi de petites villageoises comme bonnes chez les nantis, de l’interdit de tout héritage pour les femmes., les grossesses non désirées imposées aux femmes car interdit d’avorter ..
    Femmes et filles burkinabés , continuez votre lutte !!
    Parlez, dénoncez, ne prenez pas en compte le qu’en dira-t-on et la pression sociale !! Du courage !!

    Répondre à ce message

  • Le 14 décembre 2023 à 13:50, par Guira Catherine En réponse à : Assemblée législative de transition : Le ministre de la justice déballe les actions entreprises pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles

    Bonjour. Je ne savais pas qu’au Burkina, il y a un code vestimentaire pour les femmes !! Y en a-t-il un pour les hommes ??
    C’est extraordinaire de rendre les femmes responsables de leur agression, alors qu’elles sont victimes !!! Ça en arrange sûrement beaucoup.
    Et quid de l’excision, interdite au Faso mais pratiquée à grande échelle, de l’emploi de petites villageoises comme bonnes chez les nantis, de l’interdit de tout héritage pour les femmes., les grossesses non désirées imposées aux femmes car interdit d’avorter ..
    Femmes et filles burkinabés , continuez votre lutte !!
    Parlez, dénoncez, ne prenez pas en compte le qu’en dira-t-on et la pression sociale !! Du courage !!

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