LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Syndicalisme et régimes d’exception : dans le dédale des crises sociales au Burkina Faso

Publié le mardi 5 décembre 2023 à 17h22min

PARTAGER :                          

Résumé

Le mouvement syndical burkinabè constitue l’un des héritages marquants de la colonisation. Il est apparu comme l’une des forces politiques organisées de la scène politique nationale depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.

A la faveur du mouvement populaire du 03 janvier 1966, l’armée fait son entrée sur la scène politique et gèrera officiellement le pays pendant 19 ans (entre 1966 et 1991). De façon constante, la situation dans le régime militaire se caractérise par la suspension de la Constitution, la dissolution et l’interdiction des partis politiques, la tentative de contrôle et d’embrigadement des syndicats, la limitation et l’interdiction de l’exercice du droit de grève.

Mots clés : Burkina Faso, mouvement syndical, régimes d’exception, mobilisation, démocratie.

Introduction

L’histoire du pays est marquée par une alternance entre régimes d’exception et républiques. L’action syndicale a aussi suivi le cours de cette histoire et a pris une tonalité particulière en fonction de chaque régime en place.

Fer de lance de la société civile, le mouvement syndical qui constitue l’une des forces sociales les mieux organisées s’est retrouvé aux avant-gardes de toutes les luttes sociales et politiques au Burkina Faso. Depuis son avènement, le mouvement syndical revendique la justice sociale, le fonctionnement démocratique de l’État, la bonne gestion des deniers publics. Il s’est trouvé au carrefour de toutes les crises politiques qui ont secoué le pays depuis les indépendances. Toutefois, il a tout de même connu dans son parcours, une situation de latence caractérisé par un moment de « ni paix ni guerre » jusqu’au soir des 27 ans du régime de Blaise Compaoré.

Sa résurgence se fera un peu bien plus tard dans un contexte plus global, alliant lutte syndicale et lutte politique (Nana Ezaï, Zongo Bouraiman 2017). Depuis l’irruption de l’armée sur la scène politique suite au coup d’Etat qui a eu raison du président Rock Marc Christian Kaboré du pouvoir, l’image des organisations syndicales semble prendre un coup dans l’opinion publique. Le movement syndicale donc sujet de controverses. Pour certains, le movement syndical semble ramer à contre-courant de la marche du pays vers la libération du territoire sous emprise terroriste.

D’autres par contre voient d’un bon oeil le rôle que joue le movement syndical qui s’est toujours opposé aux abus, ils estiment qu’il est possible de concilier recherche de paix et respect des libertés individuelles et collectives. C’est du reste contre toute forme d’atteinte aux libertés que les organisations syndicales se dressent depuis toujours et peu importe le régime en place. Les syndicats se sont toujours constitués en réel garde-fou face aux atteintes sur les libertés et la démocratie

Le présent article tente de comprendre la place du mouvement syndical dans l’avènement et la défense de la démocratie au Burkina Faso et surtout tente un éclairage sur la nature des rapports entre le syndicat et le politique sous les différents régimes d’exception.

Méthode

Dans le cadre de ce travail, une démarche socio-anthropologique a été adoptée. Outre la revue documentaire, la démarche est fondée sur des entretiens semi-directifs avec des acteurs d’organisations syndicales et des syndicats autonomes affiliés à des centrales syndicales, notamment la Confédération Nationale des Travailleurs du Burkina (CNTB) et la Confédération Générale des travailleurs du Burkina (CGTB). L’enquête porte sur les syndicats des travailleurs qui constituent la branche la plus active et la plus visible, à l’opposé du patronat.

Quelques résultats

La démocratie n’est pas chose naturelle, elle ne va pas de soi. Son idée ne s’impose pas d’elle-même à l’esprit comme une évidence indiscutable, et sa pratique n’est pas aisée (Mougniotte, 1999). Elle est « fragile et ses acquis toujours précaires même dans les pays où elle est enracinée depuis longtemps » (Mougniotte, 1999 : 6). S’il est clair que la forme de l’Etat contemporain en Afrique est d’origine occidentale, la pratique de la démocratie nécessite un apprentissage et un processus d’ancrage. Elle nécessité alors une éducation à la démocratie, car, « la démocratie est une culture. Posséder la culture démocratique procède d’une éducation » (Kom, 1998 : 27). Cette culture démocratique ne se donne pas. Elle se transmet et se forge dans les interactions entre générations.

I. Les syndicats sous les régimes d’exceptions

La vie politique du Burkina a été souvent ponctuée de régimes d’exception, et sous ces différents régimes, le syndicalisme burkinabè s’est toujours positionné face à ce qu’il a qualifié de dérive autocratique.

I.1. Le Gouvernement Militaire Provisoire (GMP) 1966-1970

Ce gouvernement est né à la suite du mouvement populaire du 03 janvier 1966 qui a mis fin au régime de Maurice Yaméogo. Le GMP, « est le bébé des syndicats car ce sont eux (les syndicats) qui vont l’engendrer dans leur lutte contre les dérives autocratiques et la gestion gabégique des deniers publics des dirigeants de la première République » (entretien militant CGTB du 10 janvier 2008). Arrivés au pouvoir à la faveur d’un mécontentement populaire, les militaires avaient pour priorité l’institution d’un cadre politique reconnaissant et garantissant les libertés fondamentales des citoyens et l’assainissement des finances publiques.

Bien qu’ayant été engendré par un mouvement populaire avec les syndicats en tête, le GMP va opter pour la suppression des libertés publiques et des organisations syndicales. Face à cette situation, les syndicats ne pouvaient rester muets, malgré une trêve syndicale en vigueur. En août 1969, le SYNTSHA lança ainsi une grève d’avertissement au gouvernement qui ne « voulait pas tenir ses promesses, celles de janvier 1966 de faire renaître la démocratie et qui tenait les travailleurs dans une situation de précarité économique » (entretien militant de la CNTB du 10 janvier 2008).

Cette grève d’avertissement du SYNTSHA sera suivie d’un débrayage de 10 jours avec les autres centrales syndicales. Ce débrayage a paralysé tous les secteurs de la fonction publique. Il a permis de montrer au gouvernement que le mouvement syndical n’a rien perdu de sa capacité de mobilisation et le mettait en garde contre un éventuel mécontentement populaire.

C’est dans cette situation de "ni paix ni guerre" entre syndicats et gouvernement que le GMP amorça un nouveau processus électoral qui aboutira, le 08 février 1974, à l’adoption d’une nouvelle constitution qui sonna le glas du régime militaire. Ainsi, sous une pression des syndicats, la Haute-Volta retrouva un régime démocratique, celui de la deuxième république. La suspension de la constitution sous ce régime, replonge de fait le pays dans le régime politique d’exception. Les syndicats verront dans ce jeu une atteinte à la démocratie et exigera le retour à une vie constitutionnelle normale.

I.2. Le Gouvernement de Renouveau National (GRN) 1974-1978

Ce régime est né des pressions syndicales consécutives au déblocage des institutions de la deuxième République par le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée Nationale. Après la fin de cette République, le Président dissout les partis politiques. Il a été créé un Conseil National d’Information dont la tâche principale était le contrôle de la presse. Aussi, il a été promulgué une loi sur la liberté syndicale. Le président appela toutes les associations de jeunes à se regrouper autour d’une même structure.

Ces actions qui visaient à contrecarrer et à réguler les libertés des citoyens et des associations seront considérées comme antidémocratiques par les syndicats qui invitèrent leurs militants à la vigilance. Ces invitations ont été suivies d’agitations pour dénoncer « la confiscation de nos libertés d’opinions et d’associations chèrement acquises et entretenues depuis le 30 janvierv1966 » (secrétaire général adjoint de la CNTB, entretien du 19 février 2008). La crainte des agitations syndicales a amené le Président à annoncer, le 29 novembre 1975, la création d’un parti unique (MNR ) auquel tous les voltaïques étaient invités à adhérer.

Les syndicats vont s’insurger contre cette politique du Président considérée comme une grave atteinte à la liberté d’opinion et d’association. Cette action des syndicats a été soutenue par les dirigeants des partis politiques dissouts, qui voyaient dans les actions syndicales, leur unique chance pour renaître. C’est ainsi qu’on a assisté à une grève unitaire des syndicats les 17 et 18 décembre 1975 pour rappeler au Président a l’ordre. Cette lutte des syndicats pour préserver la démocratie a mobilisé une grande partie des travailleurs sur l’étendue du territoire national et obligea le Président à surseoir à son projet.

Ainsi le pouvoir a reculé face à la mobilisation des syndicats pour la démocratie. Dès 1977, il a autorisé, de nouveau, les partis politiques à fonctionner. Ce processus d’amorce démocratique aboutira, le 27 novembre 1977, à l’adoption de la Constitution de la troisième République et un retour à un régime constitutionnel. L’appétit vorace du pouvoir conduit une fois de plus les militaires à revenir sur la scène politique. A l’instar des deux régimes d’exception, les syndicats vont jouer leur rôle de garde-fou.

I.3. Le Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN) 1980-1982

Ce régime s’est installé sous la poussée des luttes syndicales des travailleurs mais aussi des élèves et étudiants. Il a reçu le soutien des partis politiques d’opposition et même de certaines centrales syndicales, notamment la CSV . Son avènement fut accueilli avec enthousiasme par les populations qui y voyaient une fin des troubles sociaux et une occasion pour écarter les hommes corrompus de la scène politique. Cet enthousiasme ne durera pas parce que très vite, certaines mesures prises seront considérées comme non démocratiques. Il s’agit notamment de l’emprisonnement de certains leaders de syndicats accusés d’être membres du PCRV et de la volonté du régime de contrôler la presse nationale. Ces mesures amenèrent la CSV à se démarquer du CMRPN.

A ces mesures, il faut ajouter l’interdiction des rassemblements populaires décrétée depuis le 25 novembre 1980 par le CMRPN et qu’il refusait de lever malgré les protestations des syndicats. Dès lors, les syndicats appelèrent leurs militants à « se mobiliser face aux menaces graves qui pèsent sur les libertés démocratiques et syndicales » (Lettre de la CSV au MFP du 20 mars 1981). Et comme pour empirer la situation, le Président faisait savoir par ordonnance la suppression du droit de grève. Fer de lance du mouvement syndical d’alors, la CSV fut supprimée le 24 novembre 1981 et un mandat d’arrêt fut lancé contre son Secrétaire Général.

Cette situation qualifiée de dérive autocratique du pouvoir amena les syndicats, malgré l’ordonnance portant interdiction du droit de grève, à appeler à une grève générale de 72 heures. Le gouvernement, qui a considéré cette grève illégale, engage une répression policière contre les grévistes. Cette répression a été suivie d’emprisonnements et de licenciements de leaders syndicaux. Malgré cette situation, la résistance des syndicats continua. C’est cette résistance qui a servi de prétexte aux militaires pour renverser le CMRPN le 07 Octobre 1982.

I.4. Le Conseil du Salut du Peuple (CSP) 1982-1983

Ayant tiré les conséquences de la chute du CMRPN, dès son avènement, le CSP a pris des mesures en faveur de la démocratie et des libertés syndicales. Dès son investiture, le Président prit des décrets qui abrogent les ordonnances du CMRPN. Ces ordonnances limitaient les droits de grève et interdisaient la CSV. Mais, il prit soin de garder la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur la gestion des biens publics. Toute chose qui tendait à donner au pouvoir du CSP une volonté de démocratisation.

Ce contexte favorable a permis aux syndicats de s’exprimer à nouveau. Cette volonté de démocratisation qu’affichait le CSP sera doublée d’un soutien. Ce soutien est rendu manifeste par le Premier Ministre, le Capitaine Thomas Sankara, lors du congrès du SUVESS de janvier 1983. Il déclarait que le CSP s’interdira tout dirigisme, tout autocratisme car, il n’appartient qu’aux travailleurs de définir leurs organisations les plus représentatives de leurs intérêts (Muase, 1989). Ainsi, les syndicats retrouvent une liberté perdue depuis la chute de la troisième République en novembre 1980. Cette nouvelle donne a permis à certains syndicats de voir le jour.

Nonobstant ce climat favorable, les syndicats se sont positionnés comme un garde-fou contre toute forme de dérive et n’ont pas baissé leurs gardes. Le 1er mai, en vue de parer à tout désagrément qui pourrait entamer le tissu social et éviter un contexte social trouble, dans un message commun, ils demandèrent au gouvernement de créer un contexte social calme, de chercher le retour à la démocratie et de libérer les prisonniers politiques (MUASE, 1989). Leur combat pour la démocratie et la liberté d’opinion est devenu plus incisif lors de l’arrestation du premier ministre le 17 mai 1983 consécutive à une divergence au sein du CSP.

Pour manifester leur désarroi face à ce qu’ils qualifiaient de non-respect des libertés démocratiques, ils organisèrent des manifestations pour dénoncer cette atteinte à la démocratie, manifestation qui rendait le régime impopulaire et vulnérable. « Ce climat entretenu par les syndicats a donné un coup au CSP » (Secrétaire Général adjoint de la CGT/B, entretien du 24 janvier 2008). Le climat entretenu par les syndicats contre le CSP favorisa ainsi le coup d’Etat du 04 Août 1983.

I.5. Le Conseil National de la Révolution (CNR) 1983-1987

Le 04 août 1983, l’avènement du CNR a modifié les relations entre le pouvoir et les forces sociales en présence notamment les syndicats. Ce changement politique a entraîné une rupture avec l’approche conciliante du pouvoir vis-à-vis des forces sociales en vigueur sous le CSP. « La prise du pouvoir par Thomas Sankara le 04 août 1983 marque (…) une rupture, un renversement de ces relations entre Etat-Société. L’Etat se veut fort à nouveau et total : le Conseil National de la Révolution, dans sa volonté de remodeler totalement la société, opte (…) pour un contrôle social serré » (Banégas, 1993 : 5).

Ainsi, ce fut une désillusion pour ceux qui croyaient que le CNR, en tant que régime révolutionnaire de gauche allait s’appuyer sur les syndicats pour gouverner. Au contraire, « il se dotera plutôt d’autres cadres de mobilisation des masses, traitant les syndicats de petite bourgeoise dominée par des réactionnaires et des populistes » (Sandwidi , dans Otayek et al, 1996 : 335). Cherchant à se faire une assise et consolider sa base sociale, dans son discours d’orientation politique prononcé le 02 Octobre 1983, le Président « invita le peuple à se constituer partout en des Comités de Défense de la Révolution (CDR) afin de participer à la lutte patriotique du CNR » (Muase, 1989 : 184).

Les syndicats vont considérer cette invitation comme une grave atteinte à la liberté syndicale, d’association et d’opinion. Selon eux, cette volonté du CNR de faire des CDR des « détachements d’assaut qui détruiront tous les foyers de résistances, les levains qui porteront la révolution dans toutes les provinces, tous les villages, tous les services publiques et privés, tous les foyers, tous les milieux » (Sandwidi, op. cit.) constitue un déni du rôle des syndicats. Les syndicats demandèrent alors à « tous leurs militants de rester vigilants et de se tenir prêts pour d’éventuelles actions ».

Cette situation marquait une rupture entre le CNR et les syndicats. N’ayant pas réussi à faire adhérer toutes les organisations syndicales à ses idéaux, le CNR a développé une politique de répression contre les syndicats. Dans la pratique, la révolution a tenté d’ignorer l’existence du mouvement syndical. Elle s’est opposée à la continuation de leurs activités allant jusqu’à leur interdire la commémoration de la fête du travail. A cela s’ajoute une chasse aux sorcières lancée contre les responsables syndicaux.

Dès mars 1984, des milliers d’enseignants seront licenciés suite à une grève générale du SNEAHV consécutive à l’arrestation de trois de ses dirigeants accusés de subversion. Face à cette situation, le SNEAHV entend toujours braver les assauts du CNR pour exiger le respect des libertés publiques. Dans leur message commun du 1er mai, la CNTB, la CSB, l’ONSL, l’USTB et le SCAN et les syndicats autonomes dont le SNEAHV et le SynTSHA, ont appelé les syndicats à se mobiliser. Ainsi, les syndicats ont décidé de maintenir la pression sur le CNR jusqu’au coup d’Etat du 15 octobre 1987.

I.6. Le Front Populaire (FP) 1987-1991

Le coup d’Etat du 15 octobre 1987 a ouvert une nouvelle ère de rapport entre les syndicats et le pouvoir. Venu pour rectifier, le front populaire a engagé une démarche allant dans le sens de la réconciliation avec toutes les couches sociales les syndicats y compris. Ainsi, « le FP a pris un certain nombre de mesures dont les principaux bénéficiaires étaient des militants syndicaux réprimés pour fait de grève ou pour activité syndicale » (Otayek et al, 1996 : 349).

Ces mesures réhabilitaient les enseignants du SNEAHV licenciés par le CNR en 1984 et libéraient les syndicalistes emprisonnés. C’est dans ce climat de bons rapports entre le FP et les syndicats que naquis « la CGTB à partir du regroupement qui s’est appelé le front syndical, sous le CNR pour lutter contre les atteintes aux libertés démocratiques et syndicales, contre la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs. Ce front syndical regroupait les syndicats qui avaient choisi le système révolutionnaire de lutte de classes au début de années 1980 », nous confie le Premier secrétaire général adjoint de la CGT/B (entretien du 24 janvier 2008).

Le FP voulait d’une paix sociale pour atteindre ses objectifs. Si la démarche du FP a permis d’apaiser quelque peu les tensions suscitées sous le CNR au sein du mouvement syndical, il n’en demeure pas moins que le problème de fond reste posé. Constatant que l’ouverture démocratique qu’avait annoncée le Président du FP se faisait attendre, les syndicats, avec d’autres organisations de la société civile, ont engagé des mouvements de contestations pour réclamer une véritable ouverture démocratique. Cette pression a donc contraint le Front Populaire à mettre en place des institutions pour un retour à une vie constitutionnelle.

Les syndicats sont associés à toutes ces instances, notamment à la commission constitutionnelle chargée de la rédaction de la constitution. Ainsi, les syndicats ont amené le FP à « la déconnexion entre les organes du F.P, structure ayant remplacé le CNR, le 15 octobre 1987 et l’appareil étatique en mai 1991 et la promulgation de la nouvelle constitution d’inspiration libérale » (Otayek dans Dalloz et Quantin, 1991 : 383). Le multipartisme, symbole de la liberté d’opinion, d’association et de la démocratie pluraliste a été officiellement relancé dans la même année de 1991.

Conclusion

La construction de l’ancrage démocratique en cours au Burkina Faso, est le fait d’une diversité d’acteurs : organisations syndicales, associations, formations politiques, ONG… Ils s’engagent dans un jeu de la concurrence pacifique et arrivent souvent à conjuguer les efforts pour l’atteinte de leurs objectifs, même si ces objectifs varient en fonction des acteurs et des enjeux en présence. Les organisations syndicales contribuent de diverses manières à la promotion de la bonne gouvernance et à l’enracinement d’une culture démocratique au Burkina Faso. l’utilité reconnue de leurs actions tranche avec les rapports régulièrement tendus que les syndicats entretiennent avec le politique. Les conflits engagés avec le politique afin d’influencer l’action gouvernementale et la prise de décision ont marqué alors les rapports entre le syndicat et les différents régimes, qu’ils soient constitutionnels ou d’exception.

NANA Ezaï
Attaché de recherche au CNRST/ INSS, Sociologue, nana_fils@yahoo.fr
ZONGO Bouraïman
Université joseph Ki-Zerbo, bouraiz@yahoo.fr
KABORE Amado
Chargé de recherche au CNRST/ INSS, kabore_amado@yahoo.fr

Bibliographie

Banegas R. [1993]. Insoumissions populaires et révolution au Burkina Faso, Bordeaux, CEAN.

Bianchini P., Korbéogo G. [2008]. Le syndicalisme étudiant, des origines à nos jours : un acteur permanent dans l’évolution sociopolitique du Burkina Faso, Dakar, Codesria.
Daloz J. P., Quatin P. [1991]. Transitions démocratiques africaines, dynamiques et contraintes (1990-19941), Paris, Karthala.
Javau C. [1985]. Le petit murmure et le bruit du monde, Editions Jacques Antoine.
Lamizana S. [1999]. Sur les brèches trente années durant (Mémoires), Tome II, Paris, Jaguar Conseil.

Mougniotte A. [1994]. Eduquer à la démocratie, Paris, Les Editions du CERF.
Muase C. K. [1989]. Syndicalisme et démocratie en Afrique noire ; l’expérience du Burkina Faso (1936-1980), Paris, Inades édition de Karthala.
Nana E. [2010]. Syndicalisme et démocratie au Burkina Faso ; mythe ou réalité, Université de Ouagadougou, Mémoire de Maitrise en Sociologie.

NANA Ezaï, Zongo Bouraïman, 2017, Syndicalisme et changement politique au Burkina Faso : jeux et enjeux de la contestation autour du processus démocratique, « Mouvements sociaux et changements politiques en Afrique ». Actes du colloque international tenu les 14, 15 et 16 novembre 2016 à l’Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo, P.U.O., E.D./LE.SH. CO., tome 2, pp. 35-57
Otayek R., Sawadogo F. M., Guingane J.-P. [1996]. Le Burkina Faso, entre révolution et démocratie (1983-1993), Paris, L’Harmattan.

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique